Investissement : gérer, faire de l’argent et réussir

En moins de 10 minutes, nous décortiquons les processus d’investissement en compagnie de notre expert invité Jean-René Adam, vice-président sénior et chef des actions publiques, et de Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste sénior. Découvrez l’envers du décor et faites le plein de conseils!

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier. Mon nom est Ashleay et je suis à l'animation de ce balado en compagnie de Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste sénior, et Jean-René Adam, vice-président sénior et chef des actions publiques. Dans cet épisode, on va parler du processus d'investissement pour les fonds d’actions, mais aussi de ce que ça prend pour être un bon gestionnaire de portefeuilles, et ça ressemble à quoi une journée typique dans ce monde. Bonjour Sébastien. Bonjour Jean-René.

Ashleay : Alors, à haut niveau, c'est quoi le rôle d'un gestionnaire de portefeuilles?

Jean-René : Bien, je pense que c'est, évidemment, ça va dépendre de quel type d'actions tu vas gérer, mais c'est vraiment bâtir un portefeuille d'actions, donc choisir les meilleures compagnies et puis d'essayer de faire mieux qu’un indice de référence, ce qu'on appelle en anglais un benchmark. Évidemment, si on ne réussit pas à faire mieux que l'indice de référence, bien, dans ce cas-là, l'investisseur peut acheter un FNB, ce qu'on appelle en anglais un ETF, qui est la gestion passive. Alors, je dirais, là, pour le simplifier le plus possible, je pense que c'est vraiment ça.

Sébastien : Quand tu parlais de FNB, c'est des fonds négociés en bourse qu'on peut acheter sur des plateformes, des plateformes d'échange communes. Mais quand vous êtes un gestionnaire de portefeuille d'actions, tu peux pas arriver dans un fonds puis faire ce que tu veux. Il y a des restrictions, il y a un contrat qui est signé avec les investisseurs?

Jean-René : Oui, effectivement, ça fait que ça, c'est assez important, ça s'appelle « la politique de placement ». Puis, je pense que tous les investisseurs, quand on achète un fonds, on devrait l'analyser. Alors, ça, ce que ça, ce que ça explique, entre autres, là, c'est vraiment de savoir ça va être quoi le risque que le portefeuille va prendre; ils vont expliquer exactement, je le mentionnais, c'est quoi l'indice de référence, c'est quoi, comment cet argent va être investi aussi, donc combien de titres tu risques d'avoir. Donc, il y a une limite de titres maximale, mais aussi minimale parce que tu veux pas que ton portefeuille soit trop risqué. Souvent, on va dire, par exemple, que tu dois investir dans un minimum de six secteurs sur les onze secteurs qu'on a, alors c'est extrêmement important. Puis, en même temps, pour le gestionnaire de portefeuilles aussi, c'est important, c'est pour savoir jusqu'où il peut aller, pour pouvoir battre le marché, faire mieux que l'indice de référence.

Sébastien : Puis, c'est en partie le rôle des autorités, comme au Québec, l'Autorité des marchés financiers, de s'assurer que, bien, le gestionnaire ne sort pas des balises qui lui sont données. Puis, par exemple, fin des années 90, début 2000, un gestionnaire qui aurait été très positif sur Nortel aurait pas pu dire : « Regardez, 100 % de mon fonds, c'est Nortel, parce que je m'en vais sur la Lune avec ça. » Il y a des restrictions, il y a des contrôles, il y a de la gouvernance.

Jean-René : Exactement. Donc, c'est, c'est très important, puis c'est vraiment, là, je pense à la fin, c'est de gérer bien le risque. Alors, je pense que tout le monde, des fois, j'ai l'impression que les investisseurs ne la regardent pas assez, la politique de placement. Les gestionnaires, on la suit de très près, là, évidemment.

Sébastien : Puis, il y a beaucoup de styles de gestion, comme il y a beaucoup de personnalités, qui, dans le monde de l'investissement, donc je ne sais pas si tu pourrais nous en lister quelques-unes, des façons de faire de l'argent, des stratégies qui sont communes. On entend parler, par exemple, de contrariens, d'analystes techniques. Peux-tu nous démêler un peu tout ça?

Jean-René : Oui, donc effectivement, moi, je crois fermement qu'il y a plusieurs façons de gérer un portefeuille et d'avoir du succès aussi. Donc, celle qu'on connaît le plus, c'est ce qu'on appelle en anglais, c'est le Buy and Hold. Donc, on va se composer, ce que je mentionnais précédemment, un portefeuille de compagnies qu'on pense être les meilleures; on les achète avec une vision de peut-être cinq ans, donc à long terme, et ça c'est la plus connue. Il y en a, il y en a un paquet d'autres. Il y en a une qui est plus macro si on veut, ce qu'on appelle une vue plus descendante, où là, on va décider quel secteur on veut aller. Quand c'est global, on peut décider aussi quel pays on veut surpondérer, sous-pondérer ou investir. Après ça, il y a différents styles aussi, donc on a le style « valeur », qui est acheter des compagnies qui sont moins dispendieuses, plus abordables. Tu as un style « croissance », qui est exactement le contraire de ça. Donc, des compagnies qui ont une croissance phénoménale, mais dont le prix de l'action est plus dispendieux.

Sébastien : Comme la technologie, par exemple, le Nasdaq, on dit souvent que c'est croissance.

Jean-René : Exactement.

Sébastien : Puis peut-être Dow Jones, un peu plus valeur, par exemple?

Jean-René : Oui, exactement. Puis, tu sais, valeur, on peut penser aussi énergie. Souvent, c'est un secteur qui est plus valeur, les banques, compagnies financières. Et puis, tu sais, à la fin de la journée, pour moi, ce qui est important, c'est qu'il n'y a pas, il n’y a pas une meilleure approche qu'une autre. Je pense que toutes les approches peuvent bien fonctionner si on a le talent pour le faire, si le gestionnaire suit bien son processus d'investissement. Donc, on a vu, le plus facile à comprendre, c'est le style croissance de 2020-2021. C'était extraordinaire, la performance, alors que le style valeur faisait très mal. Et là, en 2022, ça a été un renversement assez, assez puissant de ces performances-là. Donc, c'est ça, il y a beaucoup de différents styles.

Sébastien : Est-ce que ça prend une personnalité spécifique pour investir selon un style? Est-ce qu'il y a autant de styles de gestion que de gestionnaires de portefeuilles?

Jean-René : Moi, je pense que oui. Puis moi, comme, maintenant, j'ai géré des portefeuilles, maintenant je suis plus un leader d'équipe, je gère une équipe. Et ce que je dis toujours à mon équipe, c'est d'essayer de trouver 1) ce qu'ils croient vraiment être la meilleure approche selon eux, selon leurs talents aussi. Donc, il y a différents, on peut regarder, il y a différents styles, mais ça ne veut pas dire qu'un style tu vas être bon à le faire, et ce qui te passionne, ce que tu crois vraiment. Tu sais, je peux vous donner un exemple. Moi, par exemple, dans les styles de technologies, je n’ai jamais eu vraiment d'intérêt. Alors, rapidement, j'ai réalisé que j'ajoutais pas de valeur quand je gérais ce secteur-là. Moi, je suis convaincu que ça venait avec le fait que j'étais pas intéressé vraiment à ça. Alors qu'il y en a, moi j'en ai des gestionnaires qui vont, qui vont passer leurs fins de semaine à lire ça, juste parce qu'ils adorent ça. Alors, je peux pas me battre contre, contre ça. Alors, essayer de savoir, savoir ses forces et ses faiblesses et essayer de focusser sur ses forces. Et puis de limiter justement le côté faiblesse, là.

Ashleay : Puis, justement, qu'est-ce que ça prend pour être un bon gestionnaire de portefeuilles? Faut se connaître évidemment, mais à part de ça?

Jean-René : Oui, c'est une super bonne question. C'est vrai, se connaître, ça, c'est très important. Je pense d’avoir une confiance en soi extrêmement élevée. Et puis je m'explique. Quand je dis ça, puis quand je dis ça, c'est pas d'être arrogant. Il faut toujours être très humble comme gestionnaire de portefeuilles. Mais, tu sais, quand on regarde un titre sur le marché boursier aujourd'hui, je pourrais regarder, j'invente un chiffre, mais Tesla est à 300 $, là, ça veut dire que à 301 $, il y a quelqu'un qui le vend, puis à 299, il y a quelqu'un qui va l'acheter. Ça fait que le marché est toujours bien balancé, qu’il y a toujours autant de gens qui pensent que ça va monter, que ça va baisser. Alors, confiance en soi, c'est dire : « Écoute, moi, je pense que ça vaut 350, je l'achète, malgré tous les gens extrêmement intelligents qui pensent que ça va baisser. »

Sébastien : Il faut avoir des convictions.

Jean-René : Des convictions, puis croire en soi et puis pas être influençable, évidemment. Parce que sinon tu vas toujours avoir quelqu'un qui dit le contraire de toi, puis, comme je disais, tout en étant humble, dire « Bien moi je pense que c'est moi qui a raison » et puis à la fin de la journée, la vérité, c'est qu’un gestionnaire de portefeuilles, les meilleurs, à long terme, on a peut-être un 60 % de bonnes décisions. Puis, ça, c'est assez pour acheter de la valeur, puis que les gens investissement […].

Sébastien : Il y a des analyses qui montrent que, oui, même les meilleurs de ce monde ont raison un peu plus que 50 % du temps seulement. Mais qu'est-ce qui les distingue? C'est qu'est-ce qu'ils font quand ils ont raison. À quel point est-ce qu'ils restent longtemps dans leurs coûts qui gagnent, puis à quel point qu’ils sortent vite des endroits où finalement ils ont tort. Donc, c'est de ne pas être dogmatique, d'être pragmatique, mais d'avoir ses convictions. Donc, c'est un équilibre qui n’est pas toujours facile à aller chercher.

Jean-René : Oui, je suis d'accord, je suis extrêmement d'accord là-dessus. Alors, c'est un des points importants, effectivement.

Sébastien : Puis la passion, être curieux, lire beaucoup. Un gestionnaire de portefeuilles, ça peut pas juste prendre le téléphone, acheter des titres, vendre des titres, puis après ça, faire autre chose. Il y a toujours des choses qui se passent, ça bouge toujours, là?

Jean-René : Oui, il faut être extrêmement curieux. Puis, moi, quand je passe des entrevues, bon, quand les gens ont plus d'expérience, évidemment, c'est un peu plus facile à trouver parce que bon, tu vas avoir des indications si c'est un bon gestionnaire ou un bon analyste en posant des questions sur ses vues de marché. Quand les gens sortent de l'école puis ont moins d'expérience, moi, c'est toujours des questions sur l'environnement politique et économique, les nouvelles, tu sais, parce que ça va, ça va démontrer est-ce que, est-ce que t'es curieux? est-ce que t'es quelqu'un qui s'intéresse aux choses? Tu sais, ça peut être une question sur la politique en France, par exemple, ou parce que, pour moi c'est vraiment ça qui va différencier si t'es passionné, t'aimes ce que tu fais. Tu sais, des fois, on discute ensemble, Sébastien, puis […]  j'ai pas travaillé en fin de semaine, mais tu sais, j'ai passé quatre, cinq heures à lire sur l'économie parce que pour moi ce n’est pas un travail, c'est une passion, ça fait que, mais pour ça, il faut être curieux. Ça fait que rapidement, si tu vas en entrevue et que tu réalises que les gens, écoute, ils s'intéressent pas à ces choses-là, bien, bien, le rôle de gestionnaire de portefeuilles est peut-être pas le bon rôle.

Sébastien : S'il y a des gens qui nous écoutent dans le moment puis qui se disent « j'aimerais ça être gestionnaire de portefeuilles, j'aimerais ça aller en finance », est-ce que tu dirais que c'est toujours une belle job ou il y a des journées que c'est pas vraiment une belle job?

Jean-René : Bien, moi, je dis souvent « gestionnaire de portefeuilles », ça peut être la meilleure job au monde, ça peut être la pire job au monde. Puis, je m'explique. Tu sais, c'est la meilleure job au monde dans le sens que tu vas passer, partir des fois sur des périodes, ça peut être un an, trois ans, ça peut aller jusqu'à cinq ans, ce qui est rare, où la plupart de tes décisions sont bonnes. Donc, je parle du 60 % à long terme, à court terme, 60 % de bonnes décisions peuvent être 85 %. Et puis, bon, il y a des tendances de marché qui vont te favoriser aussi dépendamment de ton style. Alors, quand ça, ça arrive, c'est super agréable; quand t'as raison, quand tu fais des bons investissements, tes clients sont contents. Je dis la pire job, c'est que des fois tu vas te retrouver dans un environnement qui est pas ton environnement. Et puis, là, le 60 % de bonnes décisions se retourne avec 80 % de mauvaises à court terme. Puis, ça ne veut pas dire que t'es pas bon, ça veut dire que c'est pas une bonne période pour toi, puis là, ça devient, ça devient extrêmement drainant et puis et puis ça prend beaucoup de confiance pour passer à travers de cette période-là.

Ashleay : Effectivement. Puis, tu sais, ça ressemble à quoi une journée typique d'un gestionnaire de portefeuilles? On dirait que moi je m'imagine là comme dans les films, tu sais, tout le monde crie d'un bord, puis de l'autre, puis tout le monde s'échange des papiers, puis des chiffres, puis parle-nous donc de ça.

Jean-René : Effectivement, c’est un bon point. Écoute, ça dépend qu'est-ce que, c'est quoi ton mandat. Tu sais, moi, je gérais un portefeuille d'actions globales. Alors, moi, évidemment, même, je regardais l'ouverture, avant de me coucher le soir, je regardais l'ouverture en Asie, pour voir c'est quoi la performance, là. Bon, tu te couches. Quand tu te réveilles le matin, c'est quoi les nouvelles qui ont sorti en Europe? C'est quoi, ce qu'on appelle, tu sais, les contrats à terme sur le S&P 500?  Donc, le marché s'en va où aujourd'hui? Puis après ça, tu vas regarder, évidemment, c'est quoi les nouvelles qu'il y a eu en Europe. Après ça, tu dis : « Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui? » Parce que c'est dur de prévoir une journée. Mais là, tu vas regarder c'est quoi les données économiques, qui vont sortir habituellement à 8 h 30, qui peuvent faire bouger le marché. Y a-tu aussi des compagnies qui rapportent, qui rapportent des résultats? Mais, la vérité, c'est que pour un gestionnaire de portefeuilles, il y a une grosse partie de la journée qui est, que tu peux pas planifier et il y a des nouvelles qui vont sortir pendant une journée, que ce soit politique, économique, des nouvelles d'entreprises qui vont avoir un effet souvent majeur sur le marché financier. Il faut que tu sois prêt à réagir rapidement. Alors, des fois, là, il faut que tu prennes une décision dans une minute ou deux, quand une nouvelle sort, si tu veux, si tu veux pouvoir bénéficier de l'inefficience de marché.

Ashleay : Super! Jean-René, Sébastien, je vous remercie pour votre partage. C'est vraiment intéressant d'en savoir un peu plus sur votre réalité. Les auditeurs, encore une fois, merci pour votre écoute. J'espère que vous avez apprécié cet épisode et si vous avez apprécié, n'hésitez pas à partager. On se dit : « À la semaine prochaine! » Bonne journée tout le monde! Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon et Jean-René Adam

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

Cours des actions

2024-04-24 12:53 HAE
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