Inflation : impact majeur sur votre plan de retraite

La poussée de l’inflation peut avoir un impact majeur sur votre plan de retraite. Pour certains, cela nécessitera que de simples ajustements du montant de l’épargne, mais pour d’autres, cela pourrait aller jusqu’au report de la retraite. Des solutions à votre portée. Nos conseils, avec Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste sénior, et Frédéric Lessard, vice-président régional des ventes chez iA Groupe financier.

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier. Mon nom est Ashleay et cette fois on va parler d'un sujet dont certains avons tendance à procrastiner. Je m'inclus là-dedans, et pourtant il s'agit de planifier les 30 années d'une vie. C'est pas rien. Vous aurez deviné : je parle de la retraite. Pour ce faire, j'ai avec moi, comme toujours, Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste sénior, ainsi que Frédéric Lessard, vice-président régional des ventes chez iA Groupe financier. Alors, bonjour Frédéric, bonjour Sébastien.

Sébastien : Salut Ashleay.

Frédéric : Bonjour.

Ashleay : Bien contente de vous avoir en studio avec moi aujourd'hui. Alors, pour commencer, est-ce qu'on a quelques données à jour concernant la retraite?

Frédéric : Bien sûr. Bien, d'abord merci de l'invitation. Normalement, je suis auditeur. Là, je suis participant. Bien content d'être avec vous.

Sébastien : Content de t'avoir.

Ashleay : Oui, vraiment.

Frédéric : La retraite, quel excellent sujet! Savez-vous qu'actuellement plus de 2 millions de personnes sont à la retraite au Québec? Si on regarde les dix prochaines années, on devrait avoir 1 million de personnes qui vont arriver en âge de la retraite. Alors, c'est un sujet qui touche beaucoup de monde. Considérant qu'un Canadien sur deux considère ne pas avoir de plan de retraite, je pense que ça vaut la peine d'en discuter.

Sébastien : Et, à ce que je sache, ils n’ont pas inventé encore les machines à voyager dans le temps. Ça fait que c'est le temps d'y penser avant d'arriver à la retraite plutôt que de se rendre compte de la situation quand on est à la retraite.

Frédéric : Oui, absolument. Puis heureusement pour nous, là, on a la chance d'avoir des programmes gouvernementaux qui existent pour nous aider à la retraite : la pension de la Sécurité de la vieillesse, la Régie des rentes du Québec. Par contre, il faut se rappeler que ces programmes-là sont faits pour couvrir vraiment les besoins de base des individus. Tu sais, en guise de précision, là, si on regarde la pension de la Sécurité de la vieillesse, on parle d’à peu près 7 000 $ par année; Régie des rentes : 15 000 $ par année. Ça fait que si on compare ça, par exemple, au revenu moyen d'un Québécois ou d'une Québécoise, bien, on peut s'attendre que ça couvre 40 %, peut-être, des dépenses à la retraite.

Sébastien : Oui.

Frédéric : C'est important d'avoir un effort d'épargne individuel, en plus de compter sur ces programmes-là.

Sébastien : Donc, l'idée, c'est que si on veut protéger notre niveau de vie, bien, il faut se rabattre sur notre plan de retraite.

Ashleay : Absolument, absolument. Puis, Frédéric, est-ce que tu peux nous donner un portrait de la situation actuelle? Tu sais, à quoi ressemblent les habitudes d'épargne des Canadiens?

Frédéric : Oui, absolument. Selon Statistique Canada, le taux d'épargne au Canada l'an dernier était de 5 %. C'est donc dire que si on gagne 100 $, on en prend 5, puis on les met de côté. Mettre ça en perspective un peu, là, les autres dépenses qu'on pourrait avoir, si on regarde 2022, bien sur le même 100 $, on prendrait 30 à 40 dollars pour le logement, on prendrait à peu près 17 pour se déplacer, le transport, ensuite 13 pour se nourrir. Puis si on regarde juste par exemple les vêtements, c'est 6 à 7 $, le divertissement 6 à 7 $. Donc, quand t'arrives avec 5 $ qui va au niveau de ton épargne, je pense qu'il y a peut-être un effort supplémentaire à faire. Mais tu sais, encore là, c'est des moyennes. Puis, je ne questionne pas du tout les choix qui sont faits là-dedans. C'est plutôt de regarder les statistiques.

Sébastien : Puis on s'entend que c'est pas facile d'épargner, de se discipliner pour épargner. C'est pas facile pour tout le monde d'avoir de l'argent de côté à la fin du mois. Mais on entend souvent des règles du pouce ou bien des règles faciles à se rappeler, là, pour l'épargne. En général, toi, qu'est-ce que tu recommanderais aux gens pour au moins se donner un guide, là?

Frédéric : Bien, en termes de règle du pouce, il y en a deux qui sont généralement reconnues. La première, pour avoir une retraite en ligne avec notre niveau de vie, ça prend à peu près 60 à 80 % de ton revenu actuel pour bien vivre.

Sébastien : Lorsque tu vas être à la retraite.

Frédéric : Oui, exactement, parce que généralement le prêt hypothécaire va être fini de payer, les enfants vont avoir quitté la maison, peut-être un petit peu moins de dépenses reliées au travail. Ça fait qu’à 70 % en moyenne, là, t'es capable de vivre et de garder le même niveau de vie.

Sébastien : Donc, quand on regarde notre revenu anticipé, lorsqu'on arrivera à la retraite, on tient compte de la pension de la Sécurité de la vieillesse, de Retraite Québec. Puis après ça, bien, il faut combler le reste avec notre épargne, notre plan de retraite.

Frédéric : Oui, exactement. L'autre règle du pouce qu'on peut voir, là, pour y arriver, justement, là, c'est qu’idéalement, on épargne au cours de notre vie active entre 10 et 15 % de notre revenu.

Sébastien : Ok.

Frédéric : En faisant ça, en principe tu devrais atteindre le revenu espéré une fois à ta retraite.

Sébastien : Ok.

Ashleay : Et puis, là, chacun n’est pas à la même place face à la retraite. Est-ce qu'il y a des repères auxquels se fier? Peut-être des phases de la vie?

Sébastien : Des phases de la vie justement.

Ashleay : Oui.

Frédéric : Bien oui. Puis, dans les discussions sur la retraite, c'est facile de tomber dans des discussions techniques avec plein de statistiques. Alors, moi, j'aime ça garder les choses très simples. Ça fait que les phases de la vie, moi j'en ai répertorié trois, ou quatre. On va commencer. On regarde la première phase : 18 - 35 ans. 18 - 35 ans, c'est un moment dans ta vie où avoir un plan de retraite, c'est pas essentiel. Ce qui est essentiel, par contre, c’est d’avoir des bonnes habitudes d'épargne; avoir une bonne discipline d'épargne. Tu l'as dit Sébastien, c'est pas évident de mettre de l'argent de côté...

Sébastien : Vraiment pas.

Frédéric :  ...pour personne. Bien, c'est pour ça que des fois, avoir un conseiller en sécurité financière avec nous, le rencontrer, avoir une relation de confiance avec lui, ça peut être une façon efficace de trouver des moments où c'est plus facile de mettre de l'argent de côté. Tu sais, j'ai des exemples. Entre 18 et 35 ans,  souvent on va avoir, on va rencontrer l'amour, on va avoir chacun un appartement, on va décider d'emménager ensemble. À ce moment-là, on passe de deux loyers à un loyer. Il y a peut-être des sous qui se libèrent. On va prendre un autre exemple : tu finis de payer ton prêt étudiant. À ce moment-là, tu as, tu as des montants qui sont disponibles. C'est des belles occasions d'épargner. Même chose : la fin d'un paiement automobile, par exemple.

Sébastien : Ça fait que c'est commencer à se payer soi-même plutôt que de payer un autre loyer, plutôt que de payer une auto. Bon, bien, on prend les habitudes, puis on se priorise.

Frédéric : Absolument. Si tu as une augmentation de salaire, si tu as une prime au travail : saisir ces occasions-là. Et j'aime beaucoup les termes que t'as choisis : se payer soi-même. C'est sûr que l'habitude de mettre de l'argent de côté à toutes les payes, il n’y a pas de petites économies, il n'y a pas de petite épargne, et ça, entre 18 et 35 ans, c'est le temps de prendre cette discipline-là.

Sébastien : Puis l'avantage à cet âge-là, c'est que l'intérêt composé, qui est une des forces les plus puissantes de l'univers, si on peut dire, bien, tu en bénéficies pendant longtemps. Donc, tout ce que tu épargnes à 18, 19, 20 ans, même si c'est des petits montants, ça a le temps de fructifier de façon assez imposante, là.

Frédéric : Oui. Deuxième phase de la vie : on arrive peut-être à 35 - 50 ans? À ce moment-là, les choses se rangent un petit peu; la carrière est lancée, les enfants sont peut-être arrivés, la résidence principale est achetée. Là, c'est important de commencer à pousser la réflexion au niveau de la retraite. À quel âge je veux prendre ma retraite? Quel genre de retraite je veux avoir? Est-ce que je suis passionné par mon travail puis je veux continuer à travailler bien au-delà de 65 ans. Est-ce que ma santé va me le permettre? Je pense que, à ce point-là, encore une fois, d'avoir un conseiller en sécurité financière, c'est un activateur de réflexion. Mais au-delà de ça, si, en mode autonome, tu veux clarifier un petit peu, à peu près, là où tu vas être par rapport à ton plan de retraite, où tu es rendu en ce moment au niveau de ton épargne, il y a des moyens pour ça. Par exemple, sur Internet, il y a un site qui s'appelle SimulR. C'est offert par le gouvernement du Québec, c'est entièrement gratuit. En quelques minutes, quelques informations saisies, puis tu as une bonne idée d’où tu es rendu à propos de ton épargne, t'as une bonne idée d’où tu dois te rendre aussi. Puis, je pense que c'est rassurant de faire cet exercice-là.

Sébastien : Ok. Puis après ça, quand tu arrives à l'aube de la retraite, bien il n'est jamais trop tard pour avoir un plan, là?

Frédéric : Bien non, exactement. Il n'est jamais trop tard. À l'aube de la retraite, on parle de 50 à 65 ans. Là, il commence à y avoir des décisions importantes qui doivent se prendre. Qu'est-ce qu'on fait avec la résidence principale? Qu'est-ce qu'on fait si on a un retard au niveau de notre épargne? C'est fréquent, là, et il ne faut pas capoter avec ça. Si à 50 ans on a un important retard pour la retraite, il y a des stratégies qui existent pour ça. Est-ce qu'on doit prendre plus de risques? Est-ce qu'on doit regarder pour peut-être analyser nos dettes? Qu'est-ce qu'on fait avec nos dettes? Qu'est-ce qu'on fait avec le prêt hypothécaire? Je pense qu'à ce moment-là, d'avoir les conseils de quelqu'un qui peut, pardonnez-moi l’expression, te challenger dans tes réflexions, ça devient primordial, ça devient crucial. Puis aussi, bien, on suit l'évolution de l'état de santé, puis est-ce que l'âge envisagé à la phase précédente est encore réaliste?

Sébastien : Puis dans tout ça, ce qui est commun, c'est que penser qu'un jour on va la prendre notre retraite; la partie de l'éveil, d'être conscient qu'il faut épargner pour le long terme, avoir un conseiller financier, avoir un plan, être réaliste. Donc, ce sont toutes des choses qui sont communes à ces trois phases-là qu'on vient de décrire, là.

Frédéric : Oui, absolument. Puis la chose qui vient peut-être changer un petit peu, mettons, peut-être plus autour de 65 ans, c'est la notion de l'impôt, de la fiscalité, puis les choix qu'on peut faire, par exemple, pour décaisser ces montants, la planification du décaissement deviennent des facteurs super importants sur ton niveau de vie. Tu sais, je parlais de la  pension de la Sécurité de la vieillesse. Si jamais tu retires de ton REER, il peut y avoir une incidence. Tu peux te faire enlever de la pension de Sécurité de la vieillesse. Ça fait que d'avoir, de prendre une bonne décision éclairée qui prend en considération ton impôt lors du décaissement, ça peut faire une différence énorme dans tes poches.

Sébastien : Clairement. Puis peut-être une dernière question. Tu sais, je parle beaucoup à des conseillers financiers, là, dans mon travail, puis j'entends toujours qu'un plan, c'est important, c'est crucial, puis on vient de l'établir. Mais surtout, il faut le réviser idéalement à tous les trois ans. Pourquoi réviser ça tous les trois ans?

Frédéric : Bien, trois ans, c'est une règle du pouce. La raison est simple : la vie change, la situation change, l'état de santé change, l'état de santé de notre conjoint peut changer et, à ce moment-là, c'est important de réviser le plan en fonction de ces changements-là. L'autre chose, si tout est au beau fixe, bien, il y a quand même des sujets qu'on peut aborder, pour continuer la réflexion. On peut penser, par exemple, à nos besoins d'assurance. On peut commencer à penser à la succession ou au mandat d'inaptitude, peut-être penser éventuellement à ce qu'il adviendrait s’il y avait une résidence pour aînés. Si jamais l'inflation est très présente, a préséance, est-ce que cela a une incidence sur nos plans? Ça fait que ces rencontres de suivi là permettent d'explorer ces questions-là. Puis, notre but à la retraite, c'est d'avoir du plaisir, puis de profiter de la vie. Ça fait que d'éliminer toutes ces interrogations-là dans ces rencontres de suivi là, bien, ça fait en sorte qu'on a une retraite plus agréable.

Sébastien : Ok. On ne sait jamais quand est-ce qu'on va avoir besoin d'aller dans une résidence pour personnes âgées. Est-ce que la santé va être bonne? Donc s'assurer, comme on dit, de ne pas survivre à son argent. C'est un morceau qui est très important dans la façon dont on bâtit un plan. Bien, merci, c'est très bien.

Ashleay : Oui, merci Frédéric, merci Sébastien. C'est vraiment un grand plaisir de vous entendre. Puis, à tous les auditeurs, merci d'avoir été là et si le sujet vous rejoint et que vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à écouter le premier épisode sur la retraite qu'on a publié. On vous invite aussi à nous écrire si vous avez des questions ou des commentaires. Bonne journée tout le monde! Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon et Frédéric Lessard

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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