Préparer sa retraite : les questions de l’heure à poser à son conseiller

Dans le contexte actuel, quelles sont les questions à poser à notre conseiller pour bien préparer sa retraite? Comment pouvons-nous bien planifier cette période de notre vie étant donné l’espérance de vie grandissante? On en discute avec Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste sénior chez iA Groupe financier.

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier dans lequel on discute de l'essentiel de l'actualité économique et de ses impacts sur vos finances en moins de dix minutes. On a travaillé toute notre vie. On commence déjà à penser à nos vacances permanentes, soit notre retraite. Quelles sont les questions à poser à notre conseiller financier pour être bien préparé? Comment pouvons-nous planifier cette période de notre vie et peut-être même y avoir accès un peu plus tôt que prévu? Mon nom est Ashleay. Je suis en compagnie de mon collègue Sébastien Mc Mahon, notre stratège en chef et économiste senior chez iA Groupe financier. Bonjour Sébastien.

Sébastien : Bonjour Ashleay.

Ashleay : Alors, commençons avec des statistiques. Est-ce que tu en as quelques-unes à nous partager?

Sébastien : Oui, tout à fait. Saviez-vous que plus d'une personne sur cinq en âge de travailler au Canada, donc on parle de près de 22 % dans le moment, est près de la retraite, c'est-à-dire qui est âgée de 55 à 64 ans? Quand on regarde les graphiques historiques, jamais auparavant ce nombre n'a été aussi élevé. Puis, l'âge moyen de la retraite en 2021, c'était de 64,4 ans, pour être très précis. Donc une personne qui part à la retraite à 55 ans est susceptible d'avoir une période de retraite presque aussi longue que celle de sa vie active sur le marché du travail. C'est pas rien. Puisque les prestations gouvernementales ne sont pas disponibles avant 60 ans, la totalité des revenus de retraite devra provenir des épargnes personnelles, REER, CELI, fonds de pension, pour tous ceux qui décident de suivre le plan de liberté 55.

Ashleay : Donc, bien se préparer à la retraite financièrement, c'est crucial à ce que je vois. Une enquête récente démontre que les principales préoccupations face à la retraite sont de disposer d'une épargne suffisante, de maintenir le niveau de vie puis l'impact de l'inflation. Peux-tu nous en dire un peu plus?

Sébastien : Effectivement, le risque financier à gérer pour un retraité, ce n'est pas tant la volatilité des marchés, mais c'est le risque de survivre à son épargne. L'espérance de vie à 65 ans pour les Canadiens, c'est d'environ 20 ans. Si on veut être plus précis, vous savez, c'est toujours un peu plus court pour les hommes, donc l'espérance de vie à 65 ans pour un homme, on parle de 18,5 années; pour une femme, 21,5 années. Mais ce qui est vraiment important à considérer, c'est la probabilité de vivre jusqu'à 80 ans ou même 90 ans et plus, donc de dépasser l'espérance de vie moyenne. Là, ici, j'ai des données qui datent 1) de 2015 et puis 2) du côté américain. On peut facilement faire des bonnes corrélations avec ce qu'on a au Canada, mais qui demeure informatif. La probabilité qu'un homme ou une femme vive jusqu'à 80 ans. Donc, si on a 65 ans, puis on se projette, c'est deux chances sur trois. Donc deux chances sur trois, si vous êtes un jeune retraité, québécois, canadien, vous tombez à la retraite : deux chances sur trois que vous allez dépasser 80 ans. Mais la probabilité que au moins un des deux membres du couple se rende à 80 ans, c'est pas deux chances sur trois, c'est neuf chances sur dix. Peut-être qu’il y en a un qui va décéder avant l'autre, mais qu’il y en ait un des deux qui dépasse 80 ans, c'est presque une certitude. Probabilité qu'un homme ou une femme vive jusqu'à au moins 90 ans quand on part à la retraite à 65 ans : c'est une chance sur quatre. Mais probabilité que au moins un des deux membres du couple se rende jusqu’à 90 ans et plus, on parle de une chance sur deux.

Ashleay : Donc, toujours selon la même enquête, selon 53 % des gens âgés de 55 ans et plus affirment détenir un plan. Alors, quand doit-on commencer à planifier sa retraite?

Sébastien : Je dirais le plus tôt possible. S'il ne vous reste que dix ans ou moins avant de prendre votre retraite et vous avez pas encore commencé à la planifier, bien, il faut maintenant rattraper le temps perdu. Pour y arriver, il est important que la préparation de votre retraite fasse partie de vos priorités des prochaines années. À ce stade-ci, tous les gestes que vous poserez auront des conséquences importantes sur votre niveau de vie à la retraite. Même si vous étiez plus organisé, vous aviez bien préparé vos choses, puis vos préparatifs vont bon train, c’est quand même important de réviser votre stratégie d'épargne-retraite pour vous assurer de maintenir le cap. Par exemple, vous êtes peut-être rendu à un âge où il est temps de revoir votre stratégie de placement, la remplacer par une stratégie qui est moins risquée, plus équilibrée, parce qu'on veut protéger notre capital plutôt que le faire croître. Je vous dirais que la principale raison pour commencer à épargner tôt, si vous êtes encore jeune, puis que vous avez encore le temps, bien, c'est le miracle des intérêts composés. Ça, c'est accessible à tout le monde. Il suffit de laisser le temps faire son œuvre. Mais toujours la règle d'or : peu importe votre âge, peu importe vos objectifs, parlez à votre conseiller financier.

Ashleay : Et puis, quelles sont les questions qu'on devrait se poser? J'imagine qu'on doit adapter selon notre situation. Mais peut-être peux-tu nous inspirer?

Sébastien : Oui, tout à fait. Regardez, j'ai parlé à des conseillers financiers. J'ai essayé de recenser les questions les plus fréquentes, les plus importantes. Donc, première : Est-ce que je connais l'âge à laquelle je veux prendre ma retraite? Ça va avoir un impact très important sur les décisions. Est-ce que je connais le montant à épargner pour répondre à mes besoins et maintenir mon niveau de vie à la retraite? On n'a pas tous les mêmes habitudes, donc c'est un morceau important. Est-ce que je sais quelles seront mes sources de revenus à la retraite? Est-ce que je révise régulièrement mon budget? Est-ce que je fais les ajustements nécessaires? Est-ce que je suis réaliste avec mon plan de retraite? Est-ce que je sais où je veux vivre? Il y en a qui veulent vivre dans une maison, dans un condo, une maison de retraite, au Canada, à l'étranger? Est-ce que je connais l'impact que ça aura sur mes finances? Est-ce que c'est une option d'avoir du travail à temps partiel pendant la retraite? Est-ce que je souhaite investir dans un REEE pour mes petits-enfants? Est-ce que j'ai des habitudes de vie saines pour m'assurer d'avoir une bonne santé physique et mentale à la retraite? Est-ce que j'ai déterminé quels loisirs, quelles activités occuperont mes temps libres à la retraite? Donc, c’est toutes des questions qui sont très importantes à se poser.

Ashleay : Et le plan de retraite devrait tenir compte de quoi?

Sébastien : Bien. Vous devez établir un plan d'action robuste, mais qui devra être revu au fil du temps. Le plan de décaissement, c'est le morceau le plus important. Ça doit faire partie d'un plan de retraite plus large, puis il doit tenir compte de plusieurs choses, dont les objectifs de vie. Est-ce que vous avez l'intention de faire des voyages, des plans de rénos, de l'aide financière aux enfants, aux petits-enfants, de l'état de santé actuel et de l'état projeté, donc de penser à vos antécédents familiaux. Un budget réaliste, tant aujourd'hui qu’à plus long terme, prévoir les imprévus : on a toujours une toiture à refaire ou un drain de maison qu’il y a des enjeux, donc ce genre d'imprévus là. Des périodes qui peuvent être très actives dans votre vie professionnelle et personnelle, graduellement de moins en moins actives. Donc, les besoins financiers ne seront pas les mêmes. Je dirais que le plan de décaissement doit optimiser la fiscalité : payer le moins d'impôt possible. Votre conseiller financier va pouvoir vous aider dans tout ça. Viser à optimiser les avoirs que vous avez mis de côté pour la retraite, s'assurant que les épargnes durent aussi longtemps que nécessaire. Donc, je vous dirais peut-être, pour terminer, un bon conseil que j'entends souvent de la part des conseillers financiers : visez à réduire ou éliminer complètement les dettes au moment de la retraite.

Ashleay : Puis existe-t-il des lignes directrices à propos de la quantité d'épargne optimale à accumuler pour sa retraite?

Sébastien : Oui. Puis moi-même, j'ai été surpris en entendant ces lignes-là. Vous savez, quand on parle de retraite, on pense toujours que c'est pour les autres, c'est pas pour nous. Je vous dirais à 30 ans ‒ là, je vais vous donner juste des chiffres pour dire est-ce que vous êtes à jour dans votre plan ‒; à 30 ans, vous devriez avoir mis de côté une année de salaire. Puis l’année de salaire, c'est quand même un bon montant. À 40 ans, c'est trois années de salaire. À 50 ans, idéalement, ça serait d'avoir de côté six années de salaire. À 60 ans, huit années de salaire, puis à 67 ans, dix années de salaire.

Ashleay : Ooh! Je me sens en retard, un peu quand même. C'est beaucoup. Peut-être un dernier conseil à ceux qui nous écoutent et qui aimeraient prendre une retraite hâtive. Liberté 55.

Sébastien : Tout à fait. C'est une perspective qui fait rêver tout le monde, se retirer tôt du marché du travail. Mais il y a quand même plusieurs considérations à prendre en compte si on veut être assez chanceux puis en bénéficier. Donc, premièrement, vous épargnerez moins longtemps, c'est-à-dire que vous devez épargner plus. Votre épargne générera du rendement pendant moins d'années, donc votre argent va fructifier moins longtemps. Vous devrez assumer l'augmentation du coût de la vie sur plusieurs années supplémentaires : 55 ans versus 65 ans. Il y a de l'inflation dans cette période de dix ans là qu'il va falloir tenir en compte. Vous devrez vivre plusieurs années avec votre épargne. Je vous dirais que, l'espérance de vie qui augmente sans cesse, il y a un risque d'épuiser son épargne ou de survivre à son épargne. Donc, il faut en tenir compte. Il faut anticiper aussi des coûts élevés liés aux soins de santé. Donc, quand on n'a pas d'assurance maladie privée, bien ces dépenses-là peuvent vous coûter des milliers de dollars par année. On parle de 2 000 à 3 1 000 $, par exemple pour, par mois, pour une maison de retraite, des établissements de soins de longue durée. Donc, c'est toutes des choses qu'il faut tenir en compte. Encore le même conseil pour terminer : planifiez longtemps à l'avance, adoptez de bonnes habitudes d'épargne et, surtout, parlez à votre conseiller financier.

Ashleay : Comme toujours, d'excellents conseils. Merci beaucoup Sébastien. Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon

Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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