Qui vous fera faire fortune : l’humain ou la machine?

Sébastien Mc Mahon nous fait découvrir comment les grands gestionnaires d’actifs de ce monde s’y prennent pour créer des portefeuilles et choisir les titres qui vont en faire partie.

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier, dans lequel on discute de l'essentiel de l'actualité économique et de ses impacts sur vos finances en moins de dix minutes. On entend souvent parler de gestion de portefeuilles avec un humain et une machine. Comment les grands gestionnaires d'actifs de ce monde s'y prennent-ils pour créer des portefeuilles et choisir des titres qui vont en faire partie? Mon nom est Ashleay. Je suis en compagnie de mon collègue Sébastien Mc Mahon, notre stratège en chef et économiste sénior chez iA Groupe financier. Bonjour Sébastien.

Sébastien : Bonjour Ashleay.

Ashleay : Donc, Sébastien, en 2023 qui fait la gestion de nos portefeuilles? Est-ce que c'est un ordinateur? c'est une personne? c'est un groupe de personnes?

Sébastien : Bien, gestion par comité, gestion par ordinateur : toutes ces réponses-là sont bonnes. Chaque approche a ses avantages et ses inconvénients. Si on commence par regarder d'abord la gestion par un humain, donc, l'investissement qu'on appelle « fondamental » ou « la gestion traditionnelle ». Mais je dirais qu'il y a encore plusieurs firmes qui confient la gestion de leurs fonds à des investisseurs, des gestionnaires chevronnés qui se sont bâti avec les années leur propre, entre guillemets, « recette secrète ». Donc, ici, ça veut dire qu'on se fie à l'expérience du gestionnaire et à sa capacité de lire simultanément, par exemple, l'évolution de la conjoncture économique, la valorisation des marchés, les hauts et les bas du sentiment des investisseurs, parfois, qui ont une connaissance très approfondie d'une industrie, donc ils sont capables d'aller choisir les bons titres au bon moment. Donc, le cerveau humain, c'est un outil très puissant et un gestionnaire qui est supporté par un cadre d'analyse qu’il a affûté avec le temps, a la capacité de prendre des décisions qui sont éclairées tout en gérant bien les risques.

Ashleay : Oui, mais Sébastien, le cerveau a ses limites?

Sébastien : Effectivement, Ashleay, le cerveau humain a ses limites et il y a eu beaucoup de recherche qui s'est faite dans les dernières décennies sur les biais cognitifs ou les limites au cerveau. Donc, on sait que le cerveau a une quantité d'informations maximale qu'il peut traiter en un court laps de temps. On est très bon pour faire des liens entre les concepts, mais c'est pour la quantité d'informations qu'on peut traiter qu’on a des limites. On a aussi ce qu'on appelle des « biais cognitifs », donc des espèces d'erreurs de jugement qu'on peut commettre sans même parfois s'en rendre compte. Puis, peut-être quelques exemples ici pour rendre ça concret. Il y a quelque chose qu'on appelle « un biais de confirmation ». Ça, c'est la tendance que l'être humain a à donner plus d'importance aux données ou aux événements qui confirment notre pensée ou qui confirment notre point de vue. Donc, si on lit une nouvelle qui va dans le même sens que notre opinion, on va avoir tendance à donner plus d'importance à cette nouvelle-là qu’à une nouvelle qui va aller dans le sens contraire de l'opinion qu'on avait avant de lire. Donc, ça, c'est le biais de confirmation. Biais de représentativité, ça veut dire porter un jugement qui est basé sur l'information qu'on possède dans le moment, même si on sait très bien que l'information qu'on possède, ça ne peint probablement pas un portrait complet d'une situation ou d'un enjeu. Un autre biais, c'est un biais de disponibilité. Donc, on donne plus d'importance à l'information qui nous vient rapidement en tête et moins à la nouvelle information quand on va creuser un peu plus loin le problème. Puis, finalement, il y a bien sûr l'effet d'entraînement. Donc, la tendance à vouloir demeurer près du consensus, près du troupeau, puis à embarquer dans des mouvements de foule par peur de rester derrière. Donc, des biais cognitifs comme ça, il y en a plusieurs. Il y a beaucoup de littérature sur le sujet. C'est vraiment de la psychologie appliquée à l'investissement.

Ashleay : J'imagine alors que, bon, si le cerveau a ses limites, c'est l'ordinateur qui prend la relève à ce moment-là? Est-ce que c'est un concept nouveau?

Sébastien : C'est intéressant de savoir que non, ce n'est pas une nouveauté et en fait le pionnier à l'origine des stratégies d'investissement quantitatives, c'est un certain mathématicien français, du nom de Louis Bachelier, dont la publication de la thèse de doctorat remonte à l'année 1900. Donc, les applications ont évolué beaucoup depuis, mais ce n'est pas un concept qui est nouveau. Donc, la gestion par ordinateur ‒ d'autres termes qu'on utilise parfois : des stratégies quantitatives, des stratégies systématiques ou, si vous êtes un peu plus sophistiqués, des stratégies multifactorielles ‒ donc, des stratégies d'investissement par ordinateur, ça relève généralement d'un modèle mathématique avancé, donc, qui est développé par des professionnels du secteur. Donc, ce sont des humains qui sont derrière la création de ces modèles-là, notamment des programmeurs, des mathématiciens, des statisticiens, des spécialistes en économie, puis en finance. Ces modèles-là décortiquent de grandes quantités de données et d'informations pour arriver à des décisions d'investissement. Donc, je te dirais que de nos jours, l'avènement des communications en réseaux, des ordinateurs très puissants et peu coûteux, ça a ouvert la voie à des modèles mathématiques informatisés qui sont très complexes et qui peuvent servir à guider les décisions d'investissement. Les objectifs de l'investissement quantitatif sont assez clairs : de réduire les biais humains dans le processus d'investissement, d'utiliser des données et puis la technologie pour dépasser les limites humaines. Et puis ça permet une stratégie évolutive, donc analyser des milliers d'actifs. C'est transposable dans divers univers et actifs. Mais quand même, il ne faut pas oublier que ni un ordinateur ni un humain ne va être infaillible. C'est juste qu'on va utiliser les bénéfices de chacune de ces deux options-là.

Ashleay : Je comprends. Et, donc, la meilleure option, c'est quoi?

Sébastien : Chez iA Gestion de placements, on croit qu'une combinaison des deux approches est optimale. Donc, je pourrais peut-être faire l'analogie de la voiture pour expliquer un peu notre vision, comment est-ce qu'on doit combiner l'humain et la machine. Donc, si vous avez magasiné une voiture dans les dernières années, vous savez qu'il y a beaucoup de technologie maintenant dans les voitures. On a plusieurs caméras qui nous aident à la conduite. Pour les angles morts, par exemple, on a un régulateur de vitesse. Donc, on a beaucoup d'outils qui sont là pour dégager le cerveau humain, pour qu'on puisse se concentrer sur la route devant nous. Donc, si la route est belle, on va avoir tendance à faire confiance à nos outils. Mais s'il y a une tempête de neige qui frappe, le réflexe humain, c'est beaucoup de fermer ces outils-là; l'être humain met les deux mains fermement sur le volant, prend le contrôle. Et puis, jusqu'à temps qu'on ait la route qui se dégage à nouveau et que l’on va pouvoir commencer à faire confiance à nos outils d'aide. Donc, c'est un peu de la même façon qu'on voit la combinaison des deux. Il y a des environnements où on pense que l'ordinateur peut nous aider à nous dégager du temps, nous dégager l'esprit et pouvoir prendre des décisions d'investissement à notre place. Mais quand il y a de la volatilité qui frappe sur les marchés, on a tendance à plus remettre les deux mains sur le volant; c'est plus l'humain qui va reprendre le contrôle des portefeuilles. Donc, les avantages de chacun, bien les marier ensemble, on pense que c'est ça la bonne façon d'investir en 2023.

Ashleay : Excellent. Merci beaucoup Sébastien. J'ai bien hâte à notre prochain balado! Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon

Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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