Rétrospective des marchés 2024

Malgré un départ plutôt lent, 2024 s’est avérée une excellente année pour les marchés boursiers. Si le secteur des technologies a mené le bal, celui des services publics a favorablement surpris. Ce fut aussi une bonne année du côté des obligations et de l’or. Dans cette grande cuvée, le marché américain a dominé, mais le Canada l'a rattrapé en cours d’année. Nos experts en discutent.

Sébastien : Bonjour tout le monde! Mon nom est Sébastien Mc Mahon. Bienvenue à un nouvel épisode du balado À vos intérêts! Cette semaine, j’ai encore le grand privilège d’avoir avec moi mon ami Marc Gagnon. Donc, bonjour Marc!

Marc : Bonjour Sébastien.

Sébastien : La semaine dernière, on a parlé de l’économie en 2024. On a fait la revue de l’année, mais maintenant on va parler d’un sujet qui nous occupe encore plus au quotidien : les marchés. Mais surtout toi avec ton travail de gestionnaire de portefeuille en actions canadiennes. J’aimerais ça qu’on revienne peut-être sur nos attentes formulées à pareille date l’an dernier parce que c’est la troisième année qu’on fait ça, ce jeu-là?

Marc : C’est la troisième année, oui.

Sébastien : Puis on fait des prévisions pour l’année prochaine. C’est intéressant. Je regarde mes notes, là. Toi, il y a beaucoup de vert, puis moi, il y a beaucoup de rouge. Donc il y en a un des deux qui avait plus raison que l’autre! Je pourrais peut-être commencer, pour mon humilité à moi, par mes prévisions qui ont mal fonctionné. Je m’attendais en 2024 à ce qu’on ait une surperformance des obligations par rapport aux actions. Quand on regarde les indices d’obligations canadiennes, on parle de 5 %. Et le TSX, comme tu aimes me le rappeler souvent, 25 %?

Marc : Oui, 25,7. C’est ça!

Sébastien : Je me suis trompé là. Je pensais que le S&P500 « sous performerait le TSX ». Non. On est à quoi? 30 aux États-Unis, 25 au Canada?

Marc : 37,6.

Sébastien : 37,6. Une petite surperformance. Puis je pensais que le TSX allait « surperformer ». Puis celle-là, je l’ai laissée en jaune pour me faire du bien sur ma feuille parce qu’en deuxième moitié d’année, le TSX « surperforme un petit peu le SP500 », mais tes attentes à toi étaient beaucoup plus justes. Donc je vais peut-être te laisser la place maintenant.

Marc : En nombre peut-être, mais il y en a une que j’ai manquée quand même pas mal. Comme l’intelligence artificielle allait continuer de progresser, je pensais que les « sept magnifiques », comme on traduit en français, allaient continuer de bien faire. Ils ont très bien fait aussi cette année, particulièrement Nvidia qui est en hausse de 182 %. Et on pensait que ça allait être (toi aussi), je pensais que ça allait être une bonne année pour le marché boursier en général, autant américain que canadien. Plus que les obligations, ça, ça a bien été. Mais j’ai dit : « Oui, mais par contre, ça risque d’être une moins bonne année à cause de la possible récession qu’on voit au Canada. Ralentissement quand même assez fort aux États-Unis. Je crois que les rendements vont être moins forts cette année, autant au Canada qu’aux États-Unis au niveau du marché boursier. » Puis on a fait 26, puis à peu près 38 – j’arrondis – versus 8 % l’année passée au Canada. Celle-là, je l’ai moins eue, un peu.

Sébastien : Oui, mais tu as eu quand même raison parce que le début d’année a été difficile pour le TSX sur le SP500, puis on a rattrapé. Peut-être le début 2024 on l’avait anticipé un petit peu en 2023, mais quand même, ça a été un grand cru, les marchés, cette année!

Marc : Ça a été toute une année, cette année.

Sébastien : Puis dans les prochaines semaines, on va parler de nos attentes vers 2025. On va avoir d’autres collègues avec nous pour parler aussi du marché obligataire. Mais si je peux brûler un punch tout de suite, quand on s’en parle tous les deux, on a quand même des attentes qui sont quand même assez élevées pour 2025.

Marc : Oui, on pense que ça devrait se poursuivre et continuer à être une bonne année.

Sébastien : Oui. Ce n’est pas parce qu’on a eu des rendements forts cette année que c’est le temps de sortir. Les thèmes porteurs continuent. Mais si on reste sur 2024, les principales surprises pour toi sur les marchés cette année, qu’est-ce qui t’a surpris le plus?

Marc : Bien, il y en a plusieurs, mais je vais en citer une qui est quand même très anecdotique, ou peut-être plus importante pour un gestionnaire de portefeuilles comme moi, et qui peut passer un peu plus inaperçue pour quelqu’un qui regarde le marché, mais d’un peu plus loin. Mais je la trouve intéressante. C’est une année où l’allocation d’actifs a été plus difficile entre tous les secteurs. Normalement, on a une dispersion assez large entre, par exemple, le secteur de la technologie ou un autre secteur. Cette année, il y a juste un secteur négatif, c’est celui des télécommunications. Les Bell et Rogers de ce monde, les Telus : - 16 %. Tous les autres secteurs sont positifs. La technologie a très bien fait, entre autres grâce à Shopify avec 45 %. N’oubliez pas : le marché dans son ensemble a fait 26! Alors tous les autres secteurs qui se situent entre la fin – le télécom qui est négatif – et la technologie ont eu des rendements positifs entre 28 et environ 12 %, à part deux petits secteurs comme l’immobilier et les soins de la santé qui ensemble ne représentent même pas 3 % de l’indice. Nous autres, on est un petit peu plus faibles, mais ça nous donne une idée que tout le monde était groupé un peu ensemble. Alors pour un gestionnaire comme moi qui parfois aime ça délaisser un secteur puis en mettre plus ailleurs, il fallait que je sois un petit peu partout à la fois. Alors c’était vraiment ma sélection de titres. Dans chacun des secteurs, il fallait que j’aille chercher les bons titres. Et ça, je ne sais pas si d’autres personnes l’ont vécu, d’autres investisseurs l’ont vécu, mais pour moi, je trouvais que ça a été quand même assez notable au niveau de la structure de marché en 2024.

Sébastien : Oui, tout à fait. Cette année, ce n’était pas une année où il fallait être trop pessimiste. Ce n’était pas une année où il fallait essayer de courir le bon thème au bon moment, parce que comme tu le dis, les marchés avaient tendance à lever pas mal à l’unisson un peu partout. Puis nous aussi, c’est ça qui nous a surpris : la performance des actions cette année. Le SP500, on regardait les attentes de croissance des bénéfices pour les saisons des revenus, quand les entreprises publient leurs résultats, puis à chaque fois, on disait : « C’est bien trop élevé. Il y a un risque qu’on manque les attentes. » Et puis non, on battait coup sur coup. Le TSX très fort en deuxième moitié d’année, ça a été une belle surprise positive. Comme tu disais, tu sais, les secteurs qui faisaient bien, même les services publics, tu sais, c’est un secteur, généralement les gens disent « Bah, c’est un secteur un peu plate, puis c’est le dividende… »

Marc : Un peu plus tranquille. C’est ça.

Sébastien : Mais on a eu une très forte performance cette année. On en parlait la semaine dernière qu’avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, on a besoin d’amener de l’électricité vers les centres de données. Donc il y a une histoire économique intéressante. C’est comme une dérivée du thème de l’intelligence artificielle qui nous est apparue comme ça, qui est intéressante. Les obligations : l’économie américaine a surpassé nos attentes. Donc ça veut dire que les obligations ont « sous performé nos attentes ». C’est un peu tout ça. Mais la faiblesse du dollar canadien, j’en parlais la semaine dernière, on était assez positifs pour le dollar canadien en 2024. Finalement, on a eu une mauvaise année. Maintenant, quand on regarde les fondamentaux, on a l’impression que le dollar canadien était tiré à la baisse. Il y a peut-être une belle histoire qui pourrait se matérialiser en 2025. C’est même une position qu’on a dans nos portefeuilles, celle que le dollar canadien va rebondir. Seul le temps nous le dira. Mais je vous dirais que la plus grande surprise de notre côté (et on a été chanceux) c’est le prix de l’or. On avait pris une position longue, on avait investi dans l’or en novembre 2023 en pensant que ce serait une année correcte pour l’or. Finalement, on a fait presque 30 % aussi sur le métal jaune. Donc il y a de belles surprises, de moins belles, mais je vous dirais qu’en général, c’est surtout les belles surprises qui ont dominé l’actualité.

Marc : Il y a eu une légère rotation sectorielle au Canada. Les commodités ont mieux fonctionné. L’or tout au long de l’année. Puis vers la fin de l’année, avec la baisse des taux à court terme, on a vu les financières commencer à vraiment prendre de la force. Puis les financières étant très importantes au Canada, comme ça a pris de la force, ça a porté le marché à « surperformer le marché américain ».

Sébastien : Oui, puis tu sais, on en a parlé la semaine passée, il faut en parler encore : l’effet Trump, l’influence de l’élection sur les marchés. Il y a eu de l’influence avant l’élection. Je dirais, depuis l’été passé, peut-être, que les marchés réagissent aux allées et venues des sondages, des citations, et tout ça, de qui pourrait gagner l’élection. On percevait que Donald Trump était un candidat qui est prorisque, donc garder un profil agressif, c’était payant. Même que nous, on s’est couvert dans les fonds d’allocation d’actifs, mais pas pour une victoire de Trump comme en 2016. On l’avait fait, mais pour des gains plus forts chez les démocrates, parce qu’on voyait que le marché anticipait beaucoup une victoire de Trump. On n’a pas vraiment eu besoin de tout ça, ces positions-là. Ça n’a pas été nécessaire avec la victoire de Trump. Mais toi, de ton côté, avant l’élection, le soir de l’élection, puis depuis, comment as-tu joué avec tout ça?

Marc : Bien, un peu comme vous autres – « vous » étant l’équipe d’allocation d’actifs – on sentait vraiment que le marché allait aimer une victoire de Trump. Alors on tentait de demeurer axés vers une certaine réponse au risque, parce qu’une victoire de Trump allait être positive. Par contre, on s’est dit : « Ah! Bon. Si c’est les démocrates, ça va être le statu quo. Il n’y aura pas énormément de choses qui vont changer. » Alors si on reste prorisque, qu’est-ce qui… Par contre, une victoire de Trump pourrait avoir un effet négatif. C’était les victimes des tarifs. Et là, on a pensé à certaines compagnies exposées au Mexique. On a pensé aussi à certaines commodités comme le cuivre, parce que la Chine est vraiment le premier dans la ligne de mire de Trump pour des tarifs importants. Il se plaît à mentionner 60 %. Alors on s’est dit : « Bon, l’économie chinoise qui est déjà dans une situation difficile avec son immobilier, si en plus elle a des tarifs avec lesquels se débattre, ça va être un petit peu dur. » Alors c’est comme ça. On a senti que si on gardait une exposition prorisque ailleurs, mais qu’on laissait aller ces potentielles victimes, on gagnait un petit peu sur les deux tableaux. Ce qui fait que ça a été notre stratégie.

Sébastien : Puis donc, ultimement, Trump pour les marchés, ça semble être assez positif. Même aujourd’hui, ce matin, il y avait des données sur la confiance des petites entreprises américaines, puis c’est le plus grand bond de l’histoire. On voit que le corporate America est quand même assez confiant. Ce qui est bon pour l’appétit, pour le risque des entreprises, ça devrait être bon pour les investisseurs aussi. Peut-être qu’on peut se poser la même question? Du moins, moi je vais la poser : « Est-ce qu’on est en train déjà de – comme on aime dire – manger le lunch de début 2025? » Bien, on verra. On verra. Le temps va nous le dire.

Marc : C’est à voir. C’est à voir. Je pense que ça va être bien intéressant de voir ce qu’il va faire une fois qu’il entre en poste parce que ça ne prendra pas très longtemps, j’ai l’impression, avant qu’on ait une idée de Trump 2.0. Puis quand je dis « pas très longtemps », c’est une question de semaines, puis ça n’en prendra pas beaucoup. Mais Trump est vu toujours très favorablement au niveau de l’économie par les électeurs de son pays. Déréglementation, tout ça s’en vient. L'IA va continuer à être là. Les baisses de taux, on le sait, c’est une marée qui a tendance à lever bien des bateaux. Alors on verra.

Sébastien : Oui. Puis il y a l’inauguration de Donald Trump le 20 janvier prochain. D’ici là, bon, bien, Trump peut dire beaucoup de choses, peut faire beaucoup de menaces, peut nommer beaucoup de gens, mais on connaîtra vraiment ses politiques à la fin janvier prochain. Dernière question pour toi : hors Trump, quels ont été les thèmes d’investissement les plus porteurs pour toi en 2024?

Marc : Ce qui a bien fait pour nous dans les portefeuilles, c’est  qu’on a pu assez bien jouer avec les ressources en début d’année et on les a laissées un petit peu aller. Peut-être qu’on aurait pu les laisser aller un petit peu plus tôt, mais on a vu quand même que les financières, les banques canadiennes surtout, allaient bien profiter de la baisse des taux à court terme de la Banque du Canada. Donc, cette petite rotation-là que je mentionnais nous a quand même été assez favorable. Au niveau de la sélection de titres, on a eu de bons choix, mais on en a manqué certains, ce qui fait que c’est une année qui, par rapport aux indices, est une année correcte. Mais je dirais que j’ai déjà eu personnellement de meilleures années. Et par rapport aux pairs, on s’en est quand même bien sorti aussi.

Sébastien : Oui, je suis d’accord avec toi : on a quand même très bien fait à travers tout ça. Nous, de notre côté, les thèmes porteurs : les actions. Pendant l’année, c’était très important de ne pas tomber trop négatif. Même s’il y avait du géopolitique, même s’il y avait les risques avec l’élection, même tout ça. L’intelligence artificielle, les gains de productivité, ça a soulevé la marée beaucoup. Les actions japonaises, c’est une position qu’on a mise en place cette année. Il y a beaucoup de réformes structurelles là-bas qui cherchent, disons, à déclencher de la valeur. Donc c’est un thème qu’on trouve encore porteur en 2025. Peut-être même que je pourrais m’avancer jusqu’en 2026 : c’est un phénomène de long terme. Le cuivre, tu en avais parlé un petit peu pour 2024, si la Chine réussit à vraiment tourner le bateau de bord, le cuivre devrait bien faire. Parce que le secteur immobilier chinois, c’est un des plus gros consommateurs de cuivre au monde. Puis, aussi, les actions chinoises. On a eu de faux départs. Là, on a encore un petit peu d’engouement en fin d’année, mais les actions chinoises, est-ce qu’elles vont bien faire? Je vous dirais que c’est un peu plus niche. C’est un peu plus risqué. Fiez-vous à nous pour mettre juste le bon dosage aux bons endroits, mais c’est quelque chose qui est sur notre radar certainement. Donc, mot de fermeture, Marc, sur l’année 2024?

Marc : Ce fut, on l’a dit, toute une belle année pour les portefeuilles. J’espère que vous avez pu en profiter. On espère que 2025 va s’annoncer tout aussi profitable, mais sans s’avancer à dire qu’on va refaire un record, on pense qu’on est en bonne position pour avoir encore une autre belle année, l’année prochaine.

Sébastien : Oui, je suis d’accord avec toi. Puis ce ne sont pas toutes les années qu’on peut fermer sur à peu près 25 % de rendement, donc on va en profiter, on va célébrer ça! Donc merci beaucoup, Marc, pour tes lumières.

Marc : Ça a été un plaisir!

Sébastien : Merci d’avoir été avec nous pour deux épisodes, pour parler d’économie, parler de marchés. Et merci à tous nos auditeurs. Si vous avez des questions, des commentaires, je vous encourage à nous écrire puis surtout à nous revenir la semaine prochaine.

Ashleay (voix pré-enregistrée) : Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l’actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon et Marc Gagnon

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

Cours des actions

2025-01-20 12:00 HNE
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