Tous les fonds à date cible ne sont pas égaux
Publié le 26 novembre 2024
Par : Éric Vachon
Stratège sénior en investissement
Solutions d’assurance et d’épargne collectives
iA Groupe financier
Alors que les promoteurs de régimes collectifs d’épargne-retraite ont des obligations fiduciaires envers les participants et participantes, notamment celles de choisir et de surveiller les délégataires, les fournisseurs de services et les options de placement, ainsi que d’informer adéquatement le personnel, tout porte à croire que les fonds à date cible semblent constituer une solution adéquate.
Fonds tout-en-un offrant diversification et rééquilibrage automatique en fonction de l’âge, leur simplicité permet notamment de pallier le manque de connaissances financières des investisseurs, ce qui réduit le fardeau des promoteurs de régimes.
Il est toutefois important de se rappeler que tous les fonds à date cible ne sont pas égaux. Je conseille donc aux promoteurs qui souhaitent les offrir d’évaluer rigoureusement l’éventail disponible.
Rappelons que le principe de base d’un fonds à date cible est de proposer une répartition d’actifs qui tient compte du passage de la phase « épargne et accumulation » à la phase « revenu de retraite » (décaissement).
Or, n’oublions pas que ces besoins s’expriment différemment selon les personnes. En effet, souvent conçus sur la base d'hypothèses répondant aux besoins d’un investisseur type, les fonds à date cible peuvent ne pas tenir compte des investisseurs atypiques.
La trajectoire d'investissement à long terme
J’aime rappeler que la trajectoire d’investissement à long terme, le fameux « glide path », prend ici toute son importance. Cette trajectoire est déterminée selon une stratégie qui automatise la répartition d’actifs de façon à réduire les risques de marché à l'approche de la retraite du participant ou de la participante.
Les gestionnaires de ces fonds mettent progressivement l'accent sur la préservation du capital à mesure que la date de retraite cible approche.
Cette répartition d’actifs est élaborée selon des stratégies propres à chaque manufacturier de fonds, lesquelles peuvent présenter des différences de rendement considérables. Une stratégie peut également ne pas convenir à un type précis de clientèle.
Par exemple, au sein d’une même population d’investisseurs, certains pourraient vouloir continuer de bénéficier d’une approche plus agressive une fois leur date de retraite cible atteinte, et ainsi bénéficier d’une pondération qui continue de privilégier les actions. D’autres pourraient, au contraire, vouloir préserver leur capital et limiter le risque, privilégiant la génération de revenus dès le jour 1 de leur retraite.
J’insiste donc sur le fait que ces disparités d’approches dans les stratégies de rééquilibrage des fonds à date cible font en sorte que de grandes différences existent entre les fournisseurs quant à l’ampleur du rééquilibrage des actions au profit des titres plus sécuritaires, telles les obligations, une fois la date cible atteinte.
Ainsi, certaines stratégies de fonds à date cible impliquent de conserver la proportion en actions du fonds une fois la date de retraite cible atteinte, ce qui permet aux investisseurs de continuer à profiter des rendements boursiers, même en étant à la retraite. Le risque et la volatilité demeurent alors les mêmes.
D’autres stratégies misent plutôt sur la réduction graduelle du risque global en continuant de diminuer la répartition des actions pendant 10 à 15 ans après la date de retraite cible, ce qui diminue la volatilité des rendements.
J’estime que les promoteurs de régimes ont tout intérêt à s’informer sur la stratégie de gestion de la trajectoire d’investissement que le fournisseur privilégie et à en discuter avec celui-ci.
Différentes façons de gérer différents risques
Je me fais un devoir de rappeler aux promoteurs de régimes que la façon dont les différents risques sont gérés dans un fonds à date cible devrait également faire partie des variables dont ils doivent s’enquérir pour déterminer ce qui convient le mieux à leurs participants et participantes.
Les fournisseurs de fonds à date cible doivent donc déployer des stratégies visant à équilibrer non seulement le risque du capital, mais également les risques de longévité et d'inflation. Le risque de longévité est le risque qu'une personne survive à son épargne, tandis que le risque d'inflation représente le potentiel de diminution du pouvoir d’achat.
Et, pour les fournisseurs, il n'y a pas de solution facile pour gérer de façon optimale tous ces risques. S’ils se concentrent trop sur la limitation des risques de longévité et d'inflation, ils risquent d’exposer les investisseurs à une forte volatilité alors qu’ils ne disposent pas d'assez de temps pour récupérer les pertes subies, particulièrement s’ils doivent régulièrement effectuer des retraits pour faire face aux dépenses de la vie courante.
À l'inverse, trop miser sur la réduction du risque du capital peut miner les rendements à long terme et faire en sorte que les actifs ne soient pas suffisants à la retraite.
Il est donc essentiel que les promoteurs de régimes comprennent les variations potentielles de risque et de performance au sein de produits offrant une même date cible.
Le temps, c’est de l’argent
En tout et pour tout, le promoteur qui analyse le type de fonds à date cible qu’il compte offrir à son personnel doit évaluer ses objectifs, en faire la promotion en contribuant financièrement, si possible, et réitérer l’importance de commencer à cotiser au régime dès que possible.
Il ne faut surtout pas oublier que, si les fonds à date cible visent à rendre l’investissement plus simple et sans tracas pour les investisseurs, rien ne peut remplacer l’épargne-retraite à long terme. Et c’est d’autant plus vrai si des incitatifs visant à encourager les personnes à cotiser le plus tôt possible sont mis en place.
Toutes les parties prenantes devraient partir du principe que le temps est l'un des éléments les plus puissants d’une stratégie de placement pour les participants et les participantes à un régime collectif d’épargne-retraite.