Revue de l'année 2023

Cette semaine, on reçoit un gestionnaire de portefeuilles et on revient sur l’année 2023 côté économie!

Ashleay : Bonjour et bienvenue au balado À vos intérêts! Je suis votre animatrice Ashleay et cette semaine, avec mes collègues Sébastien Mc Mahon et Marc Gagnon, faisons un tour sur une année remplie de surprises, pour la plupart positives. Malgré les inquiétudes générales sur le plan économique en début d'année, l'économie mondiale a tenu le coup et Wall Street a même été fort généreuse. Alors bonjour à vous deux.

Sébastien : Salut, Ashleay.

Marc : Bonjour, Ashleay, bonjour, Sébastien, merci de me réinviter cette année encore pour cet exercice fort plaisant.

Sébastien : Oui, c'est le fun de regarder derrière, de se donner une note, ça nous rappelle toujours à quel point c'est difficile de faire des prévisions, surtout quand ça a trait au futur.

Marc : Sébastien, j'ai réécouté le balado de l'année passée et je crois qu'on peut se donner une bonne note. Malgré tout, il y a toujours des petits détails qu'on ne peut pas prévoir ou qu'on ne prévoit pas et qui font une grosse différence à la fin.

Sébastien : Puis c'est le fun quand les surprises sont généralement positives comme on a eu cette année plutôt que l'inverse.

Marc : Oui, effectivement.

Ashleay : Bien, c'est ça, justement, comme on l'a fait à la fin de l'année 2022, on ferme l'année avec une revue économique et financière de 2023. Alors je vous pars ça en force, messieurs. Alors, première question : pourriez-vous me rappeler brièvement quelles étaient vos attentes en début d'année?

Marc : Bien, on prévoyait que l'économie ralentirait autant aux États-Unis qu'au Canada, et ça a été le cas. Alors, ça, je pense qu'on peut cocher cette case-là. C’est effectivement ce qui s’est passé. Et là, Sébastien, il faut absolument que je te lance une fleur, puis pas de pot. Je me rappelle que tu avais prévu que la première baisse de taux allait être en 2024, début 2024. Et ça, c'était un peu plus tard que ce que la plupart des gens pensaient. Les gens pensaient, le marché, en fait, prévoyait que les baisses de taux allaient survenir en 2023.

Sébastien : Puis plusieurs, même plus qu'une, c'était trois coupures, autant du côté canadien que du côté américain. C’est ce que les investisseurs anticipaient, puis on regardait devant, puis on disait que l'économie canadienne peut ralentir, l'économie américaine aussi. Ça ralentit plus chez nous qu'aux États-Unis. Il y a plusieurs facteurs, puis on pourra en reparler après. Mais l'inflation, quand ça part à la hausse, l'histoire nous dit que ça prend un bon bout de temps avant de la ramener à la baisse. Donc je pense que c'était prudent d'être attentiste.

Marc : Tu as eu entièrement raison là-dessus. Et là, si c'est à mon tour de me lancer une fleur, j'avais parlé un petit peu des profits l'année passée qui allaient être en baisse de 10 à 15 %. Alors depuis le début de l'année, ils sont en baisse de dix, puis du 30 septembre 2023 au 30 septembre 2022, les dernières données auxquelles on a accès, ils sont effectivement en baisse de 15 %. Je n'ai pas été si pire de ce côté-là.

Sébastien : C’est bien. Puis malgré tout ça, les marchés boursiers ont quand même gardé le cap cette année. Dans les grandes surprises positives, je la mettrais en haut de la liste.

Marc : Oui, c’est certainement dans les grandes surprises positives, mais on va quand même un petit peu s’arrêter à ça parce que c’est vraiment intéressant. Deux choses font monter le marché. Puis je viens de parler des profits, puis l’autre c’est les multiples, puis par défaut, si les marchés n’ont pas si mal fait, c'est que les multiples se sont élevés, agrandis cette année, sont plus élevés qu'ils étaient en début d'année. Alors ça va être bien intéressant de revenir sur cette dynamique-là.

Sébastien : Oui, puis peut-être le dernier point économique, c'est la Chine. On regardait la Chine avec un œil attentif en début d'année. On savait que la fin du confinement arrivait, que la Chine allait rouvrir ses portes. Il y avait deux écoles de pensée : l'économie mondiale va bénéficier de ça ou la Chine rouvrira au mauvais moment, à un moment où les clients typiques de la Chine sont en ralentissement économique. Donc on s'est rendu compte cette année que la Chine n'a pas contribué grand-chose à l'économie mondiale. Une bonne nouvelle, peut-être, c'est qu'elle est en train d'exporter de la déflation, il y a peut-être ça qui vient aider. Mais sinon, la Chine a été un facteur assez marginal sur l'échiquier économique.

Marc : Oui, et maintenant que tu mentionnes la Chine, ça me permet de dire que c'était à la fois ma meilleure prévision et ma pire de l'année dernière. Parce qu'effectivement j'avais prévu, je ne sais pas si tu t'en souviens, qu'on aurait la fin du confinement quelque part en 2024. Et si je vous entraîne un peu dans les coulisses du podcast, ça faisait une semaine que le podcast était enregistré, que la Chine annonçait la fin du confinement. Alors j'ai quasiment eu raison trop tôt. Par contre, j'avais dit que ça aiderait beaucoup la Chine à repartir son économie, ça aiderait l'économie mondiale. Là-dessus, j'ai fait chou blanc, parce que, comme tu viens de l'expliquer, Sébastien, ça a été une année difficile pour l'économie chinoise.

Sébastien : Mais c'est dur faire des prévisions. Puis la Chine, la chose qui m'a peut-être surprise le plus cette année, c’est de voir, moi, je ne suis pas spécialiste de la Chine, mais vous savez, on lit beaucoup de ces spécialistes-là. Puis il y a un consensus qui s’est cristallisé en 2023 que les problèmes démographiques de la Chine, de un, le taux de natalité, même si maintenant il n'y a plus la politique d'un seul enfant, le taux de natalité continue de ralentir et de deux, le fait qu'il y ait autant de ménage à faire que ça dans l'endettement des entreprises, même des municipalités et des gouvernements locaux. Puis ça devient un consensus que la Chine a peut-être manqué sa fenêtre pour un jour devenir la plus grosse économie du monde.

Marc : Effectivement, tout comme toi, j'ai lu là-dessus et j'en suis venu un petit peu à me questionner puis à m'approcher de ce constat-là. On dit maintenant que la Chine va devenir vieille avant de devenir riche. Ça résume un peu comment tu l'as approché. Effectivement, elle fait face à des choix de plus en plus difficiles et ses marges de manœuvre diminuent quand même assez rapidement. Ça va être intéressant à suivre, ce qui va arriver de ce côté-là, et comment elle va envisager de se sortir de ce plafonnement-là.

Sébastien : La Chine est très pragmatique, donc plusieurs leviers. Mais en 2024, la Chine va être un élément à surveiller, certainement.

Ashleay : Puis, si on regarde, vous venez de nous parler des surprises du point de vue économique, mais du point de vue des plus grandes surprises du côté des marchés, ça avait l'air de quoi?

Sébastien : Veux-tu commencer?

Marc : Oui, je peux commencer. Alors, je pense que la plus grande surprise, si on regarde le marché boursier dans son ensemble, autant américain que canadien, est que le marché boursier américain a eu une super bonne année en date depuis le début de l'année. En date d'aujourd'hui, on est rendu à un rendement d'une vingtaine de pour cent et même un petit peu plus. Mais par contre, quand on va juste un étage en dessous, on se rend compte qu'il y a toujours nos super grosses capitalisations américaines qui ont influencé, puis on les appelle, avant il y avait les FAANG, ce n'est pas exactement les mêmes, c'est presque les mêmes, mais ce n'est pas exactement les mêmes qui ont eu cet impact-là. On les appelle les magnificent seven.

Sébastien : Les sept magnifiques.

Marc : Oui, c'est intéressant, on trouve toujours des noms différents pour situer ces compagnies-là, mais on se retrouve quand même avec à peu près les mêmes. Et il y a eu une innovation technologique qui a propulsé ces compagnies-là, la plupart de ces compagnies-là, cinq des sept en fait, vraiment de l'avant dès le début de l'année, d'une manière complètement surprenante. Puis ça a été ChatGPT, le langage d'intelligence artificielle, et très rapidement en dedans de six mois, ils ont tous décollé de manière très très importante. Ce qui fait que quand tu dis « OK, le S&P 500 fait 20 %, bon, parfait ». Et ces sept compagnies-là, les plus grosses, à elles seules, elles font 71 % de rendement et comme elles représentent maintenant le tiers presque du S&P 500, quand on regarde les autres, par contre, le S&P 493, lui, il fait juste 6 %. 6 %, ce n'est pas une grande année, là.

Sébastien : Ce n'est pas une grande année. Le TSX a fait 6 % cette année.

Marc : C'est ça que j'allais dire. Alors exactement, tu m'enlèves les mots de la bouche. On est à peu près pareil au Canada et aux États-Unis, mais tout le monde va regarder ça et va dire « Ah, wow, c'est une superbe année ». Alors, j'espère que si vous avez des sous aux États-Unis, que votre gestionnaire de portefeuille était quand même bien représenté dans ces sept compagnies-là. Parce que sans ça, vous n’allez peut-être pas avoir l'impression d'avoir eu une aussi grosse part de marché que vous pensiez.

Sébastien : Puis il y a plusieurs gens qui voyaient un signal économique là-dedans. Les marchés anticipent de bonnes choses sur l'économie américaine parce qu'ils regardent le marché boursier, comment il fait bien. Mais c'était un thème qui poussait. Puis c'est facile de faire un comparatif avec la bulle des dot-com de 99-2000 où oui, l'Internet a changé le monde. Mais quel joueur a vraiment changé le monde? Puis quand est-ce que c’était le temps de sortir du marché pour rentrer à un meilleur point d'entrée par après? Ceux qui vont réussir à naviguer les marchés en 2024-2025, probablement qu’ils devront naviguer ces sept titres-là.

Marc : Oui, ça, c'est un point intéressant, la bulle technologique par rapport à ces sept compagnies-là. Il y a du pour et du contre. Je vais y aller tout de suite dans ce qui pourrait nous faire penser qu'on pourrait être dans une espèce de bulle. Il y a effectivement une espèce d'engouement en ce moment pour ces technologies-là, mais on n'a pas toujours un plan d'affaires qui va nous rapporter des revenus puis des profits qui seront basés sur ces outils-là d'intelligence artificielle. Alors, on est très excité, on augmente les évaluations et il va rester à faire des profits avec ça, éventuellement. Donc, c'est peut-être un petit peu plus délicat de ce côté-là, un petit peu moins solide. Par contre, je dirais que ces compagnies-là, dans l’ensemble, elles n’ont pas des multiples aussi élevés qu'elles ont déjà eus. On parle là, on pourrait prendre les sept, puis les diviser en trois tiers. Le premier tiers, on parle de Meta, on parle de Google. C'est moins que 20 fois les profits pour l'année prochaine, ce n'est quand même pas exagéré. On a le deuxième tiers, on a Microsoft, on a Nvidia, puis on a Amazon, on est entre 20 et 30 fois. Plus dispendieux, mais quand même pas d'une façon extraordinaire. Et finalement, il nous reste les deux dernières, Apple puis Tesla. Eux sont plus chers. Tesla, 60 fois les profits de l'année prochaine, Apple, plus de 30 fois. Par contre, c'est la croissance des profits de ces compagnies-là qui est censée être forte l'année prochaine, donc on pourra en reparler d'ailleurs si tu veux. Mais effectivement, il faudra naviguer à travers tout ça. Mais dire que c'est une bulle technologique, je serais moins inquiet, disons, qu'à l'époque.

Sébastien : Puis du côté des taux d'intérêt, le marché obligataire, c'est une grande partie du portefeuille des clients moyens. Je vous dirais que ça a été beaucoup plus volatile qu'attendu cette année. C'est peut-être un peu ça, la surprise. On savait que les marchés allaient flairer, qu'éventuellement il y aurait des coupures de taux directeurs fin 2023, début 2024, le timing était un peu incertain. Mais je vous dirais qu'une des surprises, c'est peut-être qu'on se serait attendu à une meilleure performance du marché obligataire en 2023. On a eu quelque chose d'un peu moins bon. On a eu du rendement entre 0 et 5 %. On a une bonne fin d'année pour le moment. Est-ce que ça va rester le mois de décembre? Est-ce que la volatilité pourrait revenir? Mais je vous dirais qu’un des éléments qu'on va regarder très fortement en 2024, avec les coupures de taux directeurs qui s'annoncent de façon assez concrète, le comportement du marché obligataire peut faire une bonne différence dans le portefeuille des investisseurs.

Marc : Oui, ça, c'est un aspect très intéressant du côté du marché obligataire, parce que le marché obligataire n'a pas cru vraiment, nécessairement que les taux avaient raison d'augmenter, devaient augmenter jusqu'à tant que la Fed nous arrive avec son fameux higher for longer à la fin de septembre. Et là, tout à coup, tout le monde s'est dit « Ah, bien ça va être long pour l'éternité, maintenant ».

Sébastien : Ils nous le disent depuis longtemps, mais là, cette fois-ci, on comprend.

Marc : Là, on le croit. Puis, à ce moment-là, les taux se sont propulsés vers 5 % aux États-Unis pour les dix ans et 4,3 % pour les dix ans canadiens. Donc ça a augmenté d'une manière très rapide à partir de ce moment-là, puis, curieusement, on l'a vu, les mauvaises nouvelles économiques ont commencé un petit peu à sortir vers la fin d'année, ce qu'on prévoyait déjà depuis un bon bout de temps. Puis ça a été ça, dans le fond, la surprise, c'est que l'économie américaine a été beaucoup plus résiliente qu'on pensait. Ça a pris un peu plus de temps avant que ça arrive. Mais quand c'est arrivé, c'est arrivé tout d'un coup. Puis là, parce que les mauvaises nouvelles économiques sortent, les dix ans aux États-Unis ont reculé. Ils sont revenus à 4,10, puis au Canada, on est revenu à 3,5 tout aussi rapidement qu'on a augmenté. Alors, de la fin septembre à la fin novembre, on a augmenté de 1 %, puis on a diminué de 1 %.

Puis ça, d'ailleurs, c'est les marchés d'aujourd'hui, la différence, tu me demandais, Sébastien, avec il y a 22 ans, quand j'ai commencé, quand j'étais tout jeune, moins de cheveux gris, c'est la vitesse à laquelle les marchés réagissent. C'est ça qui a changé. C'est la vitesse de réaction des marchés. Elle était rapide avant, maintenant elle est ultra rapide.

Sébastien : Puis il y a tellement de données qu'on dirait que les convictions s'ancrent puis se « désancrent » au gré d'une donnée à une autre. C'est que c'est assez difficile à suivre. D'où la gestion active, c'est la clé. Mais avoir un plan de long terme, comme on dit toujours, c'est la solution pour faire croître son patrimoine.

Ashleay : Excellent! Merci beaucoup, messieurs, c'est tout pour aujourd'hui. On espère que vous avez apprécié cet aperçu de l'économie canadienne et américaine de l'an 2023. On a aussi touché sur les enjeux économiques mondiaux. Alors on vous remercie d'avoir été des nôtres et on vous souhaite un joyeux temps des fêtes et une superbe année 2024. À bientôt. Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon et Marc Gagnon

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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