La rentrée économique

Que nous réservent les prochains mois de 2024? Comme on profite souvent du printemps pour faire un grand ménage, nous explorons l’état des lieux de l’économie à l’approche du deuxième trimestre de l’année. Budgets récents, élections à venir, conjonctures géopolitiques incertaines : tous les sujets d’actualité passent sous l’œil aiguisé de notre économiste en chef. Une analyse sensible et sensée des tendances économiques de l’heure, à l’échelle provinciale, nationale et mondiale, mais également ramenée à l’échelle humaine.

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier. Mon nom est Ashleay et cette semaine je suis en compagnie, comme à l'habitude, de mon collègue stratège en chef Sébastien Mc Mahon. Cette semaine, nous ferons un retour sur les dernières nouvelles économiques et répondrons à quelques-unes des questions que plusieurs d'entre vous se posent. Bonjour, Sébastien!

Sébastien : Salut, Ashleay. Comment ça va?

Ashleay : Ça va très bien, merci. Et toi?

Sébastien : 
Oui, ça va bien. L'hiver achève, le printemps s'en vient. Ça va bien.

Ashleay : Absolument. Sébastien, quels sont les sujets chauds qui nous guettent dans la sphère économique au printemps?

Sébastien : 
Bien au printemps, du côté économie, c'est la saison des budgets. Les budgets des gouvernements, je veux dire, pas notre propre budget à nous. Il y a le Québec, qui vient d'annoncer qu'il va déposer son propre budget le 12 mars prochain. Donc ça approche. Puis si tu te rappelles, Ashleay, l'automne dernier, on avait décortiqué les mises à jour budgétaires du fédéral et puis des provinces, puis on parlait à ce moment-là du poids de la dette. Donc le déficit continue d'augmenter au Canada – pas en pourcentage du PIB, l'économie continue de grandir elle aussi – mais le déficit continue d'augmenter. Les taux d'intérêt qui sont plus élevés, ce que ça veut dire, c'est que le poids de la dette pour l'économie canadienne est plus élevé, puis aussi la croissance économique qui n'est pas vraiment à la hauteur des attentes. Ça fait un petit cocktail où ça pointait vers les budgets de début d'année, puis ce à quoi on s'attend, c'est que ça soit probablement le moment des choix difficiles qui s'en vient. Au Québec, chez nous, le premier ministre François Legault a déjà commencé à annoncer qu'on allait avoir un budget qui est largement déficitaire. Donc, ça, c'est des mots qui ont été utilisés. On parle notamment de l'impact des négociations du secteur public. C'est environ 10 milliards de plus de dépenses sur cinq ans. Donc, toutes ces conditions-là sont rassemblées, cette année, on n'aura probablement pas de hausses d'impôts ni de coupures majeures du côté des services, mais on commence à avoir un terreau fertile ici pour qu'il y ait des compromis qui soient faits, disons, au cours des prochaines années.

Ashleay : Puis là, il ne faut pas oublier aussi que l'inflation gonflait avec les revenus de taxation du gouvernement.

Sébastien : Bien, c'est ça. L'inflation, ça fait en sorte qu'on paye plus cher les biens et services qu'on consomme. Donc la TVQ, puis la TPS, c'est calculé sur le montant qui est dépensé. Donc, si on paye plus cher pour le même panier – l'épicerie, ce n'est pas un bon exemple parce que la taxation, c'est complexe – mais si on paye plus cher pour des biens et services en moyenne, ça veut dire qu'on va payer plus cher de taxes à la consommation aussi de ce côté-là. Puis là, avec l'inflation qui est en train de ralentir, bien là, on voit que le taux de croissance des revenus des gouvernements est en train de ralentir.

Ashleay : Puis qu’est-ce qu’on risque de voir au fédéral?

Sébastien : Le gouvernement fédéral, son focus devrait être sur les incitatifs à l’investissement. Quand on parle de productivité, la productivité, tout ce que c’est, c’est le PIB par heure travaillée dans le pays. On voit qu’au Canada, ça se contracte. Les Canadiens, en moyenne, les travailleurs produisent moins de PIB par heure travaillée. Il y a plusieurs facteurs là-dedans. On n’entrera pas dans le technique, mais pour soutenir ça, ça prend plus d'investissements des entreprises, donc des incitatifs à l'investissement, ça pourrait être une bonne mesure. Des baisses d'impôt peut-être pour les petites entreprises, encore une fois, pour supporter le fardeau des coûts de main-d'œuvre, pour soutenir les investissements. C'est quelque chose à quoi on s'attend. Mais le gros morceau, probablement, ça va être les logements. Il faut alléger la réglementation, accélérer les projets de construction, des changements sur la taxation, sur les ventes de loyer locatif si les bénéfices sont réinvestis dans le secteur du logement, par exemple. Donc, il y a beaucoup de choses dont on va entendre parler au point de vue du logement. Donc, attendez-vous à ce que le budget rime avec déficit qui demeure présent, productivité, puis accès au logement.

Ashleay : Excellent. Puis pour les provinces?

Sébastien : Bien, ça rime un peu avec le fédéral. Le logement, bien, il peut y avoir des initiatives au niveau provincial aussi qui se font. On s'attend à voir des choses de ce côté-là. Pas simplement au Québec, mais partout dans le Canada. Le soutien au revenu, redistribution de richesse, encore. L'inflation, on sait que ça frappe beaucoup plus les plus démunis parce qu'il y a une plus grande portion du revenu qui est consacrée au logement puis à la nourriture. Donc soutien au revenu, c'est toujours un morceau qui est important au point de vue du budget provincial. Le transport en commun, ça risque d'être un sujet aussi qui va être assez important ces temps-ci. C'est des temps difficiles pour le transport en commun, les changements d'habitudes des travailleurs. Donc ça devrait être un petit peu ça, les grands thèmes qui vont s'en dégager.

Ashleay : OK. Puis maintenant, la question que plusieurs se posent : est-ce que les taux hypothécaires commenceront à baisser?

Sébastien : La réponse, c'est oui et non. Le oui, c'est parce qu'on s'attend – les économistes canadiens, nous, de notre côté aussi – à ce que la Banque du Canada commence à baisser son taux directeur cette année, et probablement en deuxième moitié d'année. Le oui là-dedans, c'est que si vous avez besoin de renouveler votre hypothèque prochainement et que vous voulez signer une hypothèque à taux fixe, le marché obligataire, lui, est en train de les anticiper, ces baisses de taux là qui s'en viennent. Puis on commence déjà à voir les taux fixes cinq ans baisser. Ils ont baissé de 0,1 %. Ce n'est pas grand-chose, mais quand même, on voit que ça ne monte plus : ça a commencé à baisser. Donc c'est léger, mais quand même, c'est une petite nouvelle positive. Si vous avez une hypothèque à taux variable, par contre, nous, on s'attend à ce que la première baisse du taux directeur, ça soit en juillet. Peut-être qu'on va se tromper. Le consensus est assez large en ce moment, mais le moment où ça va commencer à bouger du côté du taux directeur, bien, ça va commencer à bouger sur votre hypothèque à taux variable aussi. Donc, on pense que c'est peut-être plus une histoire pour la deuxième moitié de cette année, mais au deuxième trimestre de 2024, il y a quand même une chance non nulle qu'on commence à voir les choses bouger.

Ashleay : Puis à l'international, qu'est-ce qu'on surveille?

Sébastien : L'économie mondiale semble être en train de faire un creux. Même les données américaines ont l'air d'être en réaccélération ces temps-ci. Donc, il se passe de bonnes choses sur l'économie mondiale. Même si au Canada, on continue de voir qu'on est un peu en récession per capita, bien, on voit qu'on semble être en train de former une base ici. Même chose en Europe où on voit l'économie qui est en train de plonger en récession. Mais je vous dirais qu'il y a raison d'être optimiste, que quelque part, en 2024, on voie l'économie mondiale vraiment se faire un creux, repartir à la hausse. Ça veut dire la naissance d'un nouveau cycle économique. Puis généralement, c'est quelque chose qui est bon pour les marchés. Ça peut avoir une incidence qui est assez positive en général, mais il faut juste passer à travers le processus. Donc l'économie mondiale, juste pour faire le topo rapidement, il y a de bonnes nouvelles devant nous. Du côté du gouvernement chinois, on stimule l'économie, mais c'est timide encore, donc ça va venir aider à cette histoire-là de creux de l'économie mondiale. Puis finalement, les élections américaines s'en viennent cet automne. Mais encore, la saga de « est-ce que Monsieur Trump va pouvoir se présenter ou non? », déjà, on voit qu'il est en train de faire des ravages dans l'investiture républicaine. Donc, je vous dirais qu'on n'a pas fini d'entendre parler de politique américaine dans les prochains mois.

Ashleay : Puis les marchés, est-ce que ça continue à faire des feux d'artifice?

Sébastien : Bien, il y a eu beaucoup de feux d'artifice dans les six derniers mois, je vous dirais. La grosse machine de l'intelligence artificielle menée par Nvidia. Puis Nvidia, l'histoire, ça fait à peu près un an que ça dure, mais on a vu quand même un engouement s'installer dans les six derniers mois. Nvidia continue de pousser. Nvidia, bien sûr, c'est des concepteurs de micropuces pour tout ce qui est lié à l'intelligence artificielle. Il y a beaucoup de croissance au point de vue des bénéfices de Nvidia et puis des ventes. Donc on voit que la révolution de l'intelligence artificielle en ce moment, si vous voulez jouer ce thème-là comme investisseur, ça se passe beaucoup dans les micropuces. Combien de temps est-ce que ça peut durer et à quel point est-ce que ça peut continuer de monter vers la stratosphère? C'est toujours difficile d'anticiper, mais ce qui est intéressant de voir en ce moment au cours des derniers mois, c'est qu'on commence à avoir une espèce de fracture à l'intérieur des sept magnifiques dont on parlait beaucoup l'année passée. Puis dans les sept magnifiques, il y avait Nvidia, il y avait Apple, Microsoft, Alphabet et Amazon, puis il y avait aussi Tesla, puis là, on voit que Tesla est un peu partie vers la baisse, puis on voit que Nvidia devance de loin le mouvement des autres compagnies des sept magnifiques. Donc là, on voit que le marché est en train de se faire une tête un peu pour dire : « OK, là, on est dans l'investissement pour les micropuces, pour les serveurs qui vont servir à faire l'infrastructure de demain qui va nous amener l'intelligence artificielle avancée. » Donc, peut-être que c’est là que ça se passe en ce moment. Après ça, il va falloir bâtir les centres de traitement de données.

Ashleay : Oui…

Sébastien : Donc, ça va être tout ce qui est lié avec les serveurs, puis vraiment bâtir ces serveurs-là, bâtir ces centres de traitement de données là, puis après ça, bien, ça va probablement être les firmes qui font les logiciels d'intelligence artificielle qui vont en bénéficier. Donc, on voit que le marché est en train de se faire une tête, que ce n'est peut-être pas les sept magnifiques en même temps, mais il pourrait y avoir une séquence. Donc ça devient intéressant, mais comme toujours, c'est important de demeurer bien diversifié, même si c'est tentant de mettre toutes ses billes dans le thème de la technologie.

Ashleay : Puis les autres secteurs ont-ils des valorisations attrayantes?

Sébastien : 
Oui, il y a des choses qui se passent aussi dans les autres secteurs qui avaient peut-être été laissés pour compte depuis un an et quelques. On voit le secteur de l'énergie qui commence à bouger, on commence à voir des choses intéressantes se passer. Les banques canadiennes qui commencent à être intéressantes. Tout ce qui est des industries, le secteur des transports au Canada qui commence à avoir un petit peu de mouvement intéressant aussi. Donc, c'est ça investir : on veut aller capter la croissance économique mondiale. Donc il y a des thèmes porteurs comme l'intelligence artificielle qui peuvent être intéressants pendant un bout de temps. Vous en entendez beaucoup parler, probablement, de vos amis qui font bien avec leur titre de micropuce ou leur titre technologique, mais souvent, quand vous entendez beaucoup parler d'un thème, c'est parce qu'on achève sur ce thème-là, puis c'est le temps de regarder ailleurs. Il y a un petit peu de ça qui est en train de se produire présentement.

Ashleay : Bien, c'est super! C'est tout pour aujourd'hui. Merci, Sébastien, pour cette analyse économique printanière qui nous éclaire sur ce à quoi on doit s'attendre pour le reste de l'année. Et merci aussi à nos auditeurs et aux auditrices. N'hésitez pas à nous écrire si vous avez des questions. Et on se dit à la semaine prochaine! 
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À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon

Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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