La réalité du marché de l'emploi

Vous êtes-vous déjà demandé si ce que vous avez appris à l’école est suffisant pour réussir sur le marché du travail? Notre invitée Laurence Patry vous donnera sa vision et ses conseils sur la différence entre les études et le monde professionnel.

Ashleay : Bonjour et bienvenue au balado À vos intérêts!. Cette semaine, on parle de la réalité du marché du travail, plus précisément de la différence entre le monde académique et le monde professionnel. Alors, pour nous en parler, on est en compagnie de Laurence Patry. Bonjour, Sébastien, bonjour, Laurence.

Laurence : Bonjour.

Sébastien : Bonjour Laurence. C'est le fun de te voir, ça fait un bout qu'on veut t'avoir avec nous, à ce balado. Depuis l'année passée qu'on en parlait, parce que les gens ne te connaissent pas. Nous, on pense que tu gagnes à être connue, c'est pour ça qu'on voulait t'inviter ici. Tu travailles avec nous aux Placements chez iA Gestion mondiale d'actifs depuis un bout de temps et tu as récemment été promue, tu es chef d'équipe. On s’est dit : qui de mieux que Laurence pour parler d'un début de carrière, du passage des bancs d'université au monde du travail et comment on peut faire pour se démarquer? Donc, c'est pour ça qu'on t'a invitée, aujourd'hui, Laurence.

Laurence : Bien, merci. Mon Dieu, je suis très contente d'être là, puis avec vous deux, donc les attentes sont hautes. Avec ce beau préambule, on va s'assurer de livrer.

Sébastien : On n'est pas inquiets.

Ashleay : Non, pas du tout. D'ailleurs, est-ce qu'on peut commencer peut-être avec une petite facile : Laurence, dis-nous donc ton titre.

Laurence : Oui, donc je suis directrice, chef d'équipe et gestionnaire de portefeuilles pour les fonds généraux.

Sébastien : Les fonds généraux, qu'est-ce que c'est?

Laurence : Les fonds généraux, en fait, ce sont les actifs de la compagnie d'assurance. Donc, on va vraiment gérer ces actifs-là en fonction des passifs également.

Sébastien : Donc, en clair, les gens achètent des polices d'assurance, envoient de l'argent à la compagnie d'assurance, puis toi tu es dans l'équipe qui fait fructifier cet argent-là pour, éventuellement, quand les gens vont réclamer leur principal de l'assurance, ils vont pouvoir recevoir l'argent. Ça, c'est de ce côté-là. Tu ne gères pas des fonds comme notre collègue Marc Gagnon qu'on a eu quelques fois pour des particuliers. C'est pour la compagnie.

Laurence : Exact.

Sébastien : Ok.

Ashleay : Puis, Laurence, peux-tu nous dire ce serait quoi la plus grande différence, selon toi, entre le monde académique et le monde professionnel en finance?

Laurence : C'est une excellente question. Donc, peut-être juste un peu parler de mon parcours. J'ai joint iA il y a six ans avec le programme de la relève. C'est un programme pour les nouveaux diplômés qui est vraiment fantastique et qui m'a beaucoup servi. La plus grande différence, je vous dirais, entre le monde académique puis le monde professionnel, c’est que du côté académique, on va beaucoup voir tout ce qui touche les calculs. C'est vraiment axé sur la théorie. On s'entend, en finance, on a de longues années d'études. Pour ma part, j'ai fait un bac, ma maîtrise en finance, par la suite le CFA, qui est notre ordre professionnel. Donc, vraiment très axé chiffres et tout. C'est important de comprendre les concepts de base. On le sait, on gère de l'argent. Donc, on apprend tout ça, on arrive sur le marché du travail, c'est super important aussi, mais il y a vraiment tout l'aspect relationnel, un peu soft skills si on peut dire. On est en contact avec des gens fréquemment, on doit faire des présentations, avoir un certain aspect de leadership dans les dossiers. Donc, ça, c'est un élément qu'on a moins travaillé à l'école et que l’on apprend plus sur le marché du travail.

Sébastien : Puis, quelque chose qu'on entend souvent, c'est que les gens sortent de l'université […]. Moi, j'ai étudié en économie, je n’ai pas étudié en finance, mais c'est un peu les mêmes affaires. On apprend des modèles très sophistiqués et tout. Puis, ça ne veut pas dire que parce que nécessairement on était excellent dans la modélisation, dans des trucs très mathématiques, que lorsqu’on va arriver sur le marché du travail, on va tomber directement dans le bout qui nous passionnait, où on était le meilleur. Il faut apprendre, il faut faire ses classes, il faut s'intégrer dans la culture de la compagnie. Donc, il y a ce défi-là, quand on sort des bancs d'école.

Laurence : Assurément. Puis, tu sais, on sort avec […], là, je parle un peu plus de la finance, c'est ce que moi je connais. Chaque domaine a, c'est sûr, ses particularités. Il y a quand même des ponts communicants, mais c'est sûr qu'on sort de l'université, puis avec un bagage de connaissances. Mais, moi, j'aime tout le temps dire qu'à l'université, on apprend à apprendre. Donc, oui, on apprend des concepts de base, mais on est beaucoup plus en développement pour acquérir une certaine rigueur de travail. Puis ça se peut qu'on arrive sur le marché du travail et que la première tâche qu'on fait, ce ne soit pas la tâche idéale, qu'on se disait qu’on allait faire, qu'on rêvait de faire sur les bancs d'école. Mais c'est super important d’être tout de même ouvert. On apprend, puis chaque passage est important, donc peu importe la tâche, si elle est moins intéressante, elle va quand même nous apporter du positif.

Ashleay : Absolument. Puis si on parle un petit peu du côté professionnel justement, tu sais, il y a des emplois d'été même qui peuvent être intéressants, même s’ils n’ont aucun lien avec notre futur travail. Peut-être est-ce que tu peux nous parler un petit peu, peut-être, de ton parcours dans le marché du travail? Qu'est-ce qui s'est passé, de ton côté, pendant que tu étudiais?

Laurence : Oui, c'est une bonne question. En fait, moi j'ai toujours été quelqu'un, je dirais, d’occupé. Donc, pour moi, avoir un horaire léger, ça ne me ressemble pas. Donc, on a parlé de l'école un peu. C'est sûr que l'école, c'est en finance, c'est quand même beaucoup d'heures de travail, beaucoup de temps en plus de l'école, à temps plein. Moi, j'ai toujours travaillé sur le côté, j'avais envie d'aller me développer d'une autre façon. Donc, j'ai travaillé en restauration pendant mes études, puis dans une institution financière avant de joindre iA. Et, en plus de tout ça, je me rappelle une année de bac typique. J'ai eu une bonne idée. Je me suis dit : « Bon, j'ai un travail, j'étudie à temps plein, j'ai un conjoint qui est encore avec moi, j'ai une famille, des amis, je m'entraîne, j'ai un peu de temps de libre. » Donc, j'ai fait du bénévolat, à peu près 1 000 heures cette année-là. Bon, ça peut sembler beaucoup et il n'y avait pas beaucoup d'heures de sommeil, mais cette année-là a été tellement enrichissante; j'ai appris premièrement à me développer sur d'autres aspects, à gérer les priorités. Ça, c'est un excellent exemple. Puis, quand je suis arrivée sur le marché du travail, c'est sûr qu'après ça, on arrive sur le marché du travail, on a de multiples projets, on a des responsabilités familiales éventuellement qui arrivent. Donc, moi, ça m'a vraiment permis de me développer puis d'arriver plus prête.

Sébastien : Puis, tu sais, embaucher des gens, on le fait beaucoup, puis probablement que tu le fais aussi. Tu sais, quand on embauche quelqu'un ‒ c'est un message qui est important pour les jeunes ‒ , on n’embauche pas que le CV, que les connaissances qui sont là. On embauche beaucoup l'attitude, on embauche la personne qu'on a devant nous. On veut avoir quelqu'un qui est dynamique, quelqu'un qui va s'intégrer dans la culture, quelqu'un, on le voit, qui est capable de se débrouiller en situation où les priorités ne sont pas claires. Puis, après ça, le reste, la personne peut apprendre pendant son travail, elle peut apprendre pendant des années. La carrière, c'est long quand même. Donc, il ne faut pas penser qu'il faut avoir tout vu, tout appris avant d'arriver sur le marché du travail. Puis, après ça, que c'est le temps d'appliquer uniquement. On continue de se développer en continu, puis tu dois sentir que tu développes encore chaque jour?

Laurence : À 100 %. Puis, un point important que tu mentionnes, Sébastien, puis je l'ai vu, moi, à mon entrée, à la première entrevue que j'ai eue pour rentrer. Premier emploi vraiment en finance de marché chez iA avec le programme de la relève. Bien, c'est sûr qu'on a parlé de mes notions de finance. C'était important. Beaucoup de questions sur les marchés, mais ça m'a étonnée à quel point on a aussi beaucoup parlé du bénévolat que j'ai fait l'année dont je vous ai parlé. Puis, tu sais, avec les questions qu'il y avait, j'ai vraiment compris que c'était important, puis ça démontrait d'autres caractéristiques qui étaient importantes pour l'emploi. Donc, ne sous-estimez pas le temps que vous passez là-dedans. C'est sûr que ce n’est pas donné à tout le monde. Il y a peut-être des gens qui ne peuvent pas se le permettre, mais si vous le faites, que vous êtes ouverts puis que vous voulez vraiment apprendre de ces expériences-là, même si ce n'est pas à 100 % lié à la finance, ça va remplir votre bagage de connaissances, puis ça va vous aider, assurément.

Ashleay : Puis je pense qu'il y a un petit côté aussi […]. Par exemple, tu parles de bénévolat. On s'entend qu'avec le bénévolat, les gens n’ont pas nécessairement de gros budgets, n’ont pas nécessairement tous les employés dont ils ont besoin. Donc, on apprend beaucoup de choses qui sont peut-être hors de notre zone de confort : aller chercher la bouffe pour quelqu'un, aller trouver comment on va organiser tel événement sans dépasser tel budget. Il y a plusieurs aspects. Je pense que ça devient des choses qu'on apprend dans nos relations humaines si on veut. Puis la gestion des émotions.

Sébastien : On apprend à se débrouiller, on apprend à être créatif, on apprend que le monde n’est pas carré, puis le monde, des fois, il a une drôle de forme, puis il faut apprendre comment on peut avoir un impact sur tout ça.

Ashleay : Exact. Puis, tu sais, on peut se découvrir leader comme on peut découvrir qu’on aime moins ça, faire ça. Puis, c'est correct aussi, tu sais.

Laurence : Exact. Puis, tout ce qui est pouvoir de persuasion. Moi, dans le cadre du bénévolat que j'ai fait, on ramassait des fonds pour un organisme. Bien, il fallait aller cogner aux portes des compagnies, aller leur vendre le projet, aller chercher des fonds, avoir une certaine crédibilité. C'est ce qu'on fait chaque jour dans notre travail, quand on va faire des présentations; montrer comment on peut convaincre les gens que ce qu'on propose, ça a du sens, puis de nous écouter. Alors, oui, assurément, c'est que du positif.

Ashleay : Donc, on comprend qu'il y a vraiment une différence entre la théorie et la pratique. Peux-tu peut-être nous en parler un petit peu davantage?

Laurence : Oui, c'est sûr. Donc, en finance, comme je disais tantôt, on apprend beaucoup de théorie financière. C'est sûr que souvent ça va supposer un marché qui est rationnel. C'est là que ça se corse un peu. Je pense que Sébastien va pouvoir renchérir. Mais le marché n'est pas toujours rationnel, on le voit au quotidien. Alors, il ne faut pas minimiser l'importance de ce qu'on apprend à l'école, mais il faut arriver sur le marché du travail, puis être ouvert, de se remettre en question, de s'adapter, d'être curieux. C'est très important.

Sébastien : Puis le marché n’est pas rationnel, puis c'est important de suivre les marchés pour constater à quel point tout est cyclique. Puis, ça prend un bon bout de temps avant de comprendre vraiment bien ce qui se passe. On a l'impression que c'est simple. J'ai seulement besoin de regarder les chiffres, puis je vais comprendre ce qui se passe. Mais non, il faut s'investir dans les marchés. Puis quand on passe des gens en entrevue dans mes équipes, l'une des premières questions qu'on pose, c'est : « Est-ce que tu suis les marchés? Puis est-ce que tu écoutes des balados ou est-ce que tu lis des livres? Est-ce que tu te tiens au courant de ce qui se passe dans le moment? » Je suppose que toi, c'est quelque chose que tu faisais?

Laurence : Oui, assurément. Puis c'est quelque chose qu'on fait aussi dans le quotidien. Donc, si vous pouvez le faire d'avance, ça vous permet de développer les réflexes, mais aussi ça vous permet de développer une habitude. Il y a différentes plateformes pour lire les nouvelles financières sur Internet. Tantôt, je vous parlais de faire plusieurs activités. Ça se peut que le temps vous manque, mais un balado, qu'est-ce qu’il y a de plus facile à écouter que ça dans la voiture en déplacement? Alors, il y a plusieurs balados qui peuvent vous permettre vraiment d'apprendre, comme ce balado-ci, de parfaire vos connaissances.

Sébastien : Puis si on se concentre un peu sur la finance. Mettons que ceux qui nous écoutent se disent : « Ça m'intéresse, j’aimerais ça moi aussi être une future Laurence et travailler en finance. » Les thèmes d'études, si on peut donner un petit coup de pouce à ceux qui ont besoin de choisir, disons une spécialité, qu'est-ce que tu suggérerais?

Laurence : C'est une bonne question. C'est sûr que ça bouge beaucoup en finance, ça se développe. On a des sujets qui sont nouveaux, qui sont plus en vogue depuis les dernières années. Donc, la finance de base, c'est sûr, il faut la connaître. Par la suite, il y a des sujets dont on entend beaucoup plus parler. Il y a tout ce qui est investissement responsable. Notamment, il y a le CFA qui a sorti un nouveau certificat que moi-même j'ai fait. Donc, c'est sûr que c'est plus important, ça va continuer de l'être dans les prochaines années. Tantôt, on parlait du marché qui n'est pas rationnel. Donc, la finance comportementale, ça peut être un bel élément. Sinon, tout ce qui est programmation, intelligence artificielle aussi, ce sera assurément d'actualité de plus en plus.

Ashleay : Absolument. Puis quels sont les conseils que tu as pour les finissants qui font leur entrée sur le marché du travail?

Laurence : Oui, en fait, les conseils, moi je dirais : soyez vraiment ouverts d'esprit, premièrement. Soyez curieux, posez des questions. Les gens ont fait de longues études, puis c'est vraiment un bel exploit toutes les études qu’ils ont, qui ont été requises. Mais il faut vraiment arriver puis se dire : « Bon, bien, moi, je suis ouvert pour apprendre encore plus. »

Sébastien : C'est juste un début, les études.

Laurence : Exactement. Puis moi, je dis qu’il faut se montrer vulnérable un petit peu. Il faut demander du feedback, accepter des fois de se dire qu’on va demander un feedback honnête pour au moins être en mesure de s'améliorer. Trouvez-vous un mentor. Moi, j'ai un mentor, et ça m'a vraiment énormément aidée. Je demande du feedback chaque fois que je fais une présentation. Je vais voir les gens présents, je leur demande les points positifs, les points d'amélioration également. Sinon je vous dirais que chaque tâche que vous faites, au lieu de la prendre avec un air de dire : bon, bien, ça n'a pas de bon sens que je fasse ça. Soyez juste ouverts. Puis dites-vous que chaque tâche va vous permettre d'apprendre quelque chose. Ensuite, je vous dirais d’établir vos ambitions, puis de prendre des risques. Comme je disais, il faut se rendre vulnérable. Si on ne prend pas de risques, on n'avance pas.

Sébastien : Il ne faut s'attendre à ce que toutes les choses nous soient données au bon moment. Des fois, ça prend plus de temps, puis des fois il faut aller les chercher, il faut travailler.

Laurence : Exactement.

Sébastien : Puis le rôle de l'employeur dans le développement peut-être, pour terminer?

Laurence : C'est un rôle très important selon moi. Pour ma part, ça fait six ans que je suis chez iA, puis oui, je veux me développer, mais un employeur aussi veut que je me développe. Donc, c'est vraiment super important que des deux côtés ce soit réciproque. Par rapport à l’employeur, je vous dirais de choisir un employeur qui correspond à vos valeurs, dont vous aimez la culture et qui veut investir dans votre développement. Puis si vous, de votre côté, vous le faites également, et que vous êtes transparent par rapport à vos ambitions, bien, c'est du positif que l'avenir vous réserve.

Ashleay : Absolument. C'est vraiment intéressant. Merci beaucoup Laurence. De semaine en semaine, Sébastien, on en apprend toujours plus.

Sébastien : Toujours.

Ashleay : Donc, à tous les auditeurs, merci et merci à notre invitée, Laurence, de s'être déplacée pour nous aujourd'hui. Puis, on se dit à la semaine prochaine!

Laurence : Merci à vous. Bonne journée.

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À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon et Laurence Patry

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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