CPG ou fonds obligataire : comment choisir le meilleur placement pour votre argent?

Garantir un revenu pour un projet imminent ou pour un horizon plus lointain n’implique pas la même stratégie. Découvrez dans quels contextes opter pour un CPG est particulièrement indiqué, et dans quels autres il faut plutôt se tourner vers les fonds obligataires. Voyez aussi comment les taux d’intérêt sont intimement liés à ces instruments de placement!

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! Mon nom est Ashleay et je suis accompagnée de mon collègue Sébastien Mc Mahon, stratège en chef. Notre invité cette semaine est Hugo Noury, directeur et gestionnaire de portefeuille associé, revenu fixe et nous allons parler de CPG et de fonds obligataires. Alors bonjour, Hugo, bonjour, Sébastien!

Hugo : Bonjour à vous deux.

Sébastien : Salut, Hugo. CPG : qu'est-ce que ça veut dire avant qu'on commence, CPG?

Hugo : CPG, c'est assez simple en fait. Ça le dit : certificat de placement garanti. C'est un type de placement, en fait, qui est fourni par les institutions financières, généralement pour une période déterminée, puis on va avoir un rendement qui est garanti.

Sébastien : Donc, c'est quand, disons, on va à notre institution financière, puis on peut mettre notre argent, avoir 5 % sur douze mois, mais si on le sort avant douze mois, on a une pénalité…

Hugo : Oui. Généralement, il y a des frais de retrait anticipés. Mais oui, c'est ça.

Sébastien : OK. Donc, un CPG, c'est une façon d'avoir du revenu fixe qui est clair dans le futur, ce qu'on va avoir, avec une date déterminée; versus un fonds obligataire, puis des obligations aussi, généralement, on appelle ça du revenu fixe, mais ce n'est pas exactement la même affaire. Donc on a pensé t'inviter aujourd'hui pour démêler tout ça.

Ashleay : Puis peut-être que pour débuter, tu pourrais nous expliquer ce qu'est exactement ton rôle.

Hugo : Oui, j’aimerais juste débuter en disant qu'Alexandre Morin est passé à ce balado-là il y a quelques mois déjà. Puis je pense que ça avait super bien été pour expliquer un peu ce que le gestionnaire de portefeuille faisait dans l'équipe. Je travaille dans l'équipe de gestion active des fonds d'investissement de revenu fixe avec Alexandre. Puis moi, mon rôle est vraiment plus au niveau de l'analyse de titres, tout ce qui est l'évaluation critique du positionnement des portefeuilles. Puis finalement, le gros de mon travail vient dans la génération d'idées, puis éventuellement la création des transactions pour ces idées-là, pour amener de la valeur ajoutée à nos clients.

Sébastien : 
Puis Hugo, on travaille ensemble depuis longtemps. Tu es un gestionnaire de fonds obligataire chez nous. Tantôt, on a parlé d'un certificat de placement garanti (CPG) : c'est des types de placements offerts par les institutions financières. On dépose une somme d'argent pour une période déterminée, puis il y a un taux de rendement qui est garanti par l'institution financière. Mais un fonds obligataire, qu'est-ce que c'est?

Hugo : Un fonds obligataire, c'est un type de fonds d'investissement qui va investir, je vous dirais, majoritairement dans des obligations. Pour ceux qui sont peut-être un peu moins à l'aise, qu'est-ce qu'une obligation? Ce sont des titres de dettes qui vont être émis, que ce soit par des gouvernements, que ce soit par des municipalités ou des entreprises.

Sébastien : Très clairement, quand on dit que la dette du gouvernement fédéral est de X milliards de dollars, ou la dette du gouvernement provincial, il y a des institutions comme nous qui en achètent pour nos clients. Donc, un fonds obligataire, ce sont ces titres-là qui se retrouvent là.

Hugo : Exactement. C'est ça. Quand on achète une obligation, finalement, essentiellement, on prête de l'argent à l'émetteur. Donc, dans l'exemple que tu viens de donner, Sébastien, on prête de l'argent en tant qu'investisseur au gouvernement dans cet exemple-là, en échange d'un paiement périodique d'intérêts, puis du remboursement du prêt final à l'échéance.

Sébastien : OK!

Ashleay : Puis quels sont les principaux facteurs à considérer lorsqu'on choisit entre un CPG puis un fonds obligataire pour un placement?

Hugo : En fait, je dirais qu'il y en a plusieurs. On peut peut-être plus parler de taux de rendement. Si on dit « taux de rendement garanti » pour un CPG, c'est sûr que ceux qui vont préférer un peu de stabilité, c'est garanti, un CPG. Ça fait que c'est sûr que c'est plus facile au niveau de la prédiction. De l'autre côté, les fonds obligataires, ils vont être capables d'offrir, je dirais, un peu plus de rendement potentiel sur du moyen terme, mais ils vont avoir aussi plus de fluctuations de marchés à l'intérieur. Ça fait que là, je peux peut-être faire un lien avec le risque pour la différence entre ces deux produits-là. Le CPG, étant donné que c'est un produit qui est garanti, on va dire que le seul risque, c'est un risque qui va être très, très faible, mais ce serait que l'institution financière fasse défaut. Puis je dirais même, au-delà de ça, ce ne serait même pas si grave que ça, parce que c'est un produit qui va être garanti par la SADC. Donc, c'est quelque chose qui est assez pour des profils prudents, disons ça comme ça. Et de l'autre côté, les fonds obligataires, eux, sont moins risqués que les actions, mais ça va comporter un certain degré de risque en raison des fluctuations de marché. Donc ça, c'est un peu les deux gros points d'écart.

Sébastien : Moins risqué, ça veut dire que c'est moins volatil.

Hugo : 
Oui.

Sébastien : C’est dans ce sens-là, les rendements.

Hugo : Exactement. Donc le rendement d'un fonds obligataire, généralement, quand on regarde l'historique, est généralement moins volatil qu'un fonds d'actions ou même d'actions thématiques, où on va avoir un peu plus de volatilité. Ça fait que c'est la portion, on va dire, plus « pépère », mais qui est quand même très importante à avoir dans un portefeuille diversifié.

Sébastien : Puis on n’entre pas dans le fin détail, mais quand même, un portefeuille obligataire, ça fluctue selon les aléas des marchés quand même, même si ce sont des titres qui donnent des coupons ou des versements qui sont réguliers. On ne tombera pas là-dedans, mais quand même, il faut que les gens comprennent qu'il y a de la volatilité autour de la valeur d'un fonds obligataire dans le temps.

Hugo : Oui, exactement. Sans rentrer dans les gros détails mathématiques, parce que ce n'est pas l'objectif aujourd'hui, il y a quand même deux points importants qui vont différencier les CPG des fonds obligataires au niveau des fluctuations de marché. C'est le risque de taux d'intérêt qui va impacter un petit peu plus les fonds obligataires parce que ça fluctue avec le mouvement des taux d'intérêt. Puis tu sais, pour imager un peu, une obligation, il faut le voir un peu comme un crayon de plomb. Quand on appuie sur la mine du crayon de plomb, le côté de l'efface du crayon va monter. Bien, les taux d'intérêt, c'est comme ça que ça fonctionne au niveau du prix des obligations. Si les taux d'intérêt baissent, le prix de l'obligation, lui, va augmenter. Donc, ça va être le côté de l'efface, si je reviens à mon exemple. C'est aussi le principe d'un fonds obligataire : les taux baissent, le fonds obligataire va surperformer.

Sébastien : Ou il se passe quelque chose dans l'économie et les investisseurs comme nous regardent ça et se disent : « Probablement que les banques centrales vont devoir hausser ou baisser les taux d'intérêt plus vite ou moins vite qu'attendu. » Ça, ça peut faire bouger les taux d'intérêt et ultimement, ça fait bouger les valeurs des fonds obligataires. Donc, il y a de la volatilité économique qui vient s'installer aussi dans ces produits-là.

Hugo : 
Oui, exactement. Là, on parlait de risque de taux d'intérêt. De l'autre côté, ce serait, je dirais, le risque de crédit. En gros, c'est la probabilité que l'émetteur puisse rembourser ou non sa dette. Et plus la probabilité que l'émetteur rembourse sa dette est forte, plus on va avoir une obligation qui vaut cher, sachant qu'on a une bonne probabilité, comme je disais, que la dette au final soit remboursée.

Sébastien : OK. Puis il n’y a probablement pas de réponse claire là-dessus, mais est-ce qu'un CPG ou un fonds obligataire, ça peut être une meilleure option, une versus l'autre?

Hugo : C'est intéressant quand on dit l'un ou l'autre parce que je les vois un peu comme deux produits, quand même, qui ont des objectifs et des utilités différentes. En soi, le choix d'un CPG ou d'un fonds obligataire va dépendre en grande partie, je dirais, de la tolérance au risque et de l'horizon d'investissement des clients. Un des avantages du CPG, ça va être la sécurité; on va être assuré d'un retour sur notre investissement. Ce type de placement là a plus de sens pour une gestion de liquidités à plus court terme ou des déboursements à venir qu'on connaît d'avance, puis où on a un horizon d'investissement qui est assez court, où on ne peut pas avoir trop de fluctuations dans nos placements. Puis de l'autre côté, si on a un horizon d'investissement qui est un peu plus long terme, où on est prêt à accepter un peu plus de volatilité pour avoir la possibilité de gagner un petit peu plus, les fonds obligataires sont là pour ça, finalement, pour être adaptés un peu plus pour des investissements à plus long terme. Puis ça, ici, c'est quelque chose dont on ne parle pas souvent, et c'est peut-être un peu une belle plateforme pour en discuter. Il y a un danger finalement pour les investisseurs à être excessivement prudents comparativement à leur profil d'investissement. Ce que je veux dire par là, c'est que de ne pas prendre suffisamment de risques, par exemple, avec une surallocation au CPG ou trop de liquidités, pourrait s'avérer tout aussi risqué que d'avoir un risque démesuré en portefeuille. La portion du risque démesuré en portefeuille, on la connaît quand même assez bien. Si j'ai un profil prudent, par exemple, évidemment que je ne vais pas aller investir 10 % de mon portefeuille en cryptomonnaies. 
L'autre côté de la médaille, par contre, on en parle moins souvent. Ce sont des notions finalement de capacité via notre profil d'investisseur versus la volonté, ou ce qu'on pourrait appeler l'aisance, à prendre du risque. Puis ça, ça pourrait faire l'objet d'un balado entier, ce n'est pas l'objectif. L'idée, c'est plus de se garantir, parce que c'est ça qu'on fait avec un CPG : on se garantit un rendement plus faible, ce qui peut présenter le risque de ne pas atteindre nos objectifs à plus long terme. En d'autres mots, l'absence ou l'insuffisance de risque est un risque en soi.

Sébastien : Ça, c'est la notion de risque. En finance, on dit souvent que le risque est égal à la volatilité des rendements que tu génères avec tes avoirs. Mais un risque qui est très important, c'est le risque de ne pas atteindre tes objectifs financiers parce qu'ultimement tu ne t'es pas exposé à assez de volatilité dans ton parcours d'investisseur pour faire fructifier ton capital suffisamment pour atteindre la cible que tu t'es donnée. Donc c'est deux volets de la médaille importants. Juste pour terminer, ici, on est en 2024, les taux d'intérêt sont assez élevés en ce moment. Tes perspectives pour le reste de l'année?

Hugo : Bien, on continue en tant qu'équipe d'avoir une vision qui est assez positive de la classe d'actifs. Les taux de rendements obligataires disponibles actuellement sur les marchés se situent quand même à des niveaux assez élevés quand on regarde l'historique. Il faut retourner jusqu'à 2010, presque quinze ans quand même, pour retrouver des niveaux aussi élevés dans les taux obligataires canadiens, disons, à échéance dix ans pour un exemple précis. Contrairement aux actions, quand on parle de niveaux élevés en jargon obligataire, on aime ça. Ça sous-entend qu'on est payé plus cher pour les investissements. On aime ça avoir un taux de rendement plus élevé que l'historique, donc, c'est intéressant. Pour le profil risque/rendement, pour nous, c'est assez attrayant le marché obligataire pour 2024. Ce qui conforte un peu ce point de vue là, c'est qu'on prévoit que la croissance économique – puis on en discute souvent ensemble, Sébastien, au bureau – l'inflation au Canada puis la croissance économique devraient ralentir normalement pour l'année 2024. C'est ce que la Banque du Canada, un peu, semble nous dire. C'est ce que les données économiques récentes semblent nous dire. Puis ça devrait inciter la Banque du Canada, finalement, à débuter son cycle de baisse de taux cette année. Ce qui fait qu'on est assez sûrs que les fonds obligataires devraient bien performer dans les années à venir.

Sébastien : C'est un vent de dos. Quand les taux sont à la baisse via la politique monétaire, ça donne un vent de dos au portefeuille obligataire, surtout quand on part d'un niveau élevé de taux d'intérêt.

Hugo : Exactement.

Sébastien : OK. Les mathématiques des portefeuilles obligataires, c'est toujours un petit peu compliqué. C'est difficile surtout comme ça, oralement. Mais je pense que tu as fait un très bon tour aujourd'hui pour nous vulgariser tout ça, Hugo.

Ashleay : En effet, merci beaucoup, Hugo, puis merci aussi à toi Sébastien.

Sébastien : Merci, Ashleay, merci Hugo!

Hugo : Merci beaucoup!

Ashleay : Ça fait le tour pour aujourd'hui. Alors merci à vous deux de nous avoir informés sur le merveilleux monde du revenu fixe. Et merci également à nos auditeurs et auditrices. Vous pouvez toujours nous contacter si vous avez des questions, et on se dit à la semaine prochaine! Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon et Hugo Noury

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

Cours des actions

2024-11-20 11:51 HNE
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