Pierre Miron - Le transformateur
« Si on avait à rebâtir l’entreprise, est-ce qu’on le ferait ainsi? La réponse est non, tranche le vice-président exécutif, Technologies de l’information. La technologie permet maintenant de bâtir des modèles d’affaires de plus en plus automatisés. C’est un peu comme Uber et l’industrie du taxi. Cette dernière doit se repenser comme nous devons nous réinventer pour rester compétitifs. » Le secteur financier a été plutôt épargné jusqu’à maintenant, car il est protégé par de nombreuses règles. « Les régulateurs subissent toutefois beaucoup de pressions pour les assouplir », rappelle-t-il.
M. Miron n’en sera pas à sa première transformation. Arrivé à la Caisse de dépôt et placement après la crise financière, il a amélioré la capacité d’analyse de l’organisation grâce à la transformation numérique. « On me qualifie souvent de transformateur, mais je ne peux pas faire ce travail seul, note-t-il. J’ai besoin d’une bonne équipe. Moi, je ne fais qu’orchestrer tout ça. »
Prendre soin des gens
Il se décrit d’ailleurs comme un gestionnaire exigeant, mais humain. « Je veux amener chaque personne à se surpasser sans dépasser ses limites », explique M. Miron. Son engagement philanthropique en santé mentale l’a sensibilisé à l’importance de « prendre soin des gens ».
Pendant 12 ans, M. Miron s’est impliqué auprès d’une fondation alors que le sujet était encore tabou. « Je ne cherchais pas une cause populaire, souligne-t-il. Je suis plutôt discret. Ce que je voulais, c’était faire la différence. »
Être honnête
Dans son travail comme dans sa vie personnelle, M. Miron accorde aussi une grande importance à la vérité. Même si elle peut être difficile à entendre! Il en a fait l’expérience très tôt dans sa carrière, alors qu’il travaillait chez Vidéotron. « L’entreprise travaillait sur un gros projet à l’époque, se rappelle-t-il. J’étais fraîchement sorti de l’université. Après une analyse sérieuse, un collègue et moi avons dit à la direction que ce projet ne fonctionnerait pas. Ça s’est terminé par un échec retentissant après des investissements de six millions de dollars. Ça a été un bouleversement important, mais le message a été apprécié. Cela a permis d’éviter que l’entreprise investisse encore plus d’argent dans ce projet. »
Ce trait de caractère lui vient de ses valeurs familiales, selon lui. « Chez nous, les valeurs humaines étaient toujours au rendez-vous », indique-t-il.
Élevé dans une famille modeste dans l’est de Montréal, M. Miron n’a pas toujours eu une vie facile. Il a rapidement dû apprendre à se débrouiller dans la vie. Son père, le soutien financier de la famille, est décédé d’un cancer quand M. Miron fréquentait le cégep. Quelques années plus tard, ses filles naissaient à la suite de grossesses ponctuées par de nombreuses complications. Certains moments ont été particulièrement stressants et difficiles.
« Les expériences de la vie contribuent à faire de nous de meilleures personnes, croit-il. Elles aident aussi à mettre en perspective les problèmes qui peuvent survenir. » Et à être bien préparé pour relever de nouveaux défis!