Les pièges financiers à éviter pour nos aînés

Découvrez notre dernier épisode de balado, consacré à la discussion des finances des personnes âgées. Face à une espérance de vie accrue, il est crucial d'adapter les stratégies financières et d'établir un budget pour faire face à une diminution des revenus de retraite et à une hausse des coûts liés à la santé. Écoutez nos conseils pour protéger vos proches et leurs actifs pendant leurs vieux jours.

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier. Mon nom est Ashleay et, aujourd’hui, je suis comme à l'habitude en compagni de mon collègue stratège en chef Sébastien Mc Mahon. Pour faire suite à notre dernier balado où l’on a parlé de l'importance de parler de finance avec son conjoint ou sa conjointe et avec ses enfants, nous échangeons aujourd'hui sur l'importance de discuter d'argent avec les personnes âgées. Alors, on a le plaisir d'accueillir encore une fois notre collègue Mathieu Gilbert, conseiller en sécurité financière dans le secteur de l'Épargne et retraite collectives. Bonjour Mathieu, merci d'être là.

Mathieu : Merci Ashleay.

Sébastien :Salut Mathieu.

Ashleay : Alors, Mathieu, pourquoi penses-tu que c'est important de discuter de finance avec les personnes âgées?

Mathieu : La gestion financière a beaucoup évolué dans les dernières décennies. Donc, c'est primordial que les personnes âgées adaptent leurs stratégies en conséquence. Il faut dire que le fait d'avoir un budget, c'est important durant la vie active, lorsqu'on est au travail. Et ce l'est autant, sinon plus, lorsqu'on est à la retraite. On a des sources de revenus qui vont être différentes et il va y avoir des dépenses qui vont être différentes. Donc, il va y avoir certaines dépenses qui vont diminuer. Peut-être qu'on va avoir un peu moins de sorties dans les restaurants, ou plus, dépendamment. Par contre, on va sûrement avoir des dépenses un petit peu plus en santé, surtout lorsqu'on va devenir un peu plus vieux. Donc, il faut prévoir pour ça également. Aussi, il faut parler de stratégies de décaissement. Par exemple, à partir de 71 ans, on sait que les REER doivent être convertis et commencer à être décaissés. Donc, est-ce qu'on attend à 71 ans? Est- ce qu'on commence plus tôt? Et comment on agence ça avec les différents programmes gouvernementaux aussi pour que ça soit le plus avantageux possible pour la personne? Et il faut aussi s'assurer que la planification successorale est conforme, que tout a été prévu. Ce n’est jamais des discussions qui sont plaisantes, parler de la mort, mais c'est inévitable. Puis, si on veut laisser un héritage qui n'est pas contesté, puis qu'il n'y ait pas d'anicroches lorsqu'on va quitter cette terre, il faut s'assurer d'avoir bien prévu. Et, finalement, c'est essentiel de sensibiliser les personnes âgées à la fraude. Malheureusement, c'est un phénomène qu'on voit de plus en plus. Les personnes âgées sont plus vulnérables. Elles vont être un petit peu moins à l'aise avec les outils numériques qui font partie de nos vies, et de leur vie de plus en plus. Et elles vont souvent donc être victimes de maltraitance financière, dont la fraude.

Sébastien : Puis on en a vu beaucoup, c'est dans les médias. Récemment, dans le temps des fêtes, il y avait plusieurs articles, des stratagèmes. Pou des gens qui sont habitués avec la technologie, peut-être, on identifierait si on reçoit un texto qui dit : « Je suis le gouvernement du Canada, cliquez ici, puis entrez vos informations financières. » Les jeunes, on sait que ça ne fonctionne pas comme ça, mais pour les personnes plus âgées, recevoir une lettre, puis avoir à remplir des informations […]. Le monde évolue et il ne faut pas présumer que toutes les personnes âgées dans notre entourage sont conscientes d'où les risques peuvent émaner aujourd'hui. D'ailleurs, il y avait une enquête publique qui avait été menée par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes qui révélait que c'est 75 % – trois sur quatre – des aînés au Canada qui ont déclaré avoir été visés par des techniques de vente trompeuses ou de vente agressives. Donc, la technologie fait en sorte que ça ouvre des nouvelles opportunités aux fraudeurs. Comme membre de la famille, on peut servir de véhicule d'éducation pour ces personnes-là, pour les protéger.

Ashleay : Même les fameux appels maintenant qui nous enregistrent la voix pour pouvoir l’imiter après avec l'identification vocale, avec la banqu et tout au téléphone, c'est quand même quelque chose. Tu y as touché un petit peu Sébastien, mais Mathieu, qu'est-ce qui fait en sorte que les personnes âgées sont plus vulnérables à la fraude ou aux arnaques financières?

Mathieu : C'est sûr que l'utilisation des outils numériques, comme on le disait un petit peu plus tôt, c'est un facteur de risque. Oui, ça a beaucoup d'avantages. Par contre, ça peut amener beaucoup d'inconvénients, surtout lorsqu'il y a des personnes mal intentionnées qui pourraient s'en servir pour essayer de nous frauder. Ce qui est important à faire dans ces cas-ci, c'est d'éduquer nos parents plus âgés, si on est en mesure de le faire, avec des bons réflexes, des bonnes habitudes à prendre avec les outils numériques qui nous entourent, pour les amener à être plus vigilants dans le futur; reconnaître les dangers et les signes de fraude potentiels. Aussi, il faut toujours qu'ils gardent cet esprit de vigilance, sachant qu'une personne de l'âge d'or va avoir généralement un patrimoine un petit peu plus important qu'elle a accumulé au fil du temps et ça devient des cibles de choix pour les fraudeurs.

Sébastien : Puis, il y a des types de fraudes qu'on n’aurait peut-être pas suspectés il y a 15 ou 20 ans, mais qui sont apparus avec le technologies. Tout ce qu'on voit, les stratagèmes de type romantique, c'est particulier quand même comme concept, mais on en parle là parce qu'il y a des études qui ont été publiées récemment et qui disent qu'en 2019, c'est le type d'arnaque qui occupait la première place auprès des personnes âgées. Ça a entraîné des pertes, disait-on à ce moment-là, de 9 millions de dollars chez les aînés canadiens, donc environ 25 % de toutes les pertes. Il y a des applications de rencontres, il y a du réseautage facile. On peut se faire approcher sur Facebook pour être ami avec quelqu'un qui a une belle photo, puis là, la conversation embarque. Puis les gens sont un peu moins méfiants parce qu'on n'a pas la personne devant nous. La personne est cachée derrière des images qui ne sont clairement et généralement pas représentatives de la personne qui est là. Donc, éduquer nos grands-parents et nos parents là-dessus, ça peut avoir un impact qui est fort. Puis, même si c'est difficile de le croire, on voit que les personnes âgées subissent parfois de la maltraitance financière aussi par les membres de leur propre famille, comme leurs enfants, leurs petits-enfants. Donc, que la famille se parle pour qu'on se concerte, pour essayer d'aider nos personnes âgées, ça peut donner un bon coup de main. Parce que ce n’est pas juste comme dans le bon vieux temps où quelqu'un amenait les grands-parents, puis on faisait changer le testament avec une signature forcée. Maintenant, ça peut être beaucoup plus subtil et beaucoup plus sournois que ça.

Ashleay : Tout à fait, malheureusement. Et puis ça serait quoi les conseils qu'on peut donner aux personnes âgées par rapport à la fraud financière?

Mathieu : Les conseils qu'on pourrait donner, c'est vraiment de s'informer sur les signes de fraude. Il y a des signes qu'on peut reconnaître, qu'on peut détecter plus facilement. Les fraudeurs sont de plus en plus sophistiqués. Sébastien parlait des fraudes romantiques. Effectivement, ce n'est pas nécessairement seulement sur la vulnérabilité quant aux connaissances de l'utilisation des outils numériques, mais aussi sur la vulnérabilité au niveau de la solitude de certaines personnes âgées. Ça peut parfois les amener à baisser leur garde un petit peu plus facilement. Donc, il faut faire attention à ça. Il faut faire attention si on sent qu'on est pressé, si on sent un sentiment d'urgence. Il faut prendre un pas de recul et se demander : « Est-ce que la pression que je reçois, est-ce qu'elle est normale? Est-ce que la demande que je reçois, est-ce qu'elle est légitime? » Puis parfois, on va recevoir des requêtes d'organisations qu'on croit légitimes, comme l'Agence du revenu du Canada ou une institution bancaire. Une bonne chose à faire, c'est toujours de se dire : « Est-ce qu'on me demanderait vraiment des données personnelles comme ça par texto, par courriel? » Alors, c'est toujours un bon réflexe à avoir de contacter l'institution qui tente d'obtenir des informations de nous pour valider si la demande est légitime ou non.

Sébastien : Tout à fait. Et même dans les arnaques qu'on voyait récemment, les gens se faisaient passer pour des policiers et il fallait sortir d l'argent comptant au guichet ou au comptoir de la banque pour faire avancer l'enquête. Donc, des histoires comme ça, je suis d'accord avec toi, si on sent qu'il y a une pression, qu’il faut que ça aille vite, qu’il semble que ce n'est pas naturel ce qui est en train de se passer, bien, il faut être vigilant.

Ashleay : Puis c'est important d'être entourés justement d’une personne de confiance comme tu disais Mathieu, mais de confiance pour vrai. Alors, oui, ce sont de très bons conseils. On parlait tantôt qu'un des sujets qu'on devrait aborder avec nos aînés, c'est la stratégie de décaissement. Est-ce que tu pourrais nous en parler un petit peu plus précisément, Mathieu?

Mathieu : Certainement. La stratégie de décaissement, c'est vraiment au centre d'un nouveau chapitre de la vie : le début de la retraite. J'identifie personnellement trois risques importants dont il faut prendre conscience. Il y a le risque d'inflation. On l'a vu particulièrement dans les dernières années où l'inflation a augmenté à un rythme effréné. C'est, par définition, le risque que notre pouvoir d'achat s'effrite au fil du temps avec la hausse du coût des biens et services. Un autre risque qui est important de connaître, c'est le risque de longévité. Avec les avancées en médecine, en soins de santé, on peut penser que les gens vont vivre de plus en plus longtemps, autant les hommes que les femmes. Donc, il faut s'assurer de planifier pour vivre à un âge plus avancé, pour éviter de survivre à son épargne et d'avoir des difficultés financières en fin de vie lorsqu'on a besoin de soins et de services. Et, finalement, le dernier risque, qui n'est pas toujours discuté, mais qui est quand même important, c'est le risque de séquences de rendement. C'est-à- dire lorsqu'on commence notre retraite, on commence notre phase de décaissement. Mais si on connaît un mauvais départ au niveau de nos investissements, ça peut avoir un impact un petit peu plus profond que si un épisode plus difficile arrivait plus tard dans le temps. Donc, il faut adapter notre stratégie de placement. C'est toujours une bonne idée de parler avec son conseiller, faire son profil d'investisseur, le mettre à jour et le respecter, c'est le plus important.

Sébastien : Puis, tu parles de la valeur du conseiller. Là-dedans, il y a aussi un élément de dynamique de marché. Donc, si les marchés sont peut-être en recul, si on est dans un marché baissier, dans une correction, on peut avoir un conseiller qui nous dit que ce n'est peut-être pas le bon moment de sortir ces montants-là. Peut-être qu'il y a une autre stratégie. On peut utiliser d'autres outils. La fiscalité peut venir nous aider aussi. C'est un monde qui est assez complexe, même pour moi, alors avoir un conseiller qui peut nous guider dans ces stratégies-là, ça peut faire une énorme différence.

Ashleay : On parlait aussi de la planification successorale. Ce serait quoi les meilleurs conseils à donner aux personnes âgées par rapport à ça?

Mathieu : Premièrement, il faut s'assurer que la planification successorale a été réfléchie, qu'elle est complète. Bien sûr qu'elle respecte les lois de la province de résidence de la personne, mais surtout qu'elle respecte ses volontés. Donc, il faut le faire vraiment sans pression. Faire appel à un spécialiste, un notaire, un avocat ou son planificateur financier, c'est toujours important. Si on a des biens d'importance à léguer en héritage, comment est-ce qu'on va le faire? Les considérations fiscales? Est-ce qu'il va y avoir de l'impôt à payer à notre décès? Des gains en capital qui vont générer de l'impôt également? Ce sont toutes des questions dont on doit discuter avec des spécialistes en la matière. Et un autre point important, c'est de s'assurer que tous nos documents sont en ordre. Si on a par exemple des polices d'assurance vie, est-ce que notre désignation de bénéficiaire est à jour? Notre testament est-il à jour? S'il y a des changements dans notre vie où on voudrait faire des modifications, il faut le faire sans tarder. Et aussi, ça facilite la tâche pour ceux qu'on laisse derrière nous pour gérer notre patrimoine à notre décès. Si tout est bien en ordre, ça va faciliter aussi le deuil d'avoir une chose de moins à se soucier.

Sébastien : À ce moment-là, on a d'autres soucis. Il faut penser que si, par exemple, la personne âgée a une voiture de location, bien il faut retourner la voiture au concessionnaire. Il y a plusieurs choses auxquelles on ne pense pas, mais qui viennent jouer, là. Donc, plus on est capable de planifier ces éléments-là d'avance, mieux c'est. Puis, on peut parler de mandat de protection, comme un mandat en cas d'inaptitude qui détermine tous les rôles et responsabilités des mandataires pour prendre soin de la personne, administrer les biens. Des directives médicales aussi. Ce sont des conversations qui ne sont pas faciles, qui ne sont pas agréables à avoir, mais il y a des ressources. Juste de prendre le temps d'en discuter, puis voir comment on peut trouver un terrain d'entente qui rend service à la personne âgée, mais aussi qui va faciliter la vie d'un peu tout le monde, c'est du temps bien investi.

Ashleay : Absolument. Bien, merci beaucoup Sébastien, merci Mathieu, pour ces discussions très intéressantes et ces judicieux conseils. J'espère que ça va vous encourager, certains de nos auditeurs, à ouvrir la discussion avec les personnes âgées qui vous entourent. Nos aînés sont tellement précieux! C'est à notre tour de veiller à leur sécurité, de leur transmettre des connaissances et de les soutenir lorsqu'ils en ont besoin. Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts!, disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon et Mathieu Gilbert

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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