Remontée de la bourse : mirage ou réalité?

Les conseils et les stratégies de notre économiste en chef vous feront l'effet d'une oasis en plein désert.

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier, dans lequel on discute de l'essentiel de l'actualité économique et de ses impacts sur vos finances en moins de dix minutes.
C'est toujours avant l'aube que la nuit est la plus noire. Les investisseurs connaissent des heures sombres depuis le début de l'année. Les marchés boursiers et obligataires baissent actuellement. Alors, pourquoi en sommes-nous là?
Mon nom est Ashleay. Je suis en compagnie de mon collègue Sébastien Mc Mahon, notre stratège en chef et économiste sénior chez iA Groupe financier. Bonjour Sébastien.

Sébastien : Bonjour Ashley.

Ashleay : Alors, Sébastien, on a eu une grosse année dans les marchés. Est-ce que tu peux nous en jaser un petit peu? Mettons, un rétroviseur là, un retour sur 2022?

Sébastien : Oui, tout à fait. Si on regarde l'année 2022, c'est une année qui va passer à l'histoire parce que c'est la première fois depuis 1969, alors il faut reculer 53 ans dans le passé pour voir des rendements négatifs sur les actions et sur les obligations en même temps. Pour vous donner une idée, en 2008, on n'avait pas vécu ça. On avait vécu une année difficile sur les actions, mais les obligations, on avait eu des rendements positifs. Donc, il ne faut pas oublier c'est quoi le point de départ. Parce que quand on regarde une année de calendrier, je vous dirais que tous les gestionnaires de portefeuilles comme moi, on dirait, bien, c'est un peu arbitraire, le choix de date du 1ᵉʳ janvier au 31 décembre, parce qu'il se passe tout le temps quelque chose dans les marchés. Mais le point de départ, début 2022, c'était que la valorisation des actifs était élevée. C’est-à-dire que tout était cher. Quand on regardait les actions, on les trouvait dispendieuses. Quand on regardait les obligations, on les trouvait dispendieuses. Quand tout est dispendieux, il y a des drôles d'histoires qui arrivent. Vous rappelez-vous qu'en 2021, vous avez probablement des amis, des parents qui vous parlaient des cryptodevises, qui faisaient de l'argent avec les cryptos? Il y en avait peut-être qui vous parlaient de NFT? Peut-être que vous, bien des amis ont acheté des dessins de singes ou de roches ou des choses du genre à grand prix en pensant que c'était d'investir. Donc, on était dans un environnement où il y avait beaucoup de liquidité et de spéculation. Là, quand l'année a commencé, on commençait déjà, nous, les économistes, les stratèges et gestionnaires de portefeuilles, à dire : « Les taux d'intérêt cette année vont augmenter parce qu'il y a de l'inflation qui est en train de s'installer. » Quand on monte les taux d'intérêt du côté des banques centrales, c'est comme si on prenait une balayeuse, puis on allait aspirer de la liquidité dans les marchés, dans l'économie pour essayer de rétablir la situation. Donc, nous, on savait, on s'attendait, on ne sait jamais exactement comment ça va se passer, mais on se préparait à ce que l'année soit difficile et que les valorisations élevées nous amènent à des rendements plus difficiles en cours d'année. Donc, c'est un peu ça qu'on a vécu cette année. Puis là, je vous passe à travers tout ça la guerre en Ukraine, la hausse des prix des ressources naturelles, l'inflation, parce qu'on en a déjà parlé. Mais c'était une année qui va passer à l'histoire 2022.

Ashleay : Oui, c'est ça, exact. On a eu les sécheresses dans le monde entier aussi, qui ont eu un effet, finalement, sur l'alimentation.

Sébastien : Oui, tout à fait. Et quand on dit que l'inflation à l'épicerie ou dans la nourriture, du moins, elle est dans le moment encore en train de s'accélérer et elle est rendue à 10 %, même si l'inflation totale ralentit. On parle peu de ça et en plus l'impact sur les prix des fertilisants. Donc quand on a la guerre en Ukraine, l'Ukraine, plusieurs régions en Russie aussi, qu'on produit de la nourriture, on produit des fertilisants, bien si le prix des fertilisants augmente, ça veut dire que le prix de la nourriture va augmenter aussi. Donc, c'est vraiment une espèce de tempête parfaite, là.

Ashleay :  Exactement. Donc, le résultat aujourd'hui, on parle de quoi?

Sébastien : On parle que le marché boursier est en marché baissier. Ça veut dire qu'on a reculé de plus de 20 % depuis le sommet. Du côté du S&P 500, le sommet très précisément, c'était à la fermeture du 4 janvier 2022. Donc, depuis cette fermeture-là, on est à la baisse de plus de 20 %. Les obligations aussi, les taux d'intérêt qui augmentent, ça, c'est peut-être contre-intuitif. On a du matériel « économie finance 101 » sur la page web de ia.ca/économie, si ça peut vous intéresser. On explique que quand les taux d'intérêt augmentent, sur le coup, ça fait baisser la valeur des obligations. Donc, quand les banques centrales resserrent la politique monétaire, c'est un vent de face pour les obligations, donc les deux en même temps. Puis tout bouge ensemble. Donc on dit que les corrélations sont élevées. Donc, ça fait que c'est difficile de se cacher quelque part. Mais nous, ce qu'on fait, comme gestionnaires de portefeuilles, on est des historiens des données, donc on va essayer de chercher un peu c’est quoi l'ADN de ces marchés-là. Et un marché baissier, du côté des actions, là, un bear market, ce qu'on sait, c'est que ça dure plus d'un an, en général. C'est jamais, ils ne sont pas tous identiques. Mais quand on prend la médiane, plus d'un an, le marché baissier, on dit c'est plus de 20 %, mais la médiane, puis, là, je recule à peu près 150 ans. Depuis 1870, la médiane c'est un recul de 33, 35 % environ. Là, le creux, on l'a vu à la mi-octobre, cette année avec un recul de 26 %. Donc, on n'est pas encore rendu en termes de calendrier, puis en termes de profondeur, on n'est pas encore rendu à la fin. Puis on sait aussi qu'un marché baissier, quand ça se termine, ça se termine par une espèce de panique ou de capitulation. Et ça peut sembler drôle pour ceux qui nous écoutent, mais comme gestionnaires de portefeuilles, on regarde le marché, puis on dit, quand même, que ça recule de façon assez ordonnée. Il n'y a pas encore eu de mouvement de panique généralisé. Donc, tout ça, ça nous laisse penser que, malheureusement, probablement, le marché baissier dans les actions n’est pas encore fini.

Ashleay : Je comprends. Et si on regarde vers l'avant maintenant, à quoi on s'attend pour 2023?

Sébastien : Bien, en 2023, le resserrement de la politique monétaire devrait se poursuivre en début d'année. Donc, là, du côté canadien, on est rendu à 3,75 % pour le taux directeur. Au moment où on enregistre, la Réserve fédérale n'a pas encore fait son annonce du début novembre, donc on ne sait pas encore exactement de combien il va augmenter le taux directeur. Mais on devrait arriver aux alentours de 3,75, 4 % en novembre. D'ici le mois de mars, probablement qu'on va toucher le 41/2, 5 et après ça, c'est assez généralisé dans les attentes du marché que ça va avoir, on va avoir fini avec les hausses de taux. On verra si l'inflation nous cause des surprises. On verra bien des choses. Mais en date d'octobre 2022, quand on regarde devant, c'est ce qu'on pense. Tout ça devrait nous amener dans une récession mondiale, puis les récessions ne sont pas toutes égales. Si on s'en va dans une récession en 2023, ça pourrait être une récession où le taux de chômage n'augmente pas trop parce que la pénurie de main-d'œuvre fait en sorte que la barre est haute pour commencer à mettre à pied massivement des travailleurs. Donc, on pourrait avoir une récession qui ne serait pas trop profonde, mais qui serait là quand même. Et s'il y a une récession, les marchés vont en tenir compte. Donc, les questions qu'on se pose aujourd'hui, quand on est déjà en train de regarder 2023, c'est : est-ce que l'inflation va montrer des signes de retour à la cible? Et la cible, n’oubliez pas, on parle toujours de 2 %, mais c'est une fourchette de 1 à 3 la cible, puis deux, c'est simplement le point milieu. Donc, est-ce que l'inflation pourrait retourner en bas de 3 % d'ici la fin de 2023? Eh bien, nous, on pense que c'est peu probable. Mais c’est le scénario de la Banque du Canada qu'à la fin 2023, on va repasser juste en dessous du 3 %. Mais je vous dirais que de notre côté, on donne des probabilités assez faibles à ça. Puis l'évolution de la scène géopolitique Chine, Russie, Iran , on pourrait faire un balado juste là-dessus, là. Où est-ce qu'on va aboutir en 2023? Est-ce qu'on va avoir des surprises? Généralement, oui. On a des surprises.

Ashleay :  Puis, parlant de l'évolution géopolitique, on a également l'Europe à garder sous la loupe.

Sébastien : Oui, tout à fait. On est dans une crise énergétique. C'est une drôle de question à poser. On est en 2022, on s'en va en 2023. Mais la grande question, c'est : est-ce que l'Europe va manquer de gaz naturel ou d'énergie dans l'hiver qui s'en vient à cause de tous les ajouts des sanctions contre sanctions avec la Russie? Ça, c'est un sujet qu'on pourrait faire, là aussi, un autre balado. Mais la situation financière est difficile au Royaume-Uni. Récemment, c’est un des derniers balados qu'on a enregistrés. Si ne vous l'avez pas écouté, je vous encourage à aller jeter un œil. Mais est-ce que d'autres pays vont essayer de mettre des politiques fiscales en place pour essayer de supporter l'économie au moment où les banques centrales sont en train d'essayer de ralentir les économies et, si oui, on aboutit où? puis les marchés? La réponse, je peux vous la donner tout de suite. Les marchés n’aiment vraiment pas, et ça crée beaucoup de volatilité quand on en arrive là. La Chine, est -ce qu'ils vont mettre fin au COVID zéro? Est-ce que ça va venir relancer l'économie mondiale? Donc, toutes ces questions- là, en 2023, vont être cruciales. Donc, tout ce que ça nous dit, puis regardez, ça peut avoir l'air très simple, provenant de quelqu'un comme moi, là, mais on ne sait pas exactement comment est-ce que les choses vont se passer en 2023, mais une chose est certaine, ça risque d'être volatil.

Ashleay : Excellent. Merci beaucoup Sébastien. Très intéressant, comme toujours.

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À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon

Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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2024-05-01 13:00 HAE
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