Sébastien : Bienvenue au balado À vos intérêts! Mon nom est Sébastien Mc Mahon et aujourd'hui, ce que je vous propose, c'est de faire le tour de l'actualité politique, économique et des marchés à la rentrée d'hiver 2025.
Donc, il se passe beaucoup de choses dans le monde. On va commencer par le sujet brûlant : l'arrivée du président Donald Trump à la Maison-Blanche qui va se faire le 20 janvier 2025. Donc, au moment où on enregistre cette capsule, on est à environ une semaine avant l'inauguration du président Trump. Donc, il y a encore beaucoup d'inconnus, mais on commence quand même à être capable de déceler les grandes lignes de ses politiques. Et puis bien sûr, la politique la plus importante qui va venir frapper le monde, c'est la politique commerciale américaine.
Et ce qui est très intéressant, c'est que ce qu'on est en train de comprendre ou de déceler de ce qui sort à gauche et à droite de ses collaborateurs proches, ceux qui ont été nommés pour des rôles importants, c'est que maintenant, la politique commerciale pourrait être liée à la sécurité nationale américaine. Ça, ça vient changer un petit peu l'ordre des choses en termes de géopolitique, parce que là, on sait que les tarifs vont venir. La question, c'est : « qui sera frappé par les tarifs? » Si on fait simplement écouter monsieur Trump, on a l'impression que tout le monde va être frappé et puis que chaque personne devrait payer pour le grand privilège de pouvoir vendre des biens et services aux ménages et aux entreprises américaines, mais vous savez, ce n'est pas un jeu à somme nulle, le commerce international. S'il y a des exportations qui se font aux États-Unis, c'est parce qu'il y a des biens importés qui se font à de meilleurs prix pour les consommateurs américains, mais c'est aussi parce qu'il y a des expertises qu’ils n’ont pas aux États-Unis, puis ça coûte moins cher de produire ailleurs.
Maintenant, est-ce qu'on va vraiment frapper tout le monde, ou est-ce qu'on va frapper plutôt des pays comme la Chine? Par le passé, ça a été démontré quelques fois que les pratiques commerciales de la Chine peuvent être douteuses. Donc probablement que ça, oui, c'est écrit dans le ciel que la Chine va être frappée par des tarifs commerciaux. Les autos européennes, on va probablement aussi voir des tarifs être implantés là. Puis c’est peut-être évident pour tout le monde, mais au cas où ça ne le soit pas, les tarifs, ce n'est pas payé par les exportateurs, c'est payé par les importateurs américains, qui doivent payer une taxe au gouvernement quand ils importent un bien étranger. Donc ça, c'est inflationniste pour les consommateurs américains. Donc, il y a un impact économique ici qui est assez important.
Maintenant, quelle ampleur ces tarifs-là vont-ils prendre? La Chine, monsieur Trump a parlé à certains moments de 20 %. À d'autres moments, il parlait de 60 %. Donc ça, ça peut avoir un impact qui peut être faible, modéré ou assez important pour certains pays qui vont voir leurs exportations devenir moins compétitives aux États-Unis. Pour le Canada, c'est là la question. Est-ce qu'on va avoir des tarifs? Est-ce que vraiment monsieur Trump va aller jusqu'à 25 % de tarifs sur les exportations canadiennes, surtout en tenant compte du fait qu'on a des exportations en énergie, en pétrole et en gaz naturel qui sont assez importantes aux États-Unis? Ce n'est pas vrai que les États-Unis peuvent tout d'un coup dire : « on va arrêter d'importer du pétrole du Canada », parce que les pipelines vont directement aux raffineries qui sont outillées pour raffiner le pétrole canadien. Donc, se substituer à d'autres provenances pour le pétrole, ça serait difficile. Donc probablement que c'est encore une fois le consommateur qui va payer.
Puis est-ce qu'il va y avoir des représailles? Est-ce que chaque pays qui s'est fait menacer de tarifs, dans le moment, dit : « Bien, on va vous en mettre nous aussi », puis là, on pourrait dégringoler.
Donc, le cataclysme, ici, sur les relations internationales, c’est qu’il semble se dessiner un nouvel ordre mondial dans le sens qu'il y aurait les « amis » des États-Unis, donc ceux qui accepteraient de subir des tarifs sans donner de représailles aux États-Unis, et puis de partager le fardeau de la défense. Donc, les États-Unis disent : « on vous protège, on vous défend, donc vous n'avez pas à nous mettre de tarifs en contrepartie. Puis c'est normal qu'on en mette sur vos produits pour payer cette protection-là qu'on vous offre. » Donc, les amis seraient un groupe.
Il pourrait aussi y avoir les alliés, mais qui sont exclus du parapluie de la défense, donc des partenaires qui osent y aller avec des représailles aussi envers les États-Unis. Donc ils seraient non protégés par la défense. Donc le Canada, est-ce qu'on serait un ami? Est-ce qu’on deviendrait un allié exclu du parapluie de la défense? Donc ici, vous voyez, c'est toutes des grandes caricatures, là. Probablement qu'on va arriver à quelque chose qui va être moins drastique que ça, mais quand même, c'est un peu ça qui est en train de se dessiner.
Puis finalement, le troisième groupe, bien sûr, ça serait les adversaires comme la Chine et puis la Russie.
Pendant ce temps-là, au Canada, on a un changement de gouvernement. Probablement que ça va être en mai ou en juin qu'on va avoir les résultats de l'élection. Disons que c'est écrit dans le ciel qu'il va y avoir un changement de gouvernement, qu'on risque d'avoir un gouvernement conservateur. Mais, entretemps, les négociations avec les États-Unis, comment est-ce que ça va pouvoir évoluer si on a une espèce de creux de leadership? Les risques économiques qui viennent avec tout ça, ce sont de grandes questions.
Au point de vue politique, au premier trimestre, je vous dirais que c'est assez chargé. Au moment où on enregistre ce balado-ci, on n'a pas beaucoup de réponses, mais je vous dirais que c'est ce qu'on va suivre. C'est ce dont on va vous tenir informé au cours des prochains mois.
Au point de vue économique, je vous dirais que les données économiques canadiennes sont un peu meilleures. La confiance des ménages est en hausse, les dépenses de consommation aussi sont plus favorables. On a de l'incertitude sur les tarifs. Toute l'histoire que je viens de raconter, ça nuit aux investissements. Même si les tarifs ne sont pas en place, on sait que les entreprises se disent : « Bien, je vais attendre avant d'investir, je vais attendre avant d'embaucher des gens parce que je ne sais pas ce que seront les règles du jeu en 2025 et en 2026. » Donc déjà, ça a un impact économique négatif. Puis bien sûr, la productivité et la compétitivité des entreprises canadiennes, c'est déjà un problème comparativement aux autres firmes, par exemple américaines. Donc on prend du retard qui se creuse ici avec cette incertitude-là sur nos investissements.
La Banque du Canada, on pense qu'elle va continuer de baisser son taux directeur. On est à 3,25. L'été dernier, en 2024, on était à 4,5 %, donc on a quand même fait un bout de chemin. Une autre baisse du taux directeur à la fin janvier, je vous dirais que c'est écrit dans le ciel. Mais après ça, est-ce qu’on va se rendre vraiment à notre cible de 2,5 % cet été? Donc c'est la cible, le point de vue qu'on a, on pense qu'on devrait arriver à ce niveau-là assez rapidement. Mais avec toute cette incertitude-là, on verra ce que la Banque du Canada décide de faire.
Pendant ce temps-là, le dynamisme économique aux États-Unis demeure fort. La Réserve fédérale reste sur les lignes de côté – ou risque de rester sur les lignes de côté – une bonne partie de l'année. Ça, ça peut être encore très bon pour le dollar américain, puis peser sur les perspectives du dollar canadien en cours d'année.
Si on continue ou on termine le tour d'horizon, en Europe, il y a des vents de face. On voit qu'il y a un manque de productivité, il y a une montée du populisme, il y a un vieillissement de la population. Donc il y a plusieurs éléments qui sont négatifs pour l'Europe, qui font en sorte qu'il ne faut pas vraiment compter sur l'Europe pour venir sauver la mise économique en 2025.
Puis en Chine, il y a des réformes importantes qui sont proposées, mais les actes ont tendance à être plutôt timides. Donc est-ce que la Chine vraiment va se sortir de cette récession de bilans là dans laquelle elle est, en 2025, ou est-ce qu'encore une fois, elle va plutôt traîner l'économie mondiale vers le bas?
Je vous dirais que quand on regarde l'année 2025, probablement que ça va être une année économique qui devrait être bonne, mais pas exceptionnelle. Il devrait y avoir de la volatilité. Il y a quand même beaucoup de risques. On va avoir plus d'informations au cours des prochains mois, sauf que si on exclut le pire des scénarios des politiques commerciales du nouveau président Trump, bien on a quand même un terreau qui est relativement fertile pour avoir une année qui est correcte au niveau économique.
Maintenant, tout ça, ça nous amène aux marchés. Bien, les actions américaines en ce moment semblent dispendieuses. Puis la valorisation des actions, c'est très peu utile dans le court terme. Les marchés peuvent être chers ou pas chers, ça n'a pas vraiment de corrélation avec le rendement qu'on voit dans l'année qui suit une observation. Mais quand on regarde sur les dix années qui suivent une observation, bien là, les valorisations ont de l'importance. Donc en clair, ce que ça veut dire, c'est que le marché américain, oui, semble dispendieux en ce moment. Ça ne veut pas dire grand-chose sur les rendements auxquels on peut s'attendre en 2025, mais entre 2025 et 2035, donc en moyenne dans les dix prochaines années, il faut s'attendre à partir de maintenant à avoir des rendements plutôt faibles pour les actions américaines, à moins qu'on ait une espèce de révolution extraordinaire au point de vue de l'intelligence artificielle qui viendrait faire augmenter la productivité et la profitabilité des entreprises. Mais je vous dirais qu’en ce moment, l'histoire dicte que c'est probablement le temps de commencer à étendre ses œufs dans d'autres paniers.
Les actions canadiennes sont attrayantes sur une base de valorisation, même avec l'incertitude en lien aux tarifs. Les actions japonaises sont intéressantes en termes de valorisation, donc il y a plusieurs autres opportunités.
Puis là, on parlait des actions, mais si on va du côté des obligations, les taux d'intérêt ont augmenté quand même beaucoup depuis le mois de septembre. Maintenant, à partir de ces niveaux-ci, les taux d'intérêt qui frisent le 5 % pour les obligations américaines à dix ans, ça commence à offrir des opportunités d'entrée dans les obligations. Puis les obligations peuvent finalement faire partie d'une bonne source de rendement dans un portefeuille.
Pour terminer, quelques vues à sens contraire, ici, pourraient être intéressantes à explorer en 2025. Ce sont des vues qu'on a commencé à explorer, même à mettre en place progressivement dans nos portefeuilles.
Prendre une position à sens contraire sur l'or, donc se positionner pour un recul de l'or. L'or a très bien fait en 2024, mais les facteurs qui l'ont poussé à la hausse pourraient se renverser – ont même commencé à se renverser – puis ils pourraient pousser le prix de l'or à la baisse. Donc c’étaient des baisses synchronisées de taux d'intérêt. Maintenant, on se pose la question si les banques centrales vont être capables de continuer à baisser de façon synchronisée. Les risques géopolitiques qui étaient en augmentant, si Donald Trump vraiment suit sa promesse puis tente de régler le conflit entre l'Ukraine et la Russie, peut-être que ça pourrait enlever la pression sur la géopolitique. Donc, il y a ce morceau-là.
Le dollar canadien, j'en ai parlé tantôt, tout le monde voit le dollar canadien à la baisse. Tout le monde est positionné contre le dollar canadien et nous, on voit ça d'un bon œil. Généralement, quand tout le monde est positionné d'un côté, ça devient intéressant de prendre la position inverse. Donc on commence à se positionner pour un possible rebond du dollar canadien en 2025.
Donc plusieurs idées ici. Je vous dirais qu'on va avoir un trimestre assez chargé. De quel côté va-t-on voir la politique commerciale américaine pencher? Les impacts économiques? Les impacts sur les marchés? C'est ce dont on va vous parler au fur et à mesure que ce trimestre-ci va se dérouler.
Donc, c'est toujours un plaisir de vous servir. J'espère que vous avez apprécié cet épisode et puis je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode du balado À vos intérêts!
À propos
Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.
Sébastien Mc Mahon
Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuillesCe balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.