Retraite | Le défi du décaissement

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Au Canada, seulement 45 % des personnes ont un plan de retraite en place1. Le point de vue de notre experte.

Publié le 1er août 2024

Par : Caroline Fillion
Directrice adjointe, Produits d’assurance collective
Solutions d’assurance et d’épargne collectives
iA Groupe financier


Alors que les gens vivent et travaillent toujours plus longtemps, le risque de longévité, soit le risque de se retrouver à court d’argent à la retraite, pose un enjeu pour les Canadiens et Canadiennes.

Pourtant, en 2023 au Canada, moins de la moitié (45 %) des personnes disaient avoir mis en place un plan financier, et 53 % ne savaient pas de combien d’argent elles auront besoin pour pouvoir prendre leur retraite, selon Investissements RPC1.

Selon moi, cette incertitude s’explique en partie par un changement survenu dans les dernières décennies dans le paysage des régimes de retraite : le choix des employeurs de se tourner vers des régimes d’accumulation de capital (tels les régimes à cotisation déterminée – CD) plutôt que vers des régimes à prestations déterminées (PD).

Je remarque que ce changement découle principalement de la prévisibilité des coûts pour les promoteurs de régimes, ce qui facilite leur planification financière. Grâce aux régimes PD, les personnes retraitées touchent un revenu de retraite mensuel garanti et prévisible, car le risque financier est assumé par les promoteurs de régimes. Cependant, l’augmentation du recours aux régimes d’accumulation de capital déplace ce fardeau sur les épaules des personnes qui y participent.

La gestion des risques d’investissement et de longévité

Au fur et à mesure que les régimes d’accumulation de capital arrivent à maturité, de plus en plus de gens partent à la retraite en ayant seulement accumulé des actifs dans ces régimes.

Je constate ainsi que certaines personnes arrivent à la retraite avec une somme considérable, mais se retrouvent souvent seules pour gérer leurs propres risques d’investissement et de longévité. Par ailleurs, dans ce contexte, le vieillissement de la main-d’œuvre devient également un défi puisque certaines personnes peuvent ne pas avoir les moyens de prendre leur retraite et doivent donc travailler plus longtemps. 

Cette situation peut entraîner une baisse de productivité à mesure que le personnel vieillit, sans parler de l’insécurité financière qui peut miner leur santé mentale. Évidemment, si les gens s’inquiètent beaucoup de leur sécurité financière à la retraite et qu’ils ne planifient pas sérieusement leurs actifs, cela peut peser lourd sur eux et avoir des répercussions sur leur travail.

Une occasion pour les promoteurs de régime

Le soutien des promoteurs de régimes entre donc ici en jeu. Même si bon nombre d’entre eux ont parfaitement conscience des difficultés auxquelles font face les personnes retraitées ayant participé à un régime d’accumulation, j’observe qu’ils hésitent encore à proposer leurs propres solutions de décaissement et qu’ils s’en remettent souvent à leur fournisseur de services.

Mais voici la question qui se pose alors : quel soutien le personnel peut-il recevoir de la part de l’employeur? Qui, en dernier ressort, est responsable de la mise en place du meilleur plan de retraite?

J’ai également constaté que certaines personnes ne se sentent pas prêtes à prendre leur retraite et travaillent plus longtemps que prévu. C’est alors que le promoteur peut offrir du soutien relatif au décaissement, comme des conseils financiers personnalisés, par exemple. 

Dans ces situations, des solutions telles que le produit Transit de iA Groupe financier peuvent jouer un rôle important. Cette solution offre aux personnes retraitées de continuer à bénéficier de frais de gestion concurrentiels et de l’accès à des spécialistes du conseil financier. Quant aux promoteurs, cela leur permet d’alléger leur responsabilité fiduciaire. J’estime qu’il s’agit d’une solution gagnante pour tout le monde.

Compte tenu de toutes les nouveautés technologiques, des produits et des stratégies qui émergent sur le marché des avantages sociaux, les employeurs doivent constamment rester à l’affût, sous peine de se faire distancer.

La planification anticipée

Présentement, les personnes retraitées qui disposent d’actifs dans des régimes d’accumulation font face à deux choix. D’une part, elles peuvent vouloir décaisser et gérer leurs fonds elles-mêmes, ce qui exige de bien planifier les montants qu’elles souhaitent retirer ou épargner.

D’autre part, elles peuvent décider de souscrire une rente en échange d’un revenu garanti à vie, ce qui n’est pas une solution présentement très populaire. En effet, plusieurs personnes retraitées préfèrent gérer leurs actifs au moyen d’un fonds de revenu viager (FRV) ou d’un fonds enregistré de revenu de retraite (FERR).

Une nouvelle solution à l’horizon

Je rappelle que de récents changements législatifs ouvrent toutefois la voie à de nouveaux produits, tels que les rentes viagères à paiements variables (RVPV), qui offrent une mise en commun des risques de placement et de mortalité. L’industrie ainsi que les gouvernements provinciaux et fédéral travaillent encore à harmoniser le cadre des RVPV au sein des différents territoires de compétence.

Dans les RVPV, les risques d’investissement et de mortalité sont mis en commun entre toutes les personnes retraitées du groupe. Plutôt que d’être assuré à l’échelle individuelle, le risque est partagé par l’ensemble du groupe. Le montant du revenu de retraite peut toutefois varier selon le rendement des placements et l’expérience de mortalité au sein du groupe.

Je suis d’avis que les RVPV présentent deux avantages : elles offrent un revenu de retraite à vie et, parce que le montant n’est pas garanti, elles coûtent nettement moins cher qu’une rente traditionnelle. L’inconvénient est que le montant du revenu à vie n’est pas connu d’avance et qu’il fluctue dans le temps. Ce type de rente permet cependant de recevoir de l’argent jusqu’au décès.

L’importance de la diversification

Alors que les inquiétudes liées à la retraite sont en hausse au Canada, la diversification dans l’offre de régimes de retraite semble être le moyen le plus efficace de couvrir les risques des personnes retraitées. Et je dirais que le succès de cette démarche repose sur l’éducation, la communication et la planification à long terme.

 

1 La retraite est importante pour la plupart des Canadiens, mais la voie est incertaine, selon un sondage