Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier, dans lequel on discute de l'essentiel de l'actualité économique et de ses impacts sur vos finances en moins de dix minutes. Le mot « inflation » est vraiment sur les lèvres de tout le monde ces temps-ci. Le temps semble bien choisi pour trouver des solutions pour déjouer l'inflation, prendre le temps de regarder ses finances personnelles. Mon nom est Ashleay. Je suis en compagnie de mon collègue Sébastien Mc Mahon, notre stratège en chef et économiste sénior chez iA Groupe financier. Bonjour Sébastien.
Sébastien : Bonjour Ashleay.
Ashleay : Alors, tout d'abord, situons nos auditeurs un peu. Commençons avec quelques statistiques. Et puis, est-ce que l'inflation est à son sommet?
Sébastien : Bien, quand on regarde les données, on voit que l'inflation a probablement atteint son sommet en juin. Depuis, le taux de croissance de l'IPC, donc l'indice des prix à la consommation, ralentit. C'est une bonne nouvelle en soi. Mais, par contre, deux choses qu'il faut mettre au clair tout de suite, en commençant. Si l'inflation ralentit puis s'en va vers la cible de 2 % au cours des prochaines années, ça ne veut pas dire que le niveau des prix va diminuer après la poussée inflationniste. Donc, ça ne commencera pas à coûter moins cher à l'épicerie. Puis, deuxièmement, le combat des banques centrales est encore très loin d'être gagné en date d'octobre 2022.
Ashleay : Je vois. Donc, si on trouve la fin de mois difficile, ça va être difficile à long terme, finalement. Il va falloir s'y faire.
Sébastien : Oui, tout à fait.
Ashleay : Parfait. Et puis le combat des banques. Peux-tu nous en dire plus?
Sébastien : Oui, tout à fait. Même si le sommet de l'inflation est derrière nous, probablement, on voit dans les données que l'inflation s’étend à de plus en plus de biens et services, puis qu'elle devient un peu plus résiliente que ce à quoi on s'attendait. Ça veut dire qu'il y a des composantes de l'inflation qui bougent plus lentement que d'autres. Et puis, ces composantes-là sont encore en train de s'accélérer et les banques centrales savent que ramener ces composantes plus tenaces, surtout du côté des services, vers la cible de 2 %, ça va être difficile.
Ashleay : Je comprends. Et parlant de la Banque du Canada cette fois, il semblerait que ça a été estimé en juin que le ménage canadien moyen s'est enrichi d'à peu près 250 000 $ entre la fin 2019 et la fin 2021. Peux-tu nous en dire plus?
Sébastien : Tout à fait. Trois composantes importantes. L'immobilier. On sait que les prix des maisons moyennes au Canada ont augmenté de 50 % dans ces deux années-là. Donc, si vous aviez une maison, la valeur de votre ménage a augmenté sensiblement. Les marchés. Les marchés ont été bons en deuxième moitié 2020 puis en 2021. Donc, si vous avez un fonds de pension, la valeur du fonds de pension a augmenté. Et puis on pouvait moins sortir, moins dépenser qu'avant. Donc, on a un peu tous épargné plus que ce qui aurait été la norme. Donc, ça ici, ce n’est pas tout le monde qui en a bénéficié. Si vous n’aviez pas de maison, vous n'avez pas bénéficié de la valeur des prix de l'immobilier. Si vous étiez plus tôt dans votre vie, vous n’avez pas encore commencé à cotiser à un fonds de pension, vous n'avez pas d'actifs qui ont fructifié. Vous avez épargné seulement un petit peu plus. Donc, il y a des ménages, il faut qu’ils soient un peu plus créatifs que d'autres. L'inflation, c'est une taxe sur le niveau de vie. Puis ceux qui n'ont pas bénéficié des gains positifs qui sont venus de la période COVID-19, maintenant, ils font quand même face aux aspects un peu plus négatifs qui viennent avec.
Ashleay : Je comprends. Et ça serait quoi tes conseils, là? Tu sais, les premières actions à amorcer pour prendre en charge nos finances personnelles?
Sébastien : Oui, regardez. Moi, je suis un économiste. Je ne m'improvise pas conseiller ou planificateur financier. C'est important de le dire. Mais j'ai l'avantage de côtoyer plusieurs conseillers, planificateurs. Je leur ai posé des questions, puis maintenant, je pense vous rendre service en partageant les meilleurs conseils. Ce qui vient toujours en tête de liste, c'est préparer un budget, faire la liste de ses dépenses, puis, si on peut, même réduire ses dépenses. L'idée, c'est vraiment de ventiler l'ensemble de nos revenus, des dépenses qu'on effectue. Puis ce n’est pas rare, en faisant l'exercice, que les gens constatent que le budget est déficitaire dès le départ. On dit souvent, le vieil adage, « que ce qui sort est plus important que ce qui entre ». Puis, s'il est déficitaire dès le départ, la situation n’est pas viable à long terme. Puis en période d’inflation plus élevée, le budget peut être un moyen pour déceler où on dépense le plus. Comme, par exemple, les restaurants coûtent de plus en plus cher. Donc, vous pourriez être surpris de voir que la part de votre budget qui est dédiée aux restaurants augmente avec le temps, à votre insu. Puis, l'endroit où on peut couper, qui est le plus simple, et ça me fait toujours mal de dire ça, mais c'est dans les dépenses discrétionnaires. Donc, ce qu'on aime dépenser, où on aime se faire plaisir. Donc les sorties, les loisirs, les restaurants. Donc, c'est vraiment dans les endroits où on peut couper rapidement.
Ashleay : Alors, finalement, l'important aussi, ça va être d'anticiper et de planifier nos finances, d'anticiper l'avenir?
Sébastien : Oui, tout à fait. Puis planifier ses finances, ça veut dire avoir de l'aide d'un conseiller financier souvent. Ça veut dire bien gérer notre budget, réduire nos dettes. Ça nous permet d'éviter d'avoir recours au crédit à taux élevés dans le futur. Ça veut dire faire une bonne place à l'épargne aussi. Comme se mettre un fonds d'urgence, surtout avec les fonds à intérêt élevé qui sont disponibles maintenant. On peut aller chercher du 3 à 4 % de rendement dans certains produits. Donc, ça devient plus intéressant. Mais c'est important de s'informer et de se former sur les produits de placement; viser à faire fructifier son argent avec des placements qui répondent à notre profil d'investisseur, puis qui nous permettent d'avoir un potentiel de rendement qui peut même être supérieur à l'inflation.
Ashleay : Je vois. Donc, bien se renseigner aussi.
Sébastien : Oui. N’essayez pas de tout lire ou tout écouter d'un seul bloc. La surinformation, ça peut être nuisible. La finance, c'est comme un éléphant. Si on veut manger un éléphant, il faut le prendre petites bouchées à la fois. Donc, c'est moins difficile comme ça. Mais c'est important d'essayer de rester à l'affût des nouvelles économiques et financières.
Ashleay : Et tu as mentionné aussi de se faire aider finalement par un professionnel?
Sébastien : Oui, la valeur du conseil est très importante. Il y a plusieurs études qui démontrent que si on fait affaire avec un conseiller financier, on va avoir des résultats supérieurs en termes d'accumulation d'épargne. Il y a des études qui montrent que c'est deux, trois, quatre, cinq fois plus. Donc, quand même, c'est un positif de faire affaire avec un planificateur financier. Prendre notre situation personnelle à nous et puis adapter notre budget à cette situation-là selon les étapes de notre vie. Donc, c'est bon d'avoir un accompagnement tout au long de ce processus-là.
Ashleay : Et ça, ça va nous aider finalement à épargner intelligemment. Un autre point important.
Sébastien : Oui, déjouer l'inflation, ça ne passe pas uniquement par une augmentation salariale. C’est d'épargner intelligemment comme tu le disais. Si on déplace une partie de la liquidité qu'on a dans son compte de banque courant vers un compte d'épargne à intérêt élevé, on peut faire passer facilement le rendement de 0,25 % jusqu'à 3- 4 % en déposant l'argent dans des produits qui nous permettent d'avoir accès à notre capital sans nécessairement être liés avec des frais de gestion ou des frais de retrait.
Ashleay : Je vois. Et là, j'ai quelques personnes qui m'ont mentionné avoir cessé les prélèvements automatiques. Les gens ont l'impression de perdre trop d'argent dans la situation économique qu'on est là.
Sébastien : Oui. Quand on investit, puis que les marchés baissent, on a tendance à penser ‒ ça, c'est la gestion des émotions ‒ qu'on perd de l'argent en investissant. Mais premièrement, quand on investit et qu'on envoie de l'argent dans un REER ou un CELI, eh bien, on éloigne cet argent-là de la tentation. Donc, on va le mettre de côté. On va l'oublier et on n'aura pas tendance à le dépenser sur des dépenses discrétionnaires. Donc, cet argent-là va pouvoir fructifier tout le long du reste de notre vie. Donc, gestion des émotions, c'est important aussi parce que le moment d'acheter ou le moment de vendre, vous savez que le meilleur temps pour acheter, c'est souvent celui où on a le vertige, donc où on pense que les marchés vont continuer de reculer puis de reculer, comme un peu en automne 2022. Puis le meilleur temps pour vendre, c'est plutôt quand on a l'impression qu’on ne veut pas se tromper, puis tous nos amis font de l'argent autour de nous. Donc, dans les faits, on devrait apprendre à gérer ses émotions, pas prendre nos décisions basées sur des émotions où le jugement peut être un peu masqué. S’assurer qu'on respecte toujours notre profil d'investisseur et tous ces gestes-là, si on est capable de contrôler nos émotions, ça peut être très payant à long terme.
Ashleay : Absolument. Peux-tu nous faire un parallèle avec l'immobilier finalement et les marchés justement, qui peuvent, des fois, être en perte?
Sébastien : Oui, tout à fait. On dit que c'est important d'épargner tôt. Eh bien, si vous êtes assez chanceux pour pouvoir faire l'achat d'une propriété relativement jeune, n’oubliez pas que quand on achète une maison, on met un premier versement de 5, 10, 15, 20 % de la valeur de la maison. Après ça, on paye notre hypothèque sur la maison. Mais si la valeur des prix de l'immobilier au Canada augmente de 50 % en deux ans, comme récemment, on fait des gains sur une partie qui est à levier. Dans le sens qu'on fait de l'argent sur un immeuble où on a un prêt qui est accoté là-dessus. Donc, la valeur du prêt n’augmentera pas avec le prix de la maison. Donc, on est capable d'aller faire des gains qui peuvent être assez importants pour nous mettre dans la bonne direction financièrement dans la vie. Donc, ça, c’est le premier parallèle, si on peut épargner tôt, si on peut avoir une maison tôt, ça risque d'être une décision payante pour vous dans le futur. Puis l'autre, c'est pour la gestion des émotions. N’oubliez pas que quand on achète une maison puis, où on est propriétaire, qu'on voit aux nouvelles que les prix des maisons commencent à baisser, comme on le voit en 2022 dans certaines villes, où on voit les prix baisser après une hausse importante, eh bien, je suis certain qu'il n’y a pas beaucoup de gens qui nous écoutent, qui se disent : « Vite! Il faut que j'aille vendre ma maison. Les marchés baissent, je ne veux pas perdre encore plus d'argent. » La maison, c'est un investissement à long terme. Donc, regardez vos placements sous la même lentille. C'est un investissement pour le long terme. Et puis, comme j'aime dire : investir, ça devrait être une des choses les plus ennuyeuses que vous faites de votre vie.
Ashleay : Intéressant. Merci beaucoup Sébastien. Alors, je pense qu'on a eu plusieurs bons conseils pour aider à battre l'inflation et gérer un petit peu mieux nos finances personnelles.
Sébastien : Au plaisir, Ashleay.
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À propos
Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.
Sébastien Mc Mahon
Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuillesCe balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.