Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! Mon nom est Ashleay et je suis accompagnée par mon collègue Sébastien Mc Mahon, stratège en chef. Le 1ᵉʳ juillet arrive, c'est le temps des déménagements. Et qui dit déménagement, dit nouvelle vie, nouvelles opportunités, nouvelle liberté, nouvel environnement et souvent nouvelles responsabilités. Et c'est souvent à ce moment critique là, amplifié par un environnement économique inflationniste où les loyers ont augmenté de façon importante, qu'on cherche à faire des compromis financiers pour arriver à joindre les deux bouts. Alors, qu'en est-il de l'assurance locataire? Dois-je m'en procurer une? Est-ce une dépense que je peux me permettre de couper? Alors, pour nous en parler, nous avons invité Étienne Trudel, vice-président, Stratégie corporative chez iA Groupe financier. Alors, bienvenue Étienne.
Étienne : Oui, merci, Ashleay, merci, Sébastien.
Sébastien : Étienne, c'est le fun de t'avoir avec nous. L'assurance locataire, on n'en parle pas souvent de ça, mais c'est important quand même.
Étienne : C'est plus qu'important. Et puis, c'est vraiment de ça que je m'en viens discuter avec vous en fait, aujourd'hui, parce que les gens ne le savent pas, que c'est important.
Ashleay : Oui, bien, si on commence avec la première question : assurance locataire, soit l'assurance qui couvre les locataires de logement, c'est quoi exactement, puis ça couvre quoi?
Étienne : Oui. Alors, tout d'abord, juste avant qu'on commence, je tiens à faire un important disclaimer – excusez l'anglicisme – : pour être certain que votre assurance locataire couvre vos besoins, prenez vraiment le temps de poser les questions à votre agent ou votre courtier d'assurance qui va pouvoir vous guider dans le monde de l'assurance locataire et qui va pouvoir vous donner des conseils qui sont personnalisés à vous. Aussi, puis encore plus si jamais vous vous la procurez directement en ligne, parce que maintenant c'est de plus en plus disponible, de bien lire votre contrat. En général, les clauses sont assez standards entre les assureurs, mais ce n'est pas impossible qu'il y ait des distinctions dans l'offre qui vont être importantes pour vous. Puis, bon, je suis un passionné de vélo. Mettons, par exemple, si vous aussi vous êtes un passionné de vélo, puis que votre vélo c'est un vélo haut de gamme tout en carbone, c'est possible qu'il y ait une limite applicable à votre vélo, puis qu'en cas de sinistre, on vous rembourse juste votre vélo en partie. Alors, prenez le temps d'en discuter avec votre agent d'assurance.
Sébastien : Ok, puis l'assurance locataire. Je suis très néophyte dans le sujet, ce qui fait que je suis content d'être là, ici avec toi, puis les principales couvertures qui sont couvertes par ça, est-ce que tu pourrais peut-être nous faire la liste, s'il te plaît?
Étienne : Oui, absolument. Les contrats d'assurance ont la réputation d'être très compliqués, mais dans les faits, il y a trois principales couvertures applicables à une assurance locataire. La première : vos biens matériels; la deuxième : la responsabilité civile; et la troisième : les frais de subsistance supplémentaires. Alors, on va commencer par la première, une très importante, ce sont vos biens matériels, qu’ils soient dans votre logement ou aussi temporairement à l'extérieur de votre logement. Ça, c'est une des choses qu'on ne sait pas toujours, mais des fois on se promène avec des choses dans notre auto, puis on se les fait voler. Bien, c'est couvert à travers notre assurance locataire. Ça inclut vos meubles, vos électroménagers, vos vêtements, vos équipements de sport, vos appareils électroniques. Bref, tout ce qui coûte de plus en plus cher avec les poussées de l'inflation que vous connaissez probablement beaucoup mieux que moi en fait ‒ puis dont j'aimerais que tu me parles, Sébastien – puis qui vous coûterait très cher à remplacer en cas de sinistre.
Sébastien : Tout à fait. C'est quelque chose à laquelle on pense peu. Le coût de la vie augmente rapidement sur certains biens. On pense pendant la pandémie, pendant l’épisode de la COVID, aux prix des vélos, par exemple, qui avaient augmenté beaucoup, pour reprendre ton exemple. Si on voulait un vélo neuf, premièrement, on n'en trouvait pas. Si on en voulait un, il fallait le payer usagé. Les prix avaient augmenté beaucoup. Donc, d'avoir à repayer ces choses-là par nous-mêmes s'il nous arrive un sinistre, ça peut être une très mauvaise nouvelle.
Étienne : Oui, tout à fait. Puis il y a plusieurs choses qui peuvent arriver. Il y a plusieurs types de sinistres qui peuvent nous arriver. Disons que les plus importants, les plus fréquents, sont notamment l'incendie, les dégâts d'eau et les vols. Donc, l'assurance locataire, ça sert à couvrir ça.
Sébastien : Ok. Responsabilité civile, tu disais?
Étienne : Oui, responsabilité civile, c'en est une qui est très très méconnue. Une des couvertures probablement la plus méconnue, puis à mon avis, probablement une des plus importantes.
Ashleay : Oui.
Étienne : La responsabilité civile, ça couvre tout ce qui est un dommage causé involontairement à autrui ou à ses biens. Ça couvre toute la responsabilité civile que vous pouvez avoir. S'il y a quelqu'un qui se blesse, mettons accidentellement chez vous en tombant à terre pour une raison x et que vous causez à la limite d'autres choses, comme si vous causez un incendie accidentel parce que vous avez oublié votre cigarette allumée, un rond de poêle laissé allumé qui met le feu à d'autres logements. Ça peut être aussi, mettons, votre laveuse qui coule puis qui endommage les biens du voisin d'en bas. Donc, la responsabilité civile, c’est très large.
Sébastien : Ou on s’endort en laissant couler son bain, quelque chose du genre…
Étienne : Oui! J'espère pas pour tout le monde, mais c'est tellement des accidents qui sont pas le fun, pour ce qui est de la suite à tout régler, ce qu'il y a à faire par rapport à ça.
Sébastien : Puis comme néophyte, je comprendrais que des gens se disent j'ai pas besoin de m'assurer pour ça. Probablement que le propriétaire de l'immeuble est déjà assuré pour ça, mais ça serait une mauvaise conception.
Étienne : C'est tout à fait une mauvaise conception parce qu’advenant le fait que vous êtes en tort, le propriétaire de l'immeuble ne couvre pas votre contenu ni le contenu des autres locataires. Donc, tout ce qui est problème matériel qui pourrait se poser à l'intérieur, c'est pas de son ressort ni de son assurance.
Sébastien : Ok.
Ashleay : Puis la troisième couverture. Je pense qu'il y avait les frais de subsistance aussi supplémentaires.
Étienne : Oui, les frais de subsistance supplémentaires, c'est assez simple. Disons qu’il y a un incendie ou un dégât d'eau chez vous. Pendant la durée des travaux, il faut que vous vous trouviez un nouveau logement pour au moins pouvoir vivre. Bien, tous les coûts en lien avec ça avant de pouvoir retourner au logement, pendant la durée des travaux, c'est couvert.
Sébastien : Et puis, comme tout contrat d'assurance, c'est sujet à des exclusions et exceptions. Et c'est là que c'est important de bien se renseigner et de s'assurer qu'on a le bon produit pour nous.
Étienne : Absolument. Prenez le temps de lire votre contrat ou de parler à votre courtier ou agent d'assurance. Ce n'est pas la chose la plus plaisante à faire, mais ça vaut la peine. C'est souvent une demi-heure ou une heure bien investie.
Ashleay : D'ailleurs, si je peux me permettre aussi, là on parle côté locataire, mais de mon côté, propriétaire, on a aussi une assurance qui couvre, justement, si jamais on ne se fait pas payer notre bail. C'est toujours très intéressant à savoir. Mettons que le locataire, par exemple, s’il y a eu un feu, lui, on s'occupe de lui, il est dans son hôtel et tout. Bien, il y a aussi une assurance pour les propriétaires qui peut se vendre, qui est très intéressante pour les loyers qu'on n'aurait pas ce mois-là parce que la personne n’est pas au logement.
Sébastien : Intéressant!
Ashleay : Oui! Et puis là, toutes ces protections-là, concrètement, ça pourrait ressembler à quoi pour un sinistre en particulier?
Étienne : Oui! En fait, je voulais vous faire part d'une expérience plus concrète pour que ça vous mette dans le bain d’exactement ce qui se passe – sans faire de jeu de mots avec un bain qui déborde! Donc, imaginez le scénario suivant : vous avez 22 ans, vous vivez au quatrième étage d'un bloc appartements de 40 logements avec votre conjoint ou votre conjointe, puis votre bébé de huit mois. Comme parent d'un bébé de huit mois, bien, votre niveau d'énergie est plus que faible. Vous dormez trois heures éparpillées à chaque nuit avec votre petite fille qui se réveille encore en pleine nuit pour boire aux deux ou trois heures. Vous commencez en plus dans le monde du travail, puis vos finances sont assez limitées, et puis vous utilisez vos moments d'éveil en pleine nuit – parce que ça arrive : on est toujours réveillé en plein milieu de la nuit – pour faire de la vaisselle puis du lavage, question d'avancer ce qu'il y a à faire pour le lendemain. En fait, j'ai vécu quelque chose de similaire!
Sébastien : Ça rappelle des souvenirs. Ha ha!
Ashleay : Oui, ha ha!
Étienne : Alors, une nuit en particulier, vous partez votre laveuse à 3 heures du matin avant de retourner vous coucher, puis vous ne vous rendez pas compte que le tuyau arrière de l'entrée d'eau de la laveuse fuit beaucoup et que l'eau coule partout. À 3 h 51, il y a quelqu'un qui cogne frénétiquement à la porte de votre logement. Vous vous levez en sursaut, puis en vous levant, vous remarquez que vous avez les pieds dans l'eau jusqu'aux chevilles. C'est votre voisin d'en bas qui est en pyjama puis en panique, qui crie en disant que l'eau coule du plafond sur son PC gamer, son équipement audiovisuel qui lui ont coûté 17 000 $. C'est là que vous vous félicitez en vous rappelant que vous avez pris 4 minutes 37 secondes pour faire une soumission d'assurance locataire juste avant votre déménagement et que vous êtes soulagé d'avoir une assurance qui vous dédommagera pour vos biens, pour la responsabilité civile de l'accident que vous avez fait sur les biens matériels de votre voisin d'en bas, puis que vous allez aussi être relocalisé dans un logement temporaire le temps que les travaux pour réparer le logement soient effectués sans que ça vous coûte toutes vos économies.
Ashleay : Donc, Étienne, l'assurance locataire, ça a l'air assez utile et pertinent d'en acheter une, mais pourquoi tout le monde ne le fait pas? Est-ce que c'est parce que c'est trop cher?
Étienne : Alors ça c'est vraiment une bonne question. Puis, on arrive au cœur du problème. Je dirais que la principale raison derrière le fait que les locataires n'achètent pas tous une assurance locataire, c'est que contrairement à de l'assurance auto qui est obligatoire, puis l'assurance pour les propriétaires qui est requise par les prêteurs hypothécaires, l'assurance locataire n'est pas toujours rendue obligatoire par les propriétaires de logements. Au Québec seulement, je ne sais pas si vous saviez, mais il y a presque 1,5 million de logements locataires, donc ça veut dire à peu près 35 % de toute la population qui est locataire. De ce nombre-là, il y en a estimé entre 20 et 40 % des locataires qui auraient présentement pas d'assurance locataire, soit entre 300 000 à 600 0000 logements non assurés au Québec seulement.
Ashleay : Woah!
Étienne : La moyenne pourtant d'une assurance locataire, c'est 400 $ au Québec présentement, soit environ 35 $ par mois. Puis, quand on pense aux sinistres que je vous ai dits, dégât d'eau, incendie, responsabilité civile, ça peut s'élever dans cinq, six et quelquefois sept chiffres. Ça fait que ça peut être bien plus coûteux que le 400 $ qu'on investit à chaque année pour pouvoir être capable de subvenir à nos besoins en cas de sinistre.
Sébastien : Puis, dans un contexte d'inflation, tous les gens se sentent un peu plus serrés. Avec les taux d'intérêt plus élevés, bien, c'est sûr qu'il faut faire des sacrifices pour équilibrer les budgets, mais s'il y a un endroit où il faut y penser deux fois avant de couper, c'est justement ça : la paix d'esprit qu'on peut avoir. Puis aussi, qu'est-ce qui pourrait mal aller, puis comment est-ce qu'on peut s'en protéger somme toute assez facilement?
Étienne : Absolument. Puis je pense que ça passe par la compréhension que ça existe, là. Donc, de réussir à comprendre l'assurance locataire, c'est important. Il y a un sondage qui est sorti qu'il y avait 50 % des locataires au Canada qui ne seraient pas en mesure de remplacer leurs biens en cas de sinistre. C'est énorme. Puis, pourtant, une soumission en ligne locataire, ça peut prendre à peine cinq minutes. Je faisais une blague avec mon 4 minutes 37, mais cinq minutes à compléter en ligne. Puis, en plus, il y a des moyens de limiter les coûts comme de diminuer le montant de biens assurés, augmenter nos franchises, ce sont toutes des façons de faire baisser la prime si jamais le 400 $ est trop cher. Puis à ça, j'ajouterais que les locataires peuvent bénéficier d'un rabais sur leur assurance locataire s'ils combinent avec un achat d'assurance automobile, puis également un rabais sur l'assurance automobile s'ils achètent une assurance locataire auprès du même assureur.
Ashleay : C'est vrai que ça semble particulièrement attrayant de souscrire à une assurance locataire. Puis, en terminant, est-ce que tu as un dernier conseil à donner aux gens qui nous écoutent?
Étienne : Oui, je vais y aller personnel. Tu sais, moi j'ai quatre enfants, dont une grande fille de 18 ans, qui vont commencer leur vie autonome dans les prochaines années. C'est pas encore le cas, mais ça pourrait arriver assez vite. Puis, ils vont commencer très probablement en allant en logement comme à peu près tout le monde. Pour moi, l'assurance locataire, ça va être plus que fortement recommandé, disons, à mes enfants, quand ils vont déménager. Pour moi, c'est comme un contrat de sécurité et de bienveillance envers mes enfants, une espèce d'assurance qu'ils vont commencer leur vie du bon pied, puis un des moyens qui vont leur permettre de réussir à être heureux. Donc, si j'ai juste un conseil, c'est de prendre le temps. J'ai parlé de comprendre, c'est de prendre le temps. Si vous êtes locataire ou qu'il y a un de vos proches qui l'est, de vous intéresser juste quelques minutes à votre assurance locataire pour vous assurer une tranquillité d'esprit.
Ashleay : Bien, merci encore une fois. On en apprend beaucoup, comme d'habitude. Donc, merci, Étienne et Sébastien de nous éclairer et surtout éclairer les locataires sur leurs assurances. Et pour ceux et celles qui nous écoutent, n'hésitez pas à nous écrire si vous avez des questions, et on se reparle la semaine prochaine. Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.
À propos
Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.
Sébastien Mc Mahon et Étienne Trudel
Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.