Leadership et communication en entreprise

Cette semaine au balado À vos intérêts!, on reçoit Jean-François Langlais, chef des communications stratégiques chez iA, pour partager des conseils pratiques pour améliorer vos communications et discuter de l'avenir du métier. Il partage également une suggestion de lecture inspirante pour investir votre temps là où c'est vraiment important. Ne manquez pas cet épisode engageant et instructif!

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier. Mon nom est Ashleay et cette semaine, on parle de l'importance du leadership et des communications au sein d'une entreprise. Je suis comme à l'habitude, en compagnie de Sébastien Mc Mahon, stratège en chef. Et aujourd'hui, nous avons le plaisir de recevoir notre collègue Jean-François Langlais, chef des communications stratégiques chez iA. Alors bonjour, Sébastien, bonjour, Jean-François.

Sébastien : Salut, Ashleay. Salut, Jean-François.

Jean-François : Bonjour, Ashleay. Bonjour, Sébastien. Merci de m'accueillir.

Sébastien : Grand plaisir de t'avoir avec nous. Juste avant de commencer, chef des communications stratégiques. Comment devient-on chef des communications stratégiques?

Jean-François : Par un parcours atypique. Parce que beaucoup de gens qui font mon travail ont une formation en communication. Dans mon cas, c'est arrivé par la sociologie, qui est une discipline qui s'intéresse à comprendre le comportement, la façon d'être des gens en groupe. Donc c'est très très utile pour faire des communications stratégiques.

Sébastien : OK, OK. Puis tu as commencé, ça ne fait pas des années.

Jean-François : J'ai fait ça au courant de ma carrière à différentes reprises, mais depuis trois ans, à iA Groupe financier.

Ashleay : Et puis Jean-François, si on saute dans le crunch, as-tu des conseils pratiques pour les gens qui nous écoutent pour améliorer leurs communications?

Jean-François : Oui. En premier, être conscient qu'on a tous des biais, être conscient que quand on parle à quelqu'un d'autre, cette personne-là arrive déjà avec son propre état d'esprit, sa propre charge mentale. Ils ont des connaissances déjà souvent sur les choses qu'on leur dit, ou il y a des choses qui les distraient. Puis quand on communique, il faut en tenir compte pour réussir notre communication.

Ashleay : Effectivement, effectivement. Puis dans le fond, j'imagine qu'il faut clarifier notre intention?

Jean-François : C'est sûr, c'est la première chose à faire. Il faut être clair sur ce qu'on veut accomplir, ce qu'on veut atteindre. Je pense à Sébastien puis à son rôle de communicateur qui a souvent à s'adresser à un grand public, à vulgariser. C'est le genre de biais qu'il faut surmonter, ne pas être trop technique, trop complexe. Je ne sais pas si, Sébastien, c'est quelque chose qui résonne.

Sébastien : L'approche qu'on a toujours développée quand je travaillais avec Clément Gignac avant, puis l'approche que j'ai développée moi aussi, ça a toujours été une approche très pédagogique. Donc l'idée ce n'est pas seulement de vulgariser, mais c'est de s'assurer que les gens comprennent mieux ce qui se passe, puis qu'ils apprennent quelque chose quand ils nous écoutent. Puis, tu sais, le plus grand compliment qu'on peut recevoir, c'est quand les gens nous disent « Quand je vous écoute, vous, je comprends ».

Jean-François : Oui. Puis tu vois, ce que tu me dis là, moi, ça parle d'un des conseils que je veux donner aux gens, c'est : soyez conscient des attentes de votre auditoire. Quand les gens disent qu'ils comprennent, c'est que toi, au départ, quand tu as formulé ton message, tu as pensé à eux, tu as pensé à la façon dont ils voudront t'écouter, voudront rester avec toi à travers une explication, ça, ça a de la valeur.

Sébastien : Puis la communication, ce n'est pas simplement à l'oral, il y a la communication à l'écrit aussi. Puis les principes sont similaires.

Jean-François : Oui, puis on est bombardés d'informations, on reçoit des courriels, on reçoit des messages, on est exposé à beaucoup, beaucoup de stimulations. Donc pour qu'une de ces communications-là se rende à nous et obtienne le bon résultat, il faut que les messages clés soient clairs.

Sébastien : Puis, la communication, ça s'apprend puis ça se prépare. Il ne faut pas penser que « moi, je ne suis pas bon en communication, ça prend un talent particulier ». N'importe qui peut apprendre à communiquer.

Jean-François : C'est un peu de talent, mais beaucoup, beaucoup de travail. Je dirais aux gens « Tout le monde qui veut bien communiquer peut réussir à le faire à condition de s'appliquer, de pratiquer, d'être à l'écoute de ce que les gens donnent comme feedback, puis de s'améliorer au fil du temps ».

Sébastien : Et puis, anecdote personnelle, je l'ai peut-être déjà racontée ici, mais quand j'étais à l'université, à la fin du bac, il y avait un cours où, au premier cours de la session, le professeur explique qu'il faut faire un projet long, puis ça culmine sur une présentation orale. J'avais tellement peur de le faire que j'ai lâché le cours. J'ai pris autre chose. Puis après ça, bien dans le rôle que j'ai là, on m'a lancé dans le bain de la communication. Puis au début, c'est difficile, mais on apprend, on se raffine, puis on se fait notre propre système à nous. Puis une fois qu'on a notre propre système, puis qu'on apprend à communiquer, après ça, c'est une deuxième nature.

Jean-François : Oui, puis c'est un conseil que je donne souvent aux gens. Les gens ont l'inquiétude de la livraison de la communication. Quand ils parlent en public, ça présente un stress, puis c'est normal. Mais ce que les gens ne réalisent pas, c'est que quand ils sont bien préparés, ça réduit beaucoup ce stress-là. Donc une des tactiques qui peut être utile, c'est de se préparer un plan, d'organiser ses idées, de se pratiquer à l'avance, de se pratiquer avec d'autres gens, parfois des membres de la famille. Puis on obtient un meilleur résultat comme ça.

Sébastien : Et puis même quelque chose que j'ai développé avec le temps, que j'ai appris en lisant des livres, probablement. Mais ce que je conseille toujours aux gens, c'est : « projetez-vous sur scène, projetez-vous en train de communiquer et dites-vous qu'à ce moment-là, vous êtes un acteur en train de livrer une performance ». Ce n'est pas ton être qui est devant les gens. Ils ne scrutent pas ton âme, ils ne sont pas en train de te juger, « est-ce que je l’ai dit correctement? Qu'est-ce que les gens pensent de moi? » Non. Si tu es un conférencier comme moi, qui va parler d'économie, imagine ce que ça serait un bon conférencier en train de parler d'économie, puis va jouer ce rôle-là sur scène. Avec les années, tu peux faire converger ça vers ta personnalité et ultimement, tu ne joues plus de rôle. Tu es simplement sur scène, mais ça sert beaucoup pour enlever le trac de se placer comme étant un acteur sur scène. C'est quelque chose qui m'a aidé, moi, du moins.

Jean-François : C'est un excellent conseil. Je pense que ça peut aider beaucoup de gens.

Ashleay : Puis Jean-François, je pense que toi et moi, on a passé un petit moment ensemble à parler de ChatGPT. Je pense que ça a changé ta façon de travailler. Peux-tu nous en parler un peu plus?

Jean-François : Ça change la façon de travailler de beaucoup de gens. L'intelligence générative, on parle de ChatGPT parce que c'est la saveur du moment, mais toutes les grandes compagnies informatiques sont en train de développer des solutions similaires. Ça fournit des moyens d'aider au travail, d'accélérer le travail. C'est des ressources de grande valeur pour nous rendre plus performants.

Sébastien : Ça existe, il faut s'en servir. Si on ne s'en sert pas, on laisse de côté un allié potentiellement très utile.

Jean-François : Oui, puis jusqu'à un certain point, on perd un avantage compétitif. Parce que moi, je pense à mon rôle de communicateur. Si je suis capable de produire mieux en moins de temps, ça améliore ma performance comparée à celle d'autres gens qui auraient le même travail que moi. À un moment donné, ça va devenir un besoin, un outil nécessaire. Je le compare des fois à la calculatrice. Tu sais, il était une époque où pouvoir avoir une forte capacité de calcul mental était une qualité très recherchée. Avec l'avènement de la calculatrice, on dédie notre cerveau à autre chose. La calculatrice est un outil qui nous accélère. C'est là que se trouve la valeur dans la qualité qu'on met dans notre réflexion.

Sébastien : On a tous vu Iron Man aussi. C'est le fun de pouvoir avoir notre propre Jarvis avec nous qui est là pour nous aider à réfléchir, à résumer de l'information. Donc ChatGPT, ça peut nous accélérer vraiment la phase de préparation de la communication.

Ashleay : Puis on est chanceux parce qu'on est encouragé de l'utiliser, puis tu sais, on facilite l'utilisation à notre emploi ici, donc c'est vraiment merveilleux. Et Jean-François, est-ce que tu as des conseils pour les jeunes qui nous écoutent?

Jean-François : Bien, je pense que la communication, c'est un métier d'avenir qui est en évolution. On vient de parler d'intelligence artificielle qui change la façon de travailler. Le premier conseil que je donnerais quand ils ont à communiquer, qu’ils commencent par ce qui est important. Puis ça, la rédaction pour le Web nous a appris ça il y a déjà une décennie ou deux. Il était une époque où la structure de nos messages c’était : on avait un grand développement, puis à la fin, fin, fin, coup de théâtre, on dévoilait quelque chose. Ce n'est plus comme ça que les gens veulent recevoir l'information. On la présente au début. C'est comme le lead dans un article de journal. On veut avoir l'information pour donner la chance au lecteur de décider ensuite s'il veut rester pour la suite. Donc il faut être capable de passer nos idées dès le début.

Sébastien : Mais c'est ça. J'ai déjà suivi un cours d'écriture quand j'étais un jeune économiste au ministère des Finances, puis la professeure qui nous enseignait tout ça, elle appelait ça l'approche Columbo où tu vois le crime au début, puis après ça, tu vois Columbo essayer de dénouer le nœud, versus l'approche Agatha Christie où tu montes un suspense, puis avec le punch à la fin. L'idée c'est de dire « voici ma thèse, voici ce que je vais vous dire. Maintenant, voici comment j'arrive à ces conclusions-là ». Les gens ne sont pas en train d'essayer de deviner où tu t'en vas tout le long, puis c'est beaucoup plus facile pour eux de poser des questions, informer, puis ça fait une conversation qui est tout à fait meilleure, autant à l'écrit qu'à l'oral.

Jean-François : Absolument. Puis l'autre chose, c'est essayer d'être concis, concentrer les messages, en dire moins pour choisir ce que les gens vont retenir. Parce que je reviens au début de notre conversation, on parlait des biais des gens, des auditoires, des gens qui reçoivent nos messages. Si on leur donne trop d'information, à un moment donné, chaque personne va en prendre et en retenir une partie seulement qui lui parle plus particulièrement. Si on veut s'assurer que nos messages à nous passent comme on le veut, on les choisit, on garde ça simple.

Sébastien : Puis généralement, les règles de trois, c'est pratique. Puis aussi essayer de mettre un peu d'humour à certains moments pour faire une espèce de reset mental à la salle pour après ça repartir sur de meilleures bases, il y a un paquet de trucs comme ça qui existent.

Jean-François : Oui. Un conseil que j'aime beaucoup donner aux gens, moi, c'est qu'il vaut mieux être compris qu'être précis.

Ashleay : Oh, tellement!

Jean-François : Parce que dans notre secteur d'activité, beaucoup de gens sont des spécialistes. Ils ont une tendance à être un peu analytique, d'aller dans les détails parce que ces détails-là sont importants pour eux. Puis ces détails-là finissent par perdre les gens à qui ils parlent. Je leur dis « Revenez un peu, là, gardez ça un peu plus simple. Si les gens veulent ces détails-là, ils vont vous les demander. Ils vont revenir vers vous, ils vont vous poser des questions de plus. Vous allez avoir l'occasion de l'expliquer ».

Ashleay : Très bien dit. Puis là, vu que Sébastien et moi on adore la lecture, est-ce que, Jean-François, tu aurais des suggestions de lecture pour nous? Pour notre auditoire, en fait, pas juste pour nous.

Jean-François : Bien sûr, il y a un livre que j'ai lu dernièrement qui m'a beaucoup fait réfléchir. Ça s'appelle Four Thousand Weeks, d'un auteur qui s'appelle Oliver Burkeman. La prémisse, c'est qu'on a tous plus ou moins 4000 semaines sur Terre, dépendant de notre espérance de vie. Puis il faut choisir à quoi on les consacre, ce qui est important pour nous. Beaucoup de livres nous aident à optimiser notre travail, à être plus productifs. Celui-là prend une posture un peu différente, il dit « N’essayez pas d'optimiser n'importe quoi, concentrez-vous sur ce qui vaut la peine ». Donc ça aide à prendre un recul et à se poser ces questions-là pour soi-même. Puis tout le monde n’aura pas les mêmes réponses et ça aussi, c’est intéressant. Il faut avoir chacun nos réponses de ce qui est important pour nous. Moi, c’est quelque chose qui m’a inspiré beaucoup. Toi, Sébastien, as-tu quelque chose à partager d’inspirant?

Sébastien : Récemment, Ashleay et moi, on avait parlé de Elon Musk et de Steve Jobs, tous ces grands entrepreneurs dans le monde de la technologie. Steve Jobs est souvent considéré comme un des plus grands communicateurs de l'histoire. Puis il y a un paquet de livres et un paquet de documentaires sur son approche. On se rend compte que Steve Jobs, oui, était très charismatique, mais il était hyper, hyper, hyper préparé. Tout était chorégraphié. Il préparait pendant des semaines ses allocutions qui sont devenues des classiques. Donc je vous dirais, si ça vous intéresse la communication, allez voir les vidéos de Steve Jobs sur scène. Comment cette personne-là est-elle efficace? Et dites-vous que c'est accessible à tout le monde parce que même lui, il se préparait et il se préparait. Tout le monde a le temps de se préparer.

Jean-François : Puis un mot pour peut-être conclure sur cette idée de préparation. Moi, si j'avais à ramener ça à trois conseils simples : quand vous avez une communication à préparer, écrite ou en personne, pensez à votre intention, clarifiez-la pour vous même. Qu'est-ce que vous voulez vraiment accomplir? En deuxième, pensez à votre auditoire. Quelles sont leurs attentes à eux? Dans quel état d'esprit vont-ils arriver au moment où ils vont recevoir votre communication? Et enfin, faites-vous des messages clés. Faites-vous un plan, organisez vos idées à l'avance, puis comme tu dis, préparation, préparation.

Sébastien : Puis juste terminer sur cette note-là. On a des coachs d'écriture qui disent toujours « ce n'est pas ce que tu veux dire, c'est ce que les gens doivent entendre ». Donc essayer de se mettre dans les souliers de notre auditoire, les connaître, ne pas se perdre dans les détails, c'est ça la clé.

Ashleay : Et c'est ce qui termine notre épisode du jour. Alors, merci beaucoup, Jean-François, pour ta présence avec nous et ton partage de connaissances. C'était fort intéressant. Et merci, Sébastien, comme à l'habitude. Et à nos auditeurs et auditrices, on vous dit à la semaine prochaine!

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon et Jean-François Langlais

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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