Sébastien : Bonjour tout le monde et bienvenue au balado À vos intérêts! Mon nom est Sébastien Mc Mahon, et aujourd’hui je suis accompagné de mon collègue Philippe Millette, vice-président adjoint, Épargne et retraite individuelles, chez iA Groupe financier. Salut Philippe!
Philippe : Salut Sébastien, ça va bien?
Sébastien : Ça va très bien. C’est toujours un plaisir de t’accueillir ici. C’est ta deuxième ou troisième fois avec nous?
Philippe : C’est ma deuxième fois.
Sébastien : Ok.
Philippe : Mais on a quand même l’occasion de travailler souvent ensemble : virtuel, radiophonique…
Sébastien : Oui. Tout à fait. On a fait la tournée du Québec ensemble aussi à quelques reprises. Donc, c’est toujours un plaisir de passer du temps avec toi. Puis là, je regardais le calendrier avant qu’on commence. Aujourd’hui, on est à la mi-décembre, donc on approche de la fin d’année, puis on s’approche du mois de janvier. Et qui dit « janvier » dit « résolutions financières ».
Philippe : Et voilà!
Sébastien : Puis des résolutions aussi, pas juste financières, tous les types de résolutions. Mais aujourd’hui, on va en parler. On va regarder ce que ça veut dire, des résolutions financières. Comment peut-on prendre de meilleures habitudes en 2025, peut-être?
Philippe : Absolument. C’est le temps de l’année. On parle des résolutions. Souvent, on dit que les résolutions on les prend, mais on ne les maintient pas. Mais quand même, à ce temps-ci de l’année, réfléchir à tout ça, prendre des résolutions… Si on a déjà des résolutions de prises, les réévaluer, mais prendre des résolutions et garder le cap.
Sébastien : Puis si on regarde au sens large avant de tomber dans les résolutions financières, le but c’est de prendre de meilleures habitudes qui peuvent nous amener plus loin. Parce qu’il y a un dicton que j’entends souvent, qui est : « chaque action qu’on prend, c’est un vote pour la personne qu’on veut être dans le futur. » Donc ici, ça ne veut pas dire qu’en 2025, bien il faut tout changer, tout chambouler, mais il faut essayer de prendre de bonnes habitudes qui vont nous amener vers où on veut aller. Mais si on se focalise sur des résolutions financières, qu’est-ce qu’on devrait maintenir ou peut-être même changer dans nos habitudes financières au début d’année?
Philippe : Avant de « maintenir » Sébastien, il faudrait juste s’assurer qu’on a la principale résolution financière la plus importante à prendre, c’est à dire avoir un plan de match. Ça prend un plan de match. Si on n’a pas de plan de match, il faut travailler sur un plan de match. Si on a un plan de match, il faut s’assurer de le maintenir parce qu’un plan qu’on ne mène pas à terme, ça ne sert à rien. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas le réévaluer, qu’on ne peut pas l’ajuster, mais il faut le maintenir. Donc, la première chose, avoir un plan, le maintenir, puis quand on a un plan (et je dirais même avant d’avoir le plan), ça prend un conseiller financier. C’est le conseiller financier qui va nous permettre de travailler sur un plan adapté selon nos besoins. Alors, un conseiller financier et un plan.
Sébastien : Puis, pour avoir un plan, il faut se poser les bonnes questions.
Philippe : Absolument.
Sébastien : Donc un conseiller financier peut beaucoup nous aider à ce moment-là. On est toujours bon maintenant d’aller sur Google, d’aller sur ChatGPT et de chercher les réponses. Qu’est-ce qui peut vraiment changer ma vie du point de vue financier, mais du point de vue forme physique aussi? N’importe quoi. Mais ultimement, ce sont des petites choses, puis poser les bonnes questions. Tu sais, moi, je suis passé par là aussi récemment. Je connais bien les marchés, je connais bien la finance, mais quand même, à un certain moment, si tu veux avoir une planification à long terme qui est plus étoffée, ça te prend de l’accompagnement, peu importe qui tu es. Puis commencer à penser, tu sais : on parle de plan d’accumulation, mais on parle aussi de plan de décaissement à un certain moment. Quels sont tes objectifs à court, moyen et long terme? On veut maintenir les habitudes qu’on a acquises, mais aussi les étapes de vie, ça avance. Tu sais, on ne rajeunit pas personne. Puis, à un moment donné, les enfants vieillissent, les enfants deviennent des adultes. Donc ça implique qu’on a besoin de prendre de nouvelles habitudes, de nouvelles décisions. Donc le raccourci ou la façon simple, c’est vraiment juste d’être bien accompagné.
Philippe : Exactement. Le principal avantage d’être bien accompagné, même lorsqu’on a de l’expérience en tant qu’investisseur. La majorité des gens n’ont pas d’expérience, d’expertise en tant qu’investisseur, mais certaines personnes en ont. Mais malgré ça, ces gens-là devraient avoir un conseiller financier parce que la plus grande valeur d’un conseiller financier, c’est de gérer les émotions. La principale raison pour laquelle les gens n’atteignent pas leurs objectifs financiers, c’est encore une fois à cause de leurs émotions. On porte trop attention aux événements à court terme, on oublie les tendances à long terme et on oublie nos objectifs à long terme.
Sébastien : Oui, la gestion des émotions, c’est tellement la clé. J’aurais quelques chiffres même là-dessus. Deux choses : Premièrement, si on regarde l’année 2020 – peut-être que nos auditeurs ici vont se reconnaître – quand les marchés ont commencé à reculer, quand on entendait parler de la COVID. Vous savez, les marchés ont reculé fortement. Quelqu’un qui serait sorti quelque part fin février début mars. Après ça, on continue de voir les marchés dégringoler. Il aurait dit : « J’ai fait la bonne chose! » Mais est-ce qu’il aurait vraiment rembarqué dans les marchés au bon moment où il aurait attendu que les choses se stabilisent avant de rentrer? Puis peut-être bien qu’il aurait fallu attendre jusqu’à la fin 2020. Mais ultimement, une personne qui n’aurait absolument rien fait, qui serait restée dans les marchés, pleinement investie toute l’année 2020 et jusqu’à la fin 2021, aurait fait beaucoup plus d’argent que quelqu’un qui est sorti au bon moment, mais qui aurait attendu le moment idéal pour rentrer. Donc la gestion des émotions, c’est dans les deux sens. Et généralement, quand c’est le temps d’acheter, c’est le moment où on ne veut pas acheter. Donc il y a ce morceau-là. Puis si on va dans des données plus agrégées, il y a la banque JP Morgan, la plus grande banque au monde, qui partage des données sur ses clients, les portefeuilles de ses clients, les investisseurs chez eux. Puis ce qu’ils trouvent – ici, j’ai des données de 2001 à 2020, donc une période de 20 ans, on pourrait la déplacer à 2004 à 2024 et on aurait probablement le même résultat, mais sur cette période de 20 ans là, un portefeuille 60/40, donc avec 60 % d’actions et 40 % d’obligations, a eu un rendement annuel moyen de 6,4 %. Mais ce que JP Morgan trouve, c’est que l’investisseur moyen dans sa clientèle a eu un rendement, dans cette période-là, de 2,9 % par année. Ça, c’est la gestion des émotions : on a peur, on sort, on ne rachète pas au bon moment. Puis si vous vous dites : « 6,4 % versus 2,9 %, c’est juste 3 % et quelques par année. » Mais si on étire ça sur 20 ans, l’investisseur moyen a fait un rendement de 77 % total sur 20 ans, puis un portefeuille 60/40, où on fait juste s’investir au début, puis on ne touche absolument à rien, c’est 245 % sur 20 ans. Si on ramène ça en base simple, si vous aviez 100 000 d’investis, vous avez 177 000 au lieu de 345 000 après 20 ans. Puis tout ça, là-dedans, ce n’est pas une question d’alpha, ce n’est pas une question de choisir les bons titres au bon moment. Ce n’est pas vrai. C’est « Est-ce qu’on reste investi? Est-ce qu’on suit le plan ou est-ce qu’on surréagit aux nouvelles? » C’est là la différence.
Philippe : Ça s’appelle la discipline. La gestion des émotions, ça permet de rester discipliné. Tu as donné une étude. Je pourrais t’en donner plein. Toutes les études pointent dans la même direction. Pour l’investisseur moyen, peu importe son profil (donc le niveau de risque qu’il est prêt à prendre), toutes les études pointent dans la même direction : les gens font en moyenne la moitié du rendement auquel ils devraient s’attendre s’ils n’avaient pas été émotifs et s’ils étaient restés disciplinés. Et encore une fois, c’est là le principal avantage d’un conseiller. Mais en fin de compte, chaque fois que vous avez envie de ne pas investir, vous devriez investir. Et chaque fois que vous vous dites « Est-ce que je devrais sortir du marché? », vous devriez rester dans le marché.
Sébastien : Oui
Philippe : Dans le fond, la gestion des émotions, c’est résister à notre émotion primaire, puis continuer avec notre plan. Puis c’est pour ça qu’un plan, c’est important, Sébastien. Dans le fond, dans ma tête, il y a deux plans qui sont super importants : Un plan d’accumulation, donc un plan de retraite. Combien d’argent je vais avoir besoin pour ma retraite? Et puis un plan de décaissement. L’argent que je vais avoir accumulé va me durer combien de temps? Une des bonnes manières de rester discipliné, c’est de regarder son plan. Parce que si je me fais un plan pour les 30 prochaines années, puis je me dis : « Dans 10 ans, je suis censé être rendu là, puis dans 15 ans, je suis rendu là, puis dans 20 ans… » Et dans dix ans, il y a une crise économique, il y a une correction de marché, puis je regarde mon plan où je devais être rendu, qui a été mis à jour annuellement. Puis je regarde combien d’argent j’ai dans mon portefeuille, et je me rends compte que j’ai plus d’argent que là où je devrais être rendu. Parce que c’est souvent ça qui va arriver.
Sébastien : Oui.
Philippe : On va réagir à l’événement du moment. On va se dire : « Oh! Mon Dieu, je n’y arriverai pas! » Mais quand on regarde son plan, on est en avance, souvent.
Sébastien : Oui.
Philippe : Donc ça, ça devrait nous rassurer : « Parfait. Je suis correct. J’ai un coussin. Je demeure investi. » Le conseiller, c’est à ça qu’il sert. Mais comme je disais, sans parler du conseiller, gardez à l’esprit que, dans le fond, vous devriez faire le contraire de ce que vous avez envie de faire, de ce que vos émotions vous amènent à vouloir faire : rester investi et continuer d’investir.
Sébastien : Il y a un dicton chez les grands investisseurs qui dit que le moment d’acheter, c’est généralement le moment où tu ne veux absolument pas acheter. Quand tout le monde a peur. Puis c’est vrai ce que tu dis et c’est bon que tu parles de la dimension temporelle. Après dix ans, je regarde ma situation, je suis où je devrais être, bien c’est la valeur de la discipline à travers le temps. Donc le temps augmente. On gagne une année chaque année, tout le monde. Donc les rendements composés, on en bénéficie tous. Puis c’est justement ça, l’idée de prendre des résolutions. C’est que si on n’a pas les bonnes habitudes, on doit commencer à les prendre. Ce n’est pas l’année prochaine qu’on va devenir riche. C’est avec le temps, et c’est en gardant les bonnes habitudes. Donc des ressources, il y en a beaucoup. Mais pour gérer ses émotions, quoi de mieux que d’avoir un plan et d’être accompagné? C’est simple ultimement.
Philippe : Puis tu viens de dire quelque chose d’important : un plan et le mettre en application le plus vite possible. Encore une fois, on pourrait faire des calculs mathématiques et c’est facile à démontrer. Il y a des études qui ont été faites là-dessus. Je ne veux pas donner des chiffres en quantité aujourd’hui, mais on est mieux de commencer à épargner tôt, par exemple de 25 à 35 ans, ne plus épargner 1 $, mais laisser l’argent investi jusqu’à sa retraite à 65 ans. On va avoir deux fois plus d’argent rendu à sa retraite que si on avait commencé le même montant avec le même rendement à 35 ans, sans arrêt, jusqu’à 65 ans.
Sébastien : Oui.
Philippe : C’est fort, le rendement composé! Commence dix ans plus tôt et arrête d’investir, tu vas en avoir deux fois plus que si tu as commencé dix ans plus tard, puis que tu n’arrêtes jamais d’investir.
Sébastien : Puis ça, c’est disponible à tout le monde. Riches, pauvres, peu importe. Connaissant, pas connaissant, le rendement composé, il est disponible pour tout le monde. Puis il y a une question, juste pour terminer : les frais de gestion, la gestion autonome. Quel genre de résolutions on peut prendre là, qu’on soit connaissant ou moins connaissant?
Philippe : Oui, les frais, c’est un grand débat. Mon opinion sur les frais, c’est que l’expertise, ça se paye. Donc, si on fait affaire avec un conseiller financier, c’est normal qu’il y ait des frais. Quand on dit qu’il n’y a pas beaucoup de frais, c’est parce qu’il n’y a pas de conseil. Alors les statistiques disent que les conseillers amènent de la valeur nette des frais qui ont été payés. Donc moi, je crois fortement que les frais, c’est secondaire si on a les bons services puis le bon encadrement. Et souvent aussi, ce que les gens oublient et que je ramène à l’avant plan, c’est qu’un conseiller, sa valeur ajoutée, c’est de gérer les émotions. Ne serait-ce que ça, ça vaut de l’or. Et il y a beaucoup d’études qui ont été faites. Et là maintenant, on voit des études avec les fonds négociés en bourse, donc les fameux FNB qui n’ont pratiquement pas de frais de gestion. Les gens qui investissent dans des FNB, pour que les frais de gestion soient très faibles, obligatoirement, ils doivent investir sans conseiller financier. Et parce qu’ils n’ont pas de conseillers financiers, ils sont plus émotifs et parce qu’ils sont plus émotifs, les études montrent qu’ils font moins de rendement que s’ils avaient investi dans des fonds communs de placement où les frais sont plus élevés, mais où il y a un conseiller qui accompagne le client.
Sébastien : Donc on se paye quelque chose avec ces frais-là. Ce n’est pas de l’argent qui est jeté dans la poubelle.
Philippe : Il ne faut pas oublier que les frais d'un fonds commun ou un fonds distinct, ce sont des frais pour la gestion du placement et ce sont des frais pour l’accompagnement par le conseiller.
Sébastien : Puis on ajoute aussi la planification fiscale là-dedans et tout ça. Donc on a quelque chose en retour. Puis dans les études, je regardais quelques chiffres avant qu’on se parle ici : il y a des études qui démontrent que les clients qui font affaire avec un conseiller financier ont tendance à avoir 290 % plus d’actifs au moment de la retraite que ceux qui ne font pas affaire avec des conseillers financiers. Donc encore une fois, c’est de se protéger et puis d’avoir un plan. Toute la valeur composite du temps qui vient bénéficier à faire… Les bonnes décisions qu’on prend quand on est jeune, on en bénéficie beaucoup plus tard.
Philippe : Exact.
Sébastien : Ok, parfait. Merci Philippe. C’est toujours un plaisir d’échanger avec toi. Est-ce que tu aurais un dernier conseil avant qu’on se quitte?
Philippe : Bien, le conseil : gardez ça simple. Ayez un plan d’accumulation, ayez un conseiller, puis n’abandonnez pas.
Sébastien : Suivez le plan.
Philippe : Suivez le plan. Un point c’est tout.
Sébastien : Excellent! Parfait, Très inspirant. Merci encore, Philippe. Merci à tous nos auditeurs. On se retrouve la semaine prochaine pour un prochain épisode du balado À vos intérêts!
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Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.
Sébastien Mc Mahon et Philippe Millette
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