Économie canadienne : pourquoi se trouve-t-elle en bonne posture?

L’économie canadienne bénéficie de l’immigration, mais qu’en est-il de l’économie québécoise? Est-ce que la pandémie va amener un changement à plus long terme? On en discute avec Sébastien Mc Mahon, notre stratège en chef et économiste sénior chez iA Groupe financier.

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier dans lequel on discute de l'essentiel de l'actualité économique et de ses impacts sur vos finances en moins de dix minutes. Dans cet épisode, parlons économie canadienne et québécoise. Est-ce que la pandémie va avoir un effet à long terme sur vos placements? Mon nom et Ashleay. Pour répondre à cette question, je suis en compagnie de mon collègue Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste senior chez iA Groupe financier. Bonjour Sébastien.

Sébastien : Salut, Ashleay.

Ashleay : Peux-tu nous dire pourquoi l'économie canadienne est en bonne posture aujourd'hui? Puis qu'en est-il de l'économie québécoise?

Sébastien : L'économie canadienne va très bien et va bien depuis quelques années et l'économie québécoise, encore mieux. Donc, c'est de très bonnes nouvelles. Puis, je te dirais, quand on creuse l'équation de l'économie canadienne, on se rend compte que le plus grand vent de dos qu'on a, donc le plus grand support qu'on a à la croissance, c'est vraiment l'immigration. Puis, regarder la conjoncture canadienne sans tenir compte du facteur de la démographie et de l'immigration, ça nous donne un portrait très incomplet. Donc, quand on a regardé dans les dernières années les grandes tendances de l'économie canadienne, on se rend compte qu'elle est plus résiliente que l'économie américaine. Puis, quand je dis depuis plusieurs années, on peut retourner jusqu'à la crise financière de 2008. L'économie canadienne a rebondi beaucoup mieux. Puis une des raisons, c'est que la croissance de la population canadienne est une des meilleures parmi les pays développés. Puis ici, peut-être un petit concept d'économie 101 : la croissance économique à long terme, c'est la croissance de la population, plus la croissance du savoir-faire, la croissance de la technologie. Donc, au Canada, on bénéficie des mêmes avancées technologiques qu'ailleurs. Mais surtout, on a une croissance de la population qui est très élevée. Et ça vient surtout de l'immigration. Donc il y a beaucoup plus d'immigrants qui viennent au Canada chaque année qu'il y a de bébés canadiens qui naissent. C'est vraiment ça le facteur principal. Mais plus loin que ça, on a tendance au Canada, année après année, à attirer les immigrants les plus scolarisés au sein de l'OCDE. Donc, il y a des données de l'OCDE qui classent le niveau de scolarité des immigrants quand ils se déplacent d'un pays à l'autre. Et on voit qu'au Canada, on a tendance à attirer de loin les immigrants les plus scolarisés. Puis surtout, le Canada, bien sûr, est un pays très accueillant. Donc, on est aussi considéré, en termes de perception des immigrants, comme étant l'un des meilleurs pays au sein des pays développés pour intégrer les nouveaux arrivants à notre société. Donc, ça veut dire après quelques années, ces gens-là ont un emploi stable. Souvent, ils sont propriétaires d'une maison, ils fondent une famille, puis deviennent des Canadiens. Donc c'est surtout l'arme secrète du Canada, c'est beaucoup d'immigration.

Ashleay : Excellent. Puis suite à la pandémie, est-ce qu'il y a des changements à noter? Ça a dû avoir un impact.

Sébastien : Ç'a eu un impact, certainement, mais on est retourné vite sur la tendance pré-COVID. Donc, au Canada, on a été un des premiers pays, parmi les pays développés, qui a retrouvé son niveau d'emploi pré-COVID. Donc, aux États-Unis, en date de l'été 2022, on n’était pas encore revenu au niveau d'emploi qu'on avait pré-COVID. Puis au Canada, ça, on l’a passé ça fait plusieurs mois déjà. Donc la réaction du gouvernement canadien à la pandémie, puis il n'y avait aucune certitude quand la pandémie a frappé sur la meilleure réaction des gouvernements, c'était un grand point d'interrogation. Il y a des gouvernements, par exemple aux États-Unis, où on a mis plus d'emphase à envoyer des chèques aux ménages pour dire : « bien consommez, ça va soutenir l'économie ». On a fait ça aussi au Canada en moindre mesure, mais on a aussi, surtout au Canada, mis l'emphase à garder le lien d'emploi entre les entreprises et puis les travailleurs, donc subventionner les masses salariales, subventionner les loyers des entreprises pour garder les entreprises en place, parce que si on perd son emploi, puis la compagnie ferme, bien là, quand l'économie rouvre, on ne peut pas retourner au même emploi qu'on avait parce que l'emploi, il n'existe plus. Donc on a essayé de limiter ça au maximum au Canada. Et puis ça a payé. Donc le marché du travail a rapidement repris sa tendance d'avant. Puis quand on regarde en été 2022, le taux d'emploi au Canada, il n'a jamais été aussi élevé qu'aujourd'hui. Donc ça, c'est une chose. La situation économique mondiale suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie aussi, ça vient donner un petit coup de pouce à l'économie canadienne. Donc ce n'est pas qu'on voit du bon là-dedans, mais quand même, quand on regarde ce qui est exporté par la Russie en termes de matières premières, surtout du côté de l'agriculture, mais on se rend compte que le profil de ce qu'on exporte au Canada et ce qui est exporté en Russie, c'est assez similaire. Donc, le fait que la Russie maintenant se fait bouder par ses partenaires commerciaux fait en sorte qu’il y a une hausse de la demande pour les produits canadiens. Puis ces produits-là ont tendance à avoir eu une augmentation des prix aussi. Donc ça vient favoriser directement nos entreprises.

Ashleay : OK, donc, l'économie canadienne va bien. Est-ce que ça veut dire que tu recommandes d'investir uniquement au Canada?

Sébastien : Bien uniquement, non, mais favoriser le marché canadien au cours des prochaines années, c'est probablement une stratégie qui va s'avérer gagnante. Donc, au cours des prochaines années, la conjoncture canadienne, donc la bonne vigueur de l'économie canadienne, nous fait penser que d'investir chez nous, ça va être une très bonne idée, donc nos entreprises vont bien. Le secteur de l'énergie qui avait été laissé pour compte il y a quelques années, maintenant, on voit qu'il y a un regain d'attrait du côté des investisseurs pour les titres énergétiques à l'échelle de la planète, mais surtout au Canada. Donc on voit que le marché de la Bourse canadienne fait bien dans cet environnement-là. Mais surtout, le dollar canadien dans le moment, qui est aux alentours de 80 ¢ au moment où on enregistre, le dollar canadien est très sensible à la conjoncture mondiale et est très sensible à la conjoncture canadienne. Et puis, on voit qu'il y a probablement un bon potentiel d'appréciation du côté du dollar canadien. Donc, si on investit au Canada, on n'a pas besoin de se protéger pour les fluctuations de devises. Donc, d'investir chez nous, c'est plein de bon sens.

Ashleay : Puis, est-ce qu'on peut compter sur le fait que ça va bien et que ça va rester ainsi quelque temps?

Sébastien : On peut penser que ça va continuer de bien aller. Il y a quand même des points à surveiller. Le portrait n’est jamais complètement rose. Un point important, bien sûr, c'est l'immobilier. Donc il y a un lien très fort à faire avec la démographie. Quand on parle d'immobilier au Canada, bien, il y a le marché de Toronto, il y a le marché de Vancouver et un peu le reste du Canada. Le marché de Toronto et le marché de Vancouver sont en ébullition à peu près constante depuis des années. Parce que quand je dis que l'immigration, c'est un facteur porteur au Canada, bien les immigrants, où ils vont? Bien, ils vont surtout à Toronto, ils vont beaucoup à Vancouver aussi. Ils viennent aussi à Montréal, ils viennent dans le reste du Québec, mais beaucoup moins que dans ces régions-là. Donc, le fait que la démographie demeure forte fait en sorte que probablement que ça met un bon plancher en dessous du secteur immobilier. On ne pense pas, nous, qu'on est dans une bulle. Une bulle, quand ça éclate, la définition d'une bulle qui éclate, c'est un recul de 70 % des prix généralement. Donc on ne pense pas qu'on est là. On peut avoir un recul des prix, on pourrait avoir un recul de 5, 10, 15 %. Ça serait tout à fait normal après les gains qu'on a vécu dans les dernières années. Mais si on se projette dans les prochaines années, bien sûr, voir le resserrement de la politique monétaire dans le moment, la Banque du Canada qui augmente le taux directeur à peu près aux six semaines de 25, 50, 75 points de base. Donc c'est sûr que ça va avoir un impact sur les prix de l'immobilier. On le voit déjà dans certaines régions du Canada, on le voit déjà dans certaines régions du Québec aussi. Donc on peut avoir un recul. Mais quand même, on ne pense pas qu'on se dirige vers un éclatement de bulle immobilière au Canada.

Ashleay : Peux-tu m'expliquer aussi, tu viens d'utiliser le terme « point de base », qu'est-ce que c'est?

Sébastien : Les points de base, c'est vraiment, un point de base c'est 0,01 %. Donc la Banque du Canada, les banques centrales, typiquement, quand on joue avec le taux directeur, on y va par incrément de 25 points de base, donc 0,25 %. Donc pour que le taux directeur passe de 1 à 2 %, généralement, les banques centrales y vont par quatre incréments de 0,25 %. Mais en 2022, on voit qu'on est pressé du côté des banques centrales de hausser les taux directeurs. Les économistes sont d'accord avec ça. Puis, moi aussi je suis d'accord avec ça. On leur suggère d'accélérer le rythme. Donc là, on voit des doubles hausses, donc des hausses d’un demi-pour cent ou 50 points de base. Donc le point de base, c'est vraiment l'unité de base qu'on utilise quand on suit la politique monétaire. Quand les banques centrales vont hausser, ils vont y aller typiquement par incrément de 25.

Ashleay : Excellent. Merci encore Sébastien. On a encore tous appris quelque chose aujourd'hui.

Sébastien : Bien merci.

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À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon

Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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