Ashleay : Mon nom est Ashleay et cette semaine on parle d'un des sujets de l'heure avec Alex Lamontagne, directeur, Produits d'assurance, épargne et retraite individuelles chez iA Groupe financier, mais aussi avec Sébastien Mc Mahon, notre stratège en chef. Alors, bonjour Alex, bonjour Sébastien! Contente de vous retrouver aujourd'hui sur ce balado.
Alex : Bonjour Ashleay.
Sébastien : Salut Alex! Salut Ashleay! Ça va bien?
Ashleay : Yes! Yes! Yes!
Sébastien : Les taux d'intérêt ont commencé à baisser au Canada, donc c'est une bonne nouvelle. Mais qu'est-ce que ça veut dire? C'est ça qu'il faut éclaircir aujourd'hui.
Ashleay : C'est ça! Parce que là, le 5 juin dernier, on a eu la première baisse du taux directeur après la série de hausses qui avait été commencée en 2022. Alors, on anticipe d'autres baisses dans les mois à venir, qui pourraient générer différents impacts sur l'épargne des gens. On a donc plusieurs bonnes raisons de rester à l'alerte et ainsi saisir l'occasion pour faire croître son épargne. Alors, on se lance. Sébastien pour bien comprendre ce qui s'en vient, peux-tu nous parler du rapport entre le cycle économique, l'inflation et les variations des taux d'intérêt?
Sébastien : Oui, tout à fait. On peut voir le cycle économique comme étant quatre phases d'un cycle. Donc, il y a la première partie, quand on a un nouveau cycle économique naissant. On a une croissance économique qui est forte, puis l'inflation demeure faible. Généralement, c'est dans le début du cycle économique, puis progressivement, la croissance économique amène de l'inflation qui se réinstalle. Donc, ça, ça nous amène à la deuxième phase du cycle économique où la croissance demeure forte. L'inflation commence à s'installer, puis c'est à ces moments-là où les banques centrales commencent généralement à augmenter le taux directeur. La dernière fois, c'était un peu atypique parce qu'on sortait d'une pandémie. L'inflation s'était réinstallée, puis c'était plus pour des raisons de chaînes d'approvisionnement. Mais généralement, quand l'économie se réchauffe, l'inflation s'installe, les banques centrales haussent le taux directeur jusqu'à tant que… Mais là, l'inflation reste forte, mais l'économie ralentit. Donc ça, c'est la troisième phase du cycle économique. Puis à ce moment-là, ça veut dire que la politique monétaire fonctionne. C'est une bonne nouvelle, mais ça nous amène dans la quatrième et dernière phase où généralement la croissance est plus faible. L'inflation aussi est plus faible. Généralement, ça rime avec récession, cette période-là. On a eu ce qu'on appelle une récession per capita au Canada depuis 2022 environ. Donc, on est là-dedans. Puis, c'est à ces moments-là où les banques centrales commencent à couper le taux directeur pour redonner un petit peu d'air frais à l'économie pour nous relancer sur un nouveau cycle économique. Donc, on a fait un peu ces quatre parties-là du cycle. Maintenant, on est rendu dans la partie où la croissance est faible, l'inflation semble sous contrôle ou du moins s'affaiblit. Donc, on est rendu à cet endroit là où, comme je disais, il y a de l'air qui s'en va dans l'économie.
Ashleay : Puis là, les baisses ont des effets sur l'ensemble de l'économie, mais aussi sur les marchés et sur l'épargne de chacun d'entre nous. Peux-tu nous en parler un peu plus?
Sébastien : Oui, il y a trois effets principaux qu'on va discuter aujourd'hui. Puis, Alex, tu vas en discuter avec nous pour nous aider à tout démêler ça. Mais je peux peut-être commencer avec le premier. Le premier, c'est vraiment une réduction du coût de la dette à taux variable. Donc, quand on baisse le taux directeur, c'est le taux préférentiel des institutions financières qui baisse. Donc, pensez marges de crédit, ça coûte moins cher à se financer, mais surtout hypothèque à taux variable, c'est immédiat. Donc, on commence à avoir une baisse du taux d'hypothèque. Donc, bien sûr, après toutes les hausses qu'on a eues, c'est une bonne nouvelle pour les ménages, mais aussi les gens qui ont à renouveler leur hypothèque en anticipation de baisses de taux directeur de la part des banques centrales. Les taux de marché ont déjà commencé à bouger. C'est un peu technique, mais les taux de marché cinq ans qui baissent, c'est eux autres qui déterminent le taux des hypothèques à taux fixe cinq ans. Longue histoire courte : depuis le début de l'année, les taux affichés moyens au Canada sont passés de 6,5 sur les taux fixes cinq ans à 6,0. Donc, il y a déjà un demi-pour cent d'escompte qui a été installé dans les marchés. Donc, plus on va renouveler des hypothèques au sein de la population canadienne, plus on va voir cette bouffée d'air frais là se répandre. Donc, ça, c'est le premier effet.
Alex : Oui, puis pour les gens à la maison, qu'est-ce que ça veut dire? Essentiellement, c'est moins de dépenses à chaque mois, donc un petit peu plus de liquidités, ce qui fait que les gens ont un peu plus de flexibilité avec leur argent. Surtout les personnes qui avaient ajusté leur budget lors des périodes de haute inflation. Bien là, ils ont moins de dépenses, puis leur niveau de revenu qui est sensiblement le même. Mais avant de rehausser les dépenses vers d'autres endroits, c'est important de se poser la question : « Qu'est-ce qu'on fait avec notre budget? », puis de se poser la question sur notre plan d'épargne pour nos objectifs. Est-ce que notre plan est en santé? Est-ce qu'on devrait épargner davantage? Puis peut être utiliser cette flexibilité-là additionnelle pour épargner davantage.
Ashleay : Absolument. Puis le deuxième effet, c'est quoi?
Alex : Le deuxième effet, ça va être une diminution des rendements pour les placements garantis. On parle de tout ce qui est compte d'épargne à intérêt élevé, les fonds d'intérêt garanti, les CPG ou les certificats de placement garanti. Les taux de rendement offerts par les institutions pour ces produits-là sont influencés grandement par le taux directeur. Quand il va y avoir une baisse, on va voir des diminutions aussi du rendement de ces produits-là. Pour le compte d'épargne à intérêt élevé, l'impact de la baisse est direct parce que le produit est à taux variable. Donc, les gens qui ont investi dans ces produits-là vont avoir une diminution de leur rendement à chaque mois pour ces produits-là. Comme le produit devient un petit peu moins rémunérateur, c'est important de se poser la question si c'est encore le bon produit pour notre stratégie de placement ou si ça pourrait être un bon moment pour intégrer les marchés financiers ou les fonds obligataires également. Pour reprendre, je pense, Pablo Carrera qui le disait il y a quelques épisodes, la meilleure stratégie n'est pas d'essayer de timer le marché puis de prendre tout l'actif qu'on avait dans un compte d'épargne à intérêt élevé pour s'en aller vers un fonds, mais plutôt de progressivement réentrer dans le marché avec des achats périodiques à différents points dans le temps.
Ashleay : Absolument. Puis le dernier, ça serait quoi?
Alex : Oui, le dernier. Qui dit variation des taux d'intérêt dit aussi mouvements des marchés obligataires. Dans le cas d'une baisse de taux, de façon générale, la valeur des obligations a tendance à augmenter. Donc, je sais pas, Sébastien, si tu veux...
Sébastien : Oui, tout à fait. Il y a cette relation inverse entre les taux d'intérêt puis le prix d'une obligation. Donc, ça, c'est toujours un petit peu complexe, mais pensez que si les taux d'intérêt augmentent, on va avoir tendance à court terme à avoir une baisse de la valeur au marché de notre portefeuille d'obligations. Donc, quand les taux d'intérêt ont augmenté massivement en 2022 et aussi jusqu'en 2023 – il ne faut pas oublier qu'il y avait des hausses de taux directeur à l'été 2023 ‒ bien ça fait bien sûr un vent de face à la valeur au livre des portefeuilles obligataires. Donc, les rendements ont été assez mauvais dans les obligations dans les dernières années avec cet ajustement-là. Mais là, maintenant, c'est un peu l'effet inverse. Quand les taux d'intérêt vont baisser, ça devrait faire un gain sur la valeur au livre des portefeuilles obligataires. La seule raison, c'est que les obligations qu'on a déjà dans le portefeuille, qui ont un taux d'intérêt plus élevé, bien, les nouvelles obligations qui vont être émises vont être à taux légèrement plus bas. Donc, les obligations qui ont été émises il y a longtemps viennent de prendre un petit peu de valeur relative. Donc, on voit que ça va faire un effet positif sur le portefeuille. Donc c'est toujours important d'être bien diversifié. C'est toujours important d'être investi dans des obligations émises par les gouvernements, par les sociétés, de haute qualité, de moins bonne qualité, à courte échéance, à plus longue échéance… Donc, un bon portefeuille diversifié du côté des obligations, dans le moment, c'est un bon vent de dos qui nous arrive avec la baisse des taux d'intérêt.
Alex : Puis j'ajouterais, Sébastien, que c'est souvent très spécifique à ta propre situation aussi, les choix qu'on devrait faire. On a parlé de plusieurs opportunités différentes qu'on pouvait prendre avec la baisse des taux d'intérêt. Mais je pense que la meilleure approche, c'est de rencontrer un conseiller puis de prendre les décisions de manière éclairée en fonction de la situation personnelle de chacun.
Ashleay : Super! Puis Sébastien, peut-être, veux-tu faire un petit dernier tour de roue concernant la diversification?
Sébastien : Oui, tout à fait. J'ai parlé de la diversification au sein de la classe d'actifs style revenu fixe, donc des obligations du gouvernement canadien, gouvernements d'autres pays, du crédit corporatif de bonne, moins bonne qualité, mais aussi quand le taux directeur baisse, généralement, il faut s'attendre à ce que les taux d'intérêt à peu près sur toute la courbe de rendement, les taux d'intérêt des échéances courtes, des échéances plus longues, soient poussés à la baisse progressivement. Puis ça, ça vient sourire à plusieurs classes d'actifs. Donc, généralement, on voit ça d'un bon œil aussi pour les actions, pour les actions internationales, les actions canadiennes. Il y a des secteurs qui réagissent très bien aux taux d'intérêt qui baissent. D'autres secteurs qui réagissent un petit peu moins bien. Donc, c'est important de pas avoir tous ses œufs dans le même panier. C'est important de rester investi à travers des cycles haussiers ou baissiers. C'est important de se fier sur des gestionnaires qui sont capables d'ajouter de la valeur. La valeur de la gestion active prend tout son sens. Il faut penser que si on s'en va dans un environnement dans les deux, trois ou quatre prochaines années où les taux d'intérêt sont plutôt vers la baisse qu'à la hausse, ça devrait aussi bénéficier au marché boursier. Donc, il y a des belles choses devant. C'est une belle nouvelle qu'on a là pour les investisseurs. Mais encore une fois, comme tu disais tantôt Alex, c'est important de rester dans les marchés. C'est important de rester investi. C'est important d'être bien diversifié. C'est important surtout d'être cohérent avec la stratégie qu'on a. Donc, éviter les saveurs du mois, juste essayer d'en bénéficier.
Ashleay : Donc, en résumé, je retiens que ce n'est qu'un début et qu'il va y avoir des occasions à saisir en ce moment. J'ai des devoirs à faire! Alors Alex et Sébastien, je vous remercie pour ce partage et à tous les auditeurs, je vous remercie de votre écoute. On se revoit la semaine prochaine pour un autre épisode de À vos intérêts!. Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l’actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.
À propos
Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.
Sébastien Mc Mahon et Alex Lamontagne
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