Battre les marchés : est-ce possible?

Les investisseurs veulent tous « battre les marchés », ce qui signifie surperformer de façon constante, à long terme. Qui ne veut pas trouver la recette secrète et devenir milliardaire rapidement à la suite de placements futés? Battre les marchés : est-ce possible pour le commun des mortels? On en discute avec Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste sénior chez iA Groupe financier.

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier dans lequel on discute de l'essentiel de l'actualité économique et de ses impacts sur vos finances en moins de dix minutes. Nous le savons, les investisseurs veulent tous battre les marchés. Qui ne voudrait pas trouver la recette secrète et devenir milliardaire rapidement à la suite de placements futés? Mais est-ce que ça se peut, battre les marchés? Mon nom et Ashleay. Je suis en compagnie de mon collègue Sébastien Mc Mahon, notre stratège en chef et économiste senior chez iA Groupe financier. Bonjour Sébastien.

Sébastien : Bonjour Ashleay.

Ashleay : Alors, comment battre les marchés?

Sébastien : Certains grands noms ont réussi à atteindre des rendements exceptionnels. On pense toujours à des investisseurs comme Warren Buffett, mais on entend parler d'eux justement parce que c'est exceptionnel quand ça arrive. La question qu'on se fait souvent poser, c'est « est-ce qu'il y a une recette magique qui est disponible peut-être uniquement au sein d'un club sélect d'investisseurs? Ou peut-être est-ce qu'un des milliers de livres sur les placements, qui est disponible en librairie, contient la formule magique? » Mais tu vas te douter, Ashleay, que la réponse à ça, bien sûr, c'est non.

Ashleay : Alors, comment faire à ce moment-là?

Sébastien : Ceux qui ont un historique très bon de surperformance en investissement, ce qu'ils font, c'est qu'ils sélectionnent les bons titres en bourse, achètent et vendent au bon moment. Ils peuvent avoir accès à des actifs ou des marchés où le commun des mortels n'est pas vraiment admis. Mais je te dirais que la clé pour « battre les marchés », c'est de surperformer de façon constante et puis à long terme. Donc, la chance fait clairement partie de l'investissement. Mais on ne peut pas être chanceux tout le temps.

Ashleay : Excellent. Et puis les méthodes démontrées qui sont optimales, est-ce qu'on a une recette?

Sébastien : Les recherches démontrent que l'investissement systématique, c'est de loin la meilleure approche à l'investissement. Donc en clair, ça veut dire commencer à épargner jeune, mettre de l'argent de côté chaque semaine ou à chaque paye, à chaque mois ou à chaque année, peut-être dans la saison des REER. En fait, on a fait des analyses, puis nos analyses démontrent que la fréquence n'est pas si importante que ça. L'important, c'est d'être constant. Investir pour le long terme, là, ça devrait être l'exercice le plus ennuyeux de votre vie. Donc, spéculer puis investir, c'est deux choses qui sont différentes. Et puis devenir riche, ou du moins accumuler de la richesse tout au long de sa vie, pour le commun des mortels, pardonne-moi l'expression Ashleay, mais ça devrait être plate.

Ashleay : Et puis, bien, prendre des risques, on s'entend, ça ne veut pas dire spéculer, justement.

Sébastien : Non, spéculer, c'est un beau passe-temps, tout comme suivre les numéros gagnants à la loterie. Mais il y a une raison pour laquelle les billets de loterie coûtent généralement 1 $, 2 $, 5 $. C'est prudent de limiter à des petits montants les exercices qui sont spéculatifs. C'est exactement là le rôle du conseiller financier : nous protéger comme investisseur de courir après les saveurs du mois. Par exemple, pendant la pandémie en 2020, en 2021, l'abondance de liquidités, des taux d'intérêt bas, des transferts des gouvernements pour supporter les ménages, ça fait en sorte qu'il y a plusieurs thèmes d'investissement spéculatifs qui sont devenus attrayants. Vous avez probablement des amis qui vous parlaient beaucoup plus de cryptomonnaies. On entendait parler de NFT, on entendait parler beaucoup des gens qui faisaient de l'argent avec des titres technologiques. Tous ces marchés-là ont affiché de très bons rendements en 2020 puis 2021. C'est toujours tentant d'embarquer dans la vague. Mais l'histoire typique, généralement, c'est que l'investisseur moyen embarque tard, alors que les gains sont déjà faits, puis que la gravité s'apprête peut-être à ramener sur terre les prix exorbitants de ces actifs spéculatifs là. Donc il y a plus de gens qui perdent de l'argent à spéculer que des gens qui se rendent riches. Je vous dirais, faites bien attention aux histoires des amis des amis et puis des beaux frères.

Ashleay : Oui. Puis on se compare toujours aux histoires qu'on entend. Les gens parlent uniquement de leurs bons coups, on a cru remarquer. Les données démontrent que l'investisseur moyen est en effet très moyen.

Sébastien : Exactement. On a des données ici qui nous proviennent de la banque JPMorgan, la banque américaine. Puis c'est pour la période de 20 ans allant de 2002 à 2021. Les actions américaines ont rapporté en moyenne par année 9,5 %, donc à peu près 10 % par année dans les 20 dernières années pour les actions. Les obligations américaines, on parle d'environ 4 %. Un portefeuille balancé, 60 % d'actions, 40 % d'obligations, on parle d'environ 7,5 %. Puis l'investisseur moyen, selon les données propriétaires des clients de JPMorgan, bien, 3,6 % en moyenne par année. Donc, il ne faut pas oublier que les actions, c'était presque dix, puis l'investisseur moyen, on est à 3,5. Donc, si on remet ça en dollars, là, quelqu'un qui avait investi 10 000 $ en 2002, fin 2021, on regarde la valeur du portefeuille. Si cette personne-là était restée dans un portefeuille balancé, 60 % d'actions, 40 % d'obligations, qui est le portefeuille type de la plupart des investisseurs, il y aurait 41 695 $ dans ses poches. Mais l'investisseur moyen se retrouve plutôt avec en moyenne environ 20 200 $ dans son portefeuille, donc c'est un écart de rendement d'environ 20 000 $. Puis, je vous dirais, pourquoi l’investisseur moyen fait-il moins bien que le marché? C'est que les gens ont tendance à essayer trop fort de battre les marchés, sortent au mauvais moment, entrent au mauvais moment, achètent les mauvaises choses, courent après les thèmes. Et puis c'est comme ça qu'on, en bon québécois, se tire dans le pied.

Ashleay : Et pour le bénéfice de nos auditeurs, pourrais-tu nous expliquer pourquoi on se fie à JPMorgan?

Sébastien : JPMorgan, c'est la plus grande banque privée au monde. C'est une banque américaine. Leur base de clientèle est tellement vaste que quand ils publient des données sur les rendements, le comportement des investisseurs qui font affaire chez eux, on a quand même une bonne idée de l'étendue du marché international.

Ashleay : Puis est-ce que tu as quelques conclusions? Des conseils, peut-être, à offrir?

Sébastien : Oui, tout à fait. C'est l'investissement, quand je disais que ça devrait être ennuyeux, c'est des principes de base qu'on a toujours avantage à appliquer de façon constante dans le temps. Donc l'objectif de l'investissement, c'est de faire fructifier votre capital. Donc je vous dirais, laissez les professionnels tenter de battre les marchés, achetez des fonds d'investissement qui ont une bonne réputation, qui ont tendance à avoir de bons rendements dans le temps. Laissez ça aux professionnels, la partie de « battre les marchés ». Des stratégies simples sont accessibles à tout le monde, tout ce que ça demande, c'est un, de la discipline, et puis de la patience. Donc c'est beaucoup là, la clé : d'avoir une approche disciplinée et puis d'être patient. Passer du temps dans les marchés plutôt que d'essayer de trouver les points tournants, je vous dirais que ç'a été démontré de façon historique que ça a beaucoup plus d'impact sur votre capital à long terme, donc de demeurer investi et de laisser les émotions de côté. Quelque chose de très important qui est ressorti beaucoup au cours des dernières années dans toutes les questions que je me fais poser, c'est : achetez seulement des actifs que vous comprenez et sachez toujours pourquoi vous achetez ces actifs-là. C'est comme n'importe quoi que vous allez acheter au quotidien, c'est votre argent après tout. Donc si vous investissez dans quelque chose que vous ne connaissez pas, parce que vous avez entendu dire par un ami d'un ami que c'était la prochaine chose qui allait vous rendre riche, eh bien, si vous perdez votre argent bien, vous n'avez pas grand monde à blâmer, à part vous. Donc c'est votre argent, faites-y attention, c'est vos économies. Surtout, ne pensez pas que tout le monde réussit sauf vous. Il y a quelque chose que j'aime appeler le sentiment que tout le monde était à un party et on est le seul qui n'est pas invité. Donc, n’ayez pas l'impression que tout le monde est en train de faire de l'argent dans le marché et de vous laisser de côté. L'investisseur moyen a en réalité une bien piètre feuille de route.

Ashleay : Excellent. Merci beaucoup, Sébastien, pour ces conseils. Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon

Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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2024-04-23 12:40 HAE
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