Portrait de l'économie actuelle - série vacances estivales

Bien que le début des baisses de taux au Canada et la reprise du cycle manufacturier mondial soient des nouvelles positives, plusieurs questions demeurent et devront être résolues dans la seconde moitié de 2024, voire ultérieurement. Avec son esprit investigateur et son talent de vulgarisateur, Sébastien Mc Mahon commente l’actualité économique actuelle et s’attaque aux points d’interrogation en suspens.

Ashleay : Bonjour et bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier. Mon nom est Ashleay et aujourd'hui je suis avec mon collègue Sébastien Mc Mahon, stratège en chef. Nous allons aujourd'hui discuter de la scène économique actuelle en vue de l'été qui arrive. Alors, Sébastien, qu'est-ce que tu vas surveiller de la scène économique cet été?

Sébastien : Bonne question. Ça fait longtemps qu'on parle de taux d'intérêt ensemble. Ça fait combien de temps qu'on parle de taux d'intérêt, deux ans et quelques?

Ashleay : Deux ans et quelques, oui. Ha ha!

Sébastien : Puis, on parle surtout que les taux d'intérêt allaient augmenter, après ça ont augmenté, puis après ça augmentent rapidement, puis les impacts de tout ça. La bonne nouvelle, c'est que les coupures de taux s'en viennent chez nous au Canada. Nous, on était du camp que la première coupure de la Banque du Canada, ça serait le 24 juillet. Puis, on pense que la porte est ouverte pour avoir une première coupure de façon imminente, le 5 juin. Donc, première coupure de taux directeur chez nous. Cela ne descendra pas aussi vite que ça a monté. Ça, c'est important, mais on pense quand même qu'on aurait trois ou quatre coupures en tout en 2024. Mais ça va dépendre quand même de beaucoup de choses. Ça va dépendre de si on continue de voir des progrès comme on l'a vu récemment sur l'inflation, ça va dépendre de la tenue de l'économie canadienne, ça va dépendre des prix des ressources naturelles aussi. Mais il y a quand même des bonnes nouvelles en termes d'inflation. Tu te rappelles, on parlait beaucoup de l'inflation du logement. On en a parlé beaucoup.

Ashleay : En effet.

Sébastien : On pourrait reparler de logements aussi. Là, l'été s'en vient, c'est toujours la saison des logements. Mais on parlait de l'inflation de la nourriture. L'inflation de la nourriture, pendant un bout, on parlait de 8 % et 10 % sur base annuelle. Maintenant, on est rendu à 2,3 %; à peu près sur la cible. Donc, il y a beaucoup de progrès qui a été fait. C'est des bonnes nouvelles, mais quand même, l'inflation des loyers, juste les paiements de loyer, c'est 8 % encore année sur année. Donc, c'est encore difficile, ça crée des enjeux socio-économiques certains. Mais à l'extérieur des logements, l'inflation, si on enlève tout ce qui est lié au logement, on parle d'une l'inflation qui est environ de 1 %. Puis, on sait que la Banque du Canada n'a pas vraiment d'impact sur ce qui se passe dans le logement. Donc, ça veut dire que c'est le temps de bouger, puis on y arrive. Donc, nous, on pense qu'à la fin de l'été, c'est certain qu'on va avoir des coupures de taux. Peut-être que ça va commencer plus vite qu'on le pense.

Ashleay : Petite question rapide : inflation de 8 % sur les logements, il n'y a pas une limite qu'on peut monter le prix de notre loyer?

Sébastien : Certainement, mais il y a des façons aussi, comme si on a des nouveaux locataires qui viennent, de mettre le prix qu'on veut. Donc, oui, donc tout ça combiné ensemble… C'est beaucoup causé par la croissance démographique forte.

Ashleay : En effet.

Sébastien : Dans la dernière année, on parle de plus d'un million de nouveaux Canadiens provenant surtout de l'immigration. Donc, ça, ça met une pression énorme. On n'est pas capable de construire des logements assez rapidement, donc, ça pousse les loyers à la hausse. Ça, c'est un morceau important de l'inflation bien sûr, mais la Banque du Canada ne peut pas vraiment rien faire avec ça…

Ashleay : Non.

Sébastien : … avec son taux directeur. Donc, quand on enlève tout ça, on voit de l'inflation de 1 %,donc, c'est le temps de commencer à bouger.

Ashleay : Je comprends. Et donc, c'est une bonne nouvelle pour les emprunteurs qu'on va potentiellement diminuer le taux d'intérêt. Mais est-ce qu'on parlera encore justement d'une pénurie de logements?

Sébastien : Certainement. C'est un peu ça le problème de l'économie canadienne dans le moment. La pénurie de logements, ça devrait continuer. Les prix de l'immobilier seront encore à la hausse pour plusieurs années et certainement, le manque de main-d'œuvre en construction va demeurer un sujet chaud. C'est vraiment là qu'il faut regarder; l'économie canadienne, c'est quand même une économie de petite taille. Il y a beaucoup de gens qui viennent chez nous, puis encore beaucoup de gens qui vont venir dans les prochaines années, les prochaines décennies, avec les changements climatiques et tout ça. Le Canada est bien situé pour être une belle terre d'accueil pour longtemps. Le système économique, le système politique sont très bons, mais, par contre, les gens qui viennent doivent se loger, puis on n'a pas assez de travailleurs de la construction. Puis, ce n’est pas juste pour les logements, c'est aussi pour les infrastructures dont on a besoin. Le pont de l'île d'Orléans, c'est un bon exemple; ça coûte très cher parce qu'on a des pénuries de main-d'œuvre. Donc, ça, ça va continuer de demeurer un sujet chaud. Hydro-Québec aussi, qui a beaucoup d'infrastructures à bâtir pour électrifier tous les projets d'électrification qu'on a, l'électrification des transports, c'est un peu le même bassin de main-d'œuvre. Donc, la bonne nouvelle pour les propriétaires, si c'en est une, c'est que votre maison, c'est un actif qui va continuer de prendre de la valeur pendant plusieurs années. Juste dans la région de Québec, entre 2013 et 2020, la croissance totale des prix des maisons en moyenne, c'était 0 %. Mais maintenant, la population commence à augmenter, même à Québec. Bien, entre 2019 et aujourd'hui, c'est 35 % de hausse des prix des maisons. Donc, cette tendance-là qu'on voyait partout ailleurs au Canada est en train de s'étendre à des plus petites économies, comme la ville de Québec. Donc, oui, on va continuer de parler de pénurie de logements, pas juste cet été, mais probablement pendant plusieurs étés encore.

Ashleay : D'accord. Et comment se porte l'économie mondiale?

Sébastien : Le cycle manufacturier mondial prend du mieux. L'économie américaine va très bien, à travers la pandémie a bien fait, stimulée à grands coups de déficit fiscal, et de croissances des consommateurs aussi qui continuent d'être fortes, la consommation qui continue d'être vigoureuse. Puis, là maintenant, on voit que ça commence à pousser l'économie chinoise, l'économie européenne aussi qui sortent de récession. Donc, il y a des bonnes nouvelles qui viennent de là. Ça fait en sorte que les prix des ressources naturelles sont à la hausse. Donc, même nous, dans nos positions de portefeuilles, où on voit des opportunités intéressantes, c'est dans les ressources naturelles. Donc, on a mis du cuivre dans nos portefeuilles, l'or aussi. Donc, ça, ça peut créer de l'inflation, quand même, avec le temps. Pas assez pour dire qu'on retourne dans un épisode d'inflation problématique, mais ça peut quand même pousser à la hausse le prix des ressources, comme le prix de l'essence qui, dans le moment, est un peu dans le bas de la fourchette de 75 $ à 90 $. Donc, on voit à peu près l'équilibre. On pourrait voir des prix qui montent d'ici la fin de l'année, donc encore ça peut ramener un peu d'inflation dans le portrait. Mais quand même, l'économie mondiale qui se porte bien, c'est une bonne nouvelle pour une économie comme le Canada, et c'est une bonne nouvelle pour les investisseurs aussi.

Ashleay : Puis là, l'élection américaine approche à grands pas. Qui doit-on surveiller?

Sébastien : Bien, on doit surveiller les grands enjeux sociaux du côté américain, on doit regarder qui a l'avance dans les sondages. Puis dépendamment on regarde quand, on regarde qui, on voit quand même un avantage pour Donald Trump à ce moment-ci dans les sondages. Mais je dirais, il y a des débats qui s'en viennent, un en juin, un en octobre qui ont été annoncés. Probablement qu'au cours de l'été, on va commencer à voir une accélération des conversations, puis des réactions de marchés envers tout ça aussi. Il faut quand même se préparer pour avoir un Trump 2.0. Qu'est-ce que ça veut dire un Trump qui revient et qui a peut-être une espèce d'esprit vengeur cette fois-ci. Parce qu'avec toute l'histoire de l'élection, qu'est-ce que ça veut dire en termes de politique? Bien, c'est un gros point d'interrogation. Mais je dirais qu'en bout de compte, le protectionnisme aux États-Unis, qu'on ait les démocrates ou les républicains, c'est à peu près autant protectionniste. Et même historiquement, les démocrates ont tendance à être un peu plus protectionnistes que les républicains. Mais monsieur Trump pourrait vouloir arriver et déchirer les accords de libre-échange, menacer de mettre des tarifs. Mais ce qu'on a compris avec monsieur Trump, au premier tour en 2016 puis 2020, c'était qu'il dit beaucoup de choses. Mais ultimement, il y a des mécanismes de sécurité autour. Il ne peut pas faire ce qu'il veut parce qu'il est président américain. Il pourrait quand même avoir beaucoup de volatilité qui vient. Mais ultimement, s'il fait surchauffer l'économie américaine, bien ce qui est bon pour l'économie américaine est directement ou indirectement bon aussi pour l'économie canadienne, parce qu'on est le voisin commercial. Donc, ultimement, je vous dirais qu'il y a toujours des risques, mais c'est difficile aujourd'hui de dire quel candidat on préférerait au point de vue économique entre monsieur Biden ou monsieur Trump.

Ashleay : Mais c'est merveilleux. Alors, c'est tout pour aujourd'hui. Merci beaucoup, Sébastien, de nous avoir peint un beau portrait de la scène économique de cet été, et un gros merci également à nos auditeurs et à nos auditrices d'être fidèles chaque semaine. N'hésitez pas à nous écrire si vous avez des questions. Et on se dit : à la semaine prochaine! 
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À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon

Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles

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