Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier. Mon nom est Ashleay et je suis en compagnie de Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste senior, ainsi que Philippe Millette, vice-président adjoint, Canada, Épargne et retraite individuelles, Ventes et marketing de produits d'assurance vie individuelle chez iA Groupe financier. Alors bonjour, messieurs.
Sébastien : Salut, Ashleay.
Philippe : Bonjour!
Sébastien : C'est rare que je rencontre quelqu'un qui a un titre plus long que le mien.
Ashleay : Il est long, hein?
Sébastien : Il est très long. C'est un homme à tout faire, c'est ça?
Philippe : Il est pas mal long, effectivement. Je ne savais pas que je faisais tout ça.
Ashleay : Alors messieurs, l'inflation et les dettes, ça affecte l'épargne des Canadiens. Pour débuter, Sébastien, veux-tu nous faire un portrait de la situation actuelle des épargnants?
Sébastien : Oui, tout à fait. On va parler d'épargne au sens large aujourd'hui, puis voici quelques statistiques pour montrer comment on est dans un environnement particulier. On vient de voir les taux d'intérêt monter beaucoup. La Banque du Canada, la bonne nouvelle, c'est que probablement qu'on a terminé avec les hausses de taux, je dirais, en date de mi-septembre, c'est ce qu'on anticipe. Mais du moins, on est passé de 0,25 % à 5 %, donc on a augmenté beaucoup. Les taux d'intérêt hypothécaires ont aussi augmenté beaucoup, vous le savez tous. L'inflation qui est persistante, année sur année, on a touché un petit peu en bas de 3 % récemment, mais là, on est en train de rebondir à cause du prix de l'essence qui est poussé par le prix du pétrole à l'international qui est plus élevé. Donc l'inflation, on a vu le pire, mais ça ne veut pas dire qu'on est sorti du bois pour autant. Donc maintenant, si on regarde depuis août 2020, bien, si vous trouvez que ça coûte plus cher, la vie, l'épicerie, là, l'inflation, c'est 15 % quand on combine tout ça. On parle toujours de glissement annuel ou mensuel. Mais si on regarde le coût de la vie entre août 2020 et puis août 2023, c'est 15 % de plus à l'épicerie, puis le salaire moyen au Canada, ça a augmenté de 12 %. Donc c'est une perte de pouvoir d’achat à l’épicerie. Vous savez, on entend souvent dire que les Canadiens ont un taux d’endettement qui est relativement élevé. On regarde l’épargne des ménages dans le moment qui est plus bas, le taux d’épargne, on parle de 3 %, c’est inférieur à la moyenne, qui est entre 5 et 5,5 %. Donc, c’est un environnement qui est particulier pour les épargnants, puis il faut agir différemment en 2023.
Ashleay : Donc en résumé, tout coûte plus cher. Puis l’épargne commence à être grugée tranquillement. Mais dans un tel contexte, qu’est-ce qu’on devrait faire avec notre épargne?
Philippe : Bien, comme tu l’as dit, Ashleay, tout coûte plus cher et souvent le réflexe quand on est en période d’inflation ou d’incertitude économique suite à la hausse des taux d’intérêt, comme on est présentement. Mais le réflexe des gens souvent, c’est de ne pas investir et même carrément de se dire « bien, je vais dépenser cet argent-là, je vais me payer du bon temps ».
Sébastien : On coupe dans le budget d'épargne.
Philippe : On coupe dans le budget d'épargne, puis on profite de la vie avant que ça coûte trop cher. Par contre, ce que les gens doivent réaliser, c'est qu'en période d'inflation, c'est justement notre pouvoir d'achat qui est impacté. Tout coûte plus cher et si on est en période d'inflation pendant plusieurs années, tout va coûter plus cher pendant plusieurs années. Alors en vue de la retraite, si tout coûte plus cher, mon réflexe, ça devrait être d'investir davantage parce que je vais en avoir besoin de plus juste pour maintenir mon niveau de vie. Totalement le contraire de ce que beaucoup de gens font présentement.
Sébastien : Puis l'inflation, personne ne peut s'en sauver. On dit toujours que c'est une espèce de cancer économique, l'inflation, parce que ça vient gruger le pouvoir d'achat. C'est destructeur. Mais au niveau individuel, comme tu dis, la seule chose qu'on peut faire pour s'en protéger, c'est de s'assurer au moins d'aller chercher des rendements de marché qui vont compenser cette inflation-là. C'est la seule chose qu'on peut faire.
Philippe : Exactement. C'est carrément la seule chose, c'est de prendre, d'investir dans des produits d'investissement qui vont permettre d'annuler ou de compenser en bonne partie l'inflation. Puis c'est un très bon point que tu amènes, Sébastien, parce que les gens qui investissent présentement, ceux qui décident d'investir malgré tout, la grande majorité de ce qu'on voit, les gens investissent dans des placements garantis, et les placements garantis, ce sont les placements qui protègent le moins bien contre l'inflation et qui protègent le moins bien contre la perte du pouvoir d'achat.
Sébastien : Puis quand tu parles d'un placement garanti, ça rime généralement avec placements de court terme, donc du marché monétaire.
Philippe : Des certificats de placement garanti.
Sébastien : Les fameux CPG, des comptes d’épargne à intérêts élevés.
Philippe : Exactement.
Sébastien : Donc c'est dans ces produits-là. Puis on est chanceux, parce que dans la décennie 2010 à 2020, on n’avait à peu près rien de rendement là-dessus, mettons de 5 % de rendement. Donc, c'est attrayant, mais combien de temps tu restes là-dedans? Puis c’est quoi l’opportunité que tu perds à être là-dedans plutôt que d’être investi dans des actifs qui sont un peu plus risqués? C’est ça?
Philippe : Exactement. Exactement. Parce qu’il ne faut pas perdre de vue qu’à long terme, ce qui est le plus payant, ce n’est pas les placements garantis qui vont donner en moyenne peut être 3, 4, 5 % dépendamment du niveau de l’inflation à long terme. Mais vraiment, ce qui est le plus payant à long terme, c’est une approche équilibrée, c’est-à-dire d’avoir, oui, c’est correct d'avoir des placements garantis, c'est correct d'avoir des placements à revenu fixe, mais au moins la moitié du portefeuille devrait être investie dans des placements qui donnent du gain en capital, qui donnent plus de rendement à long terme. Ça, c'est des placements boursiers. Puis souvent, les gens, quand ils pensent à la Bourse, ils pensent à beaucoup de risques. Mais je veux dire, des compagnies d'alimentation, des compagnies qui font de l'argent présentement, tu l’as dit, Sébastien. Le coût des aliments a beaucoup augmenté. Les compagnies font beaucoup d’argent, les compagnies qui sont dans le domaine agroalimentaire. Alors, pourquoi ne pas investir dans ces compagnies-là?
Sébastien : Puis il y a des secteurs comme le secteur des technologies qui a fait 60 % entre 1ᵉʳ janvier, puis quelque part à la fin juillet. Mais là, maintenant, on voit des prises de profits de ce côté-là. Mais c’est les titres énergétiques. Donc, choisir le timing d’entrée et de sortie dans ces thèmes-là, ça prend des professionnels, c’est difficile, mais nos points de vue individuels, la chose à faire quand on dit de se diversifier, de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier, ça veut dire de ne pas mettre non plus tous les œufs dans le panier le plus sécuritaire qui donne un rendement de court terme qui est peut-être attrayant, mais la question c'est quand est-ce que tu en sors? Si tu vas chercher cette sécurité-là, à quel moment est-ce que tu vas dire « OK, parfait, maintenant, je suis prêt pour aller chercher des rendements boursiers plus intéressants » ? En général, ce qu'on voit dans les études financières, c'est que quand les gens sont convaincus que c'est le temps d'aller dans la bourse, généralement les plus beaux moments, les plus belles années sont déjà passées. Ça fait que la diversification, c'est à ce sens-là aussi.
Philippe : Oui, absolument. Puis tu as mis le doigt dessus. Je disais que l'approche la plus payante pour monsieur, madame Tout-le-Monde, à long terme, c'est une approche équilibrée, donc on peut avoir des placements plus sécuritaires garantis, mais ça prend des placements qui permettent d'aller chercher plus de croissance. Et pour avoir du succès à long terme, il faut être discipliné. C'est-à-dire qu'il faut toujours avoir et nos placements sécuritaires et nos placements qui vont nous permettre de générer du gain. Puis il faut toujours les avoir dans les mêmes proportions. Il ne faut pas, à un moment donné, tu parlais de timing, bien en avoir plus des sécuritaires quand ça serait le temps d'aller conserver ou continuer d'investir dans nos placements en actions ou au contraire quand la bourse va très très bien comme c'était le cas dans les dernières années avant la phase d'inflation, bien là, c'est l'inverse, les gens mettaient beaucoup trop dans leurs actions, puis ils n’en mettaient plus dans leurs placements sécuritaires. Donc il faut garder une approche équilibrée à long terme et il faut être discipliné. Ça veut dire que présentement, même si c'est contre-intuitif pour la plupart des gens, il faut continuer d'investir, il faut même investir plus, il faut continuer d'investir dans les marchés boursiers. Et une des bonnes manières d'encadrer le risque ou de diminuer peut-être la peur qu'on a d'investir dans les marchés boursiers, il faut éviter de mettre des gros montants d'un coup. Donc la meilleure stratégie est la plus simple. C'est ce qu'on appelle l'achat périodique. Alors, ce qu'il faut faire, ce n'est pas compliqué. Autant que possible, on investit sur douze mois, on en met tous les mois, bon an, mal an. Peu importe que ce soit plus favorable pour les placements garantis ou plus favorable pour les placements en actions. On continue d'investir tous les mois dans la même proportion. On ne lâche pas.
Sébastien : Oui, puis c'est un peu ce qu'on parlait souvent dans notre balado ici, d'avoir un plan, premièrement. Premier morceau, c'est de se faire accompagner par un conseiller financier, ça aide beaucoup. Investir sur base régulière, investir dans des classes d'actifs variés. Et puis n’oubliez pas : quand tout le monde parle du marché boursier et que tout va bien, bien, généralement ça devrait allumer des cloches. Peut-être que c'est le temps de commencer à prendre des profits. Puis quand personne ne parle du marché boursier, c’est un bon moment pour y aller. Mais la nature humaine fait qu’on a tendance à faire l’inverse. Donc on se protège de ça en achetant bon an, mal an comme tu dis. C’est comme ça qu’à long terme, tu sais, on a déjà fait beaucoup d’analyse de notre côté, puis c’est très difficile de battre à long terme la performance d’une stratégie comme ça. On a beau penser qu’on a la clé du marché, bien on peut sortir au bon moment, mais rentrer au mauvais moment après ou vice versa. Donc de ce jour, ça devrait être simple, investir pour le long terme, ça ne devrait pas être complexe.
Philippe : Non. Puis une stratégie diversifiée ou équilibrée devrait vous donner en moyenne à long terme à peu près 6 % de rendement. Ce n'est pas parce qu'on a une année qui peut être négative qu'il faut arrêter. Puis ce n'est pas parce qu'on a une année qui peut être à +10 ou +12 ou +15 qu'il faut s’ambitionner, puis en mettre trop, puis en faire plus. Il faut rester discipliné, on garde l'approche équilibrée, puis on devrait avoir un rendement autour de 6 %, puis pour encadrer le risque, contrôler le risque, le meilleur outil, la meilleure stratégie, c'est l'investissement périodique.
Sébastien : Tout à fait. Puis Philippe, on se connaît depuis longtemps et je sais que quelque chose qu’on avait déjà discuté par le passé, tout ce qui était des dimensions d'optimisation fiscale. Je ne sais pas si tu pourrais nous en parler un petit peu. Comment est-ce qu'on peut utiliser ça dans un environnement surtout comme celui-ci?
Philippe : Quand on parle d'optimisation fiscale, ça semble très compliqué, mais en réalité, moi je veux juste parler de la base ici, c'est quand on investit dans des placements garantis, des placements sécuritaires, des certificats de placement garantis, par exemple, qu’on peut acheter à la banque ou bref, dans n'importe quelle compagnie, il y en a partout, mais les certificats de placement garantis, ça donne un rendement en intérêts. Fiscalité 101, quand j'ai des placements qui donnent de l'intérêt dans un compte qui n'est pas mon REER, par exemple. Donc dans un compte de banque non enregistré. Que là, je vais être taxable, 100 % de mon gain est taxable. Ça fait que présentement, on va garder des exemples simples, mais si vous avez un certificat de placement garanti qui paye 5 % puis qui est détenu dans un compte non-REER, en partant, il en part à peu près la moitié en impôt, puis là, l'inflation, Sébastien, tu disais autour de 3, 3,5, bien, on fait le calcul, on est en réalité, on perd 1 % par année en pouvoir d'achat. OK. Donc, évitez d'avoir des placements qui payent de l'intérêt dans des comptes qui sont non enregistrés. Il faudrait les mettre surtout dans nos REER ou dans le CELI. Puis après ça, une autre stratégie qui peut être intéressante, c’est de prendre des placements en actions. Parce que l’action ou le gain en capital, c’est la moitié qui est taxable. Donc ça coûte deux fois moins cher en impôt. Mais il y a des actions qui payent du dividende. Puis en période d’inflation, je trouve ça intéressant, les actions qui payent du dividende, parce qu'à l'heure actuelle, le dividende moyen est peut-être autour de 3 %. Là, je vous donne une moyenne, ça veut dire que j'ai un portefeuille d'actions avec le potentiel de croissance des compagnies qui sont dans le portefeuille. Mais en plus, les compagnies me payent un dividende en moyenne de 3 % pour demeurer patient, rester investi. J'encaisse un dividende, puis, comme par hasard, le taux d'inflation, présentement, il est à peu près ce que le dividende me paye. Donc le dividende compense l'inflation et je laisse mes placements aller dans mon fonds de dividendes. Des fonds comme ça, c'est parfait pour les placements non enregistrés. Évidemment, ça prend une approche équilibrée, ça ne veut pas dire qu'il faut tout mettre ses œufs dans le même panier, soit dans un REER, soit dans un CELI, soit dans un compte non enregistré. Mais quand même, ça donne une idée que si en grande majorité, vous avez vos placements garantis dans votre compte non enregistré et vos placements en actions dans vos REER, il y a de l'optimisation fiscale qui peut être faite.
Ashleay : Bien, c'est merveilleux. Merci beaucoup, Philippe. Merci, Sébastien, d'avoir été là avec nous. Alors à tous nos auditeurs, on vous remercie également d'avoir été là et on vous souhaite une excellente journée. Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.
À propos
Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.
Sébastien Mc Mahon et Philippe Millette
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